LA MUSE-AUX-VIOLETTES
A Renée Vivien,
in Memoriam,
C'était la Muse-aux-Violettes!...
Elle était blonde et toute frêle,
avec des yeux voilés d'extase,
et purs comme l'eau des fontaines;
elle avait des lèvres fluettes
qui frémissaient au vent du soir
et des cheveux qui palpitaient
comme les fleurs d'un reposoir
Son col blanc avait la blancheur
sinueuse du col des cygnes,
et, sous les voiles aux plis d'ombre,
sous la grâce pure des lignes,
battait son coeur,
battait son coeur surnaturel.
Elle avait dans ses mains fidèles
une gerbe de violettes:
elle était blonde et pâle, avec
un col de cygne et des yeux sombres.
Parmi les voiles aux longs plis
harmonieux et tristes,
scintillait une chaîne d'or
incrustée d'améthystes...
Et cette figure apparue,
comme aux fresques des primitifs,
dans un décor d'automne,
évoquait les vierges mystiques
parmi l'encens et la musique.
Première partie d'un poème dédié à la mémoire de Renée Vivien.
Keit ha ma vezo buez ennou, va c'houn a vezo evit va bro ...
(J-F Le Gonidec - 1838 - ("Tant qu'il y aura en moi un souffle de vie, mon souvenir sera pour mon pays".)