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Critiques de Capucine Johannin (58)
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Nino dans la nuit

Nino Paradis a vingt ans, sans argent ni aucune perspective de vie, mais une furieuse envie de dépasser cet horizon bouché, quitte à se fracasser contre les parois de la nuit. Se perdre dans les ténèbres lui permettra-t-il de retrouver le chemin de la lumière ? de sa prose ardente, ce roman illumine le crépuscule d'un nouveau jour. Un roman incandescent.



Ça commence par un engagement militaire dans la Légion étrangère, « l'armée en pire ». C’est une volonté empreinte de désespoir qui l'a poussée à venir « gueuler en coeur » parmi « un concentré de galériens, prêts à crever canon en avant pour un smic ». Mais il n'aura pas le temps de marcher au rythme du Boudin : recalé, car complètement camé. « C'est le destin de ce monde que de rattraper ceux qui fuient trop vite ».



« Retour à la case merdier », car il faut bien continuer d'avancer. Et s'il ne peut plus verser son sang pour la France, il se contentera de donner son corps dans des petits boulots précaires et mal payés. Son père le croit étudiant, alors qu'il crève de manque d'argent. Et le peu qu'il gagne, autant le dépenser à s'oublier. Nino Paradis, son nom pourrait être un gag, pour l'instant il le justifiera dans des plaisirs artificiels : la weed pour voyager, des canettes pas chères avec des gros 8 dessus pour décoller, la coke, la kétamine et toutes les lettres de l'alphabet sur des comprimés pour s'envoler. Fuir, oublier « la brume dégueulasse dans laquelle s'enfonce l'avenir », quitte à « sombrer dans un monde où tout est possible et qui fera demain encore un réveil triste ».



La nuit l'emporte, elle l'envahit. Défoncé des cinq sens, ses tympans pressurés par des musiques assourdissantes, à force de trop tirer sur le joint, « la queue du diable », il n'aura pas de second tour gratuit pour le paradis et risquerait bien de se faire appeler Nino Enfer.



Du fond de la nuit, brille encore une lumière.

Les souvenirs de sa peau l’aident à tenir. Elle s’appelle Lale. Elle revient dans sa vie comme un messie. Ensemble, ils pourront retrouver le chemin du jour et « baiser la nuit ». À corps unis, l’espoir surgit. C’est pour elle qu’il volera, pour elle qu’il vivra. Lale est son phare, son seul espoir.



« Je cherche le bout du départ pour nous dérouler la grande vie, te tailler des tangas dans le tapis rouge et plus jamais suer à courir après ce qu'il faut pour passer d'un jour à l'autre. Je sais pas comment faire, alors je sors guetter, brancher la vigilance dans la rue pour voir si des fois de l'or sortirait pas de ses trous. »



C’est une déclaration d’amour avec les mots qui lui restent. De leur prose étincelante, Capucine et Simon Johannin feraient lever le soleil dans la nuit la plus noire. Après L’Été des charognes de ce même Simon, on suit avec plaisir et émotion le destin de Nino l’écorché. Tour à tour poétique ou brute, sa langue fait briller en nous tous les espoirs assombris.



Nino dans la nuit, Nino dans le jour, Nino pour la vie. Une étoile polaire d’une vivacité et d’une vitalité éblouissante !



Retrouvez ma chronique sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/Nino-da..
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Nino dans la nuit

Capucine et Simon Johannin figurent parmi les révélations de cette rentrée 2019. Ensemble, ils ont écrit ce roman qui nous entraîne sur les pas d’un couple de jeunes vivant à la marge, essayant de sortir des galères qui font leur quotidien.



L’histoire de Nino est à ranger parmi les révélations de cette rentrée littéraire de 2019, à la fois par l’originalité de la langue et par sa conception, écrit en duo par Capucine et Simon Johannin Tous deux ayant déjà fait leurs armes en littérature auparavant. Mais avant de parler de ce jeune duo prometteur, revenons au scénario de ce roman qui commence très fort.

Nous sommes dans un centre de recrutement de la légion. Nino vient tenter l’aventure, même s’il n’a pas précisément le profil du candidat idéal. On apprendra plus tard qu’il s’agit pour lui de fuir une nouvelle galère, après avoir refait le portrait d’un homme qui entendait profiter de l’état semi-comateux d’une jeune fille pour la violer. Mais malgré sa docilité et son souci de ne pas se faire spécialement remarquer, il va finir par se trouver à nouveau dans la rue et dans la dèche.

« je fais le tour de l’appartement pour voir s’il reste des trucs que je pourrais vendre. J’ai les outils trouvés avant de partir au fort de la Légion, une perceuse, une disqueuse et des tournevis. Je vais garder les tournevis et je vais vendre le reste, ça fera quelques billets. Mais je vais pas tenir longtemps avec ce genre de magouille. Il faut que je trouve un travail, un truc valable avec un salaire, des heures, quelque chose de normal.»

De galère en galère, on le retrouve parmi ces anonymes à la quête d’un moyen de subsistance et qui se font exploiter pour dix euros de l’heure à la condition qu’ils ferment leur gueule: «Je transite sans encombre dans la masse de tous ceux qui sont debout avant l’heure de leur corps, et ça se lit sur les visages. J’ai autour de moi la preuve que le meilleur moyen d’attraper une sale gueule c’est de se lever tous les jours trop tôt pour aller bosser. Ça craint. Plus personne se tient droit…»

Son coin de ciel bleu s’appelle Lale. Arrivée de Turquie chez son oncle en France, à l’instigation de sa mère, la jeune fille a pris la fuite après avoir été battue par ce dernier et trouver refuge chez Nino. Deux solitudes, deux «misérables» qui essaient tant bien que mal de conjurer le sort.

«Je sais que tu m’aimes. Ce que je sais pas c’est vers quoi on va tous les deux. Comment ça va se passer, avec quoi on va vivre. Toi non plus t’en sais rien, mais pour l’instant c’est la nuit, alors on le fait. Parce que ça fait longtemps, parce que baiser nous permet de pas trop penser au reste, parce qu’ici on est que nous la peau dans la peau.»

Entre petits arrangements et gros ennuis, entre trafics illicites et alcools forts, ils tentent de sortir la tête de l’eau. Ou de s’enfoncer dans les paradis artificiels. Des barres de shit, on passe à la poudre, du joyeux délire à la nuit la plus noire. Au pays de la défonce, il n’y a guère de lendemains qui chantent.

«Je tremble comme un putain de camé et tout en moi me dit plus jamais ça mais je sais déjà que c’est pas vrai, qu’un jour ou l’autre je vais me jeter sur le délicieux croche-patte qui me fera retomber au pays des gogoles.»

Cependant les auteurs ouvrent la porte vers une solution. Nino est invité à participer à un casting, à gagner en un jour davantage que durant toute une année… «C’est fini de patauger dans la boue pour lever les perdrix, quelqu’un a un jour vu que ma tête à moi qui sort d’un costume chic pouvait servir à vendre sur toute la planète ledit costume. Je suis passé de la chasse dans la brume au concours de belles bêtes, et putain c’est tant mieux.» Mais on le sait, une hirondelle ne fait pas le printemps.

Nés en 1991 et 1993, Capucine et Simon Johannin ont trouvé la langue qui sied à leur personnages. Ils rendent à merveille les ambiances et le vécu de cette jeunesse qui reste à la marge malgré des efforts monstrueux, de cette vie qui joue les montagnes russes. Beau dans la violence, saisissant dans la souffrance, étouffant dans la noirceur.


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Nino dans la nuit

Aussitôt terminé, aussitôt chroniqué, à chaud. Car c'est un roman de l'urgence, du présent et des lendemains qui ne chantent pas.



Dans cette histoire, dans leur histoire, ils sont deux, Nino et Lale, à qui s'ajoute une bonne poignée d'amis. Ils ont la vingtaine, sont beaux, habitent Paris et s'aiment énormément, au moins autant qu'ils sont pauvres.



On suit la galère du couple pour survivre dans cette capitale grise où il ne fait pas bon vivre des minima sociaux. Après un très bref passage par la légion étrangère qui nous vaut un premier chapitre mémorable et des petites magouilles, le jeune homme enchaîne les tafs inintéressants et sous-payés de la France qui se lève tôt, lui qui pourtant est un fêtard couche-tard.



Les journées à peine terminées laissent place à des nuits d'excès qui ne se terminent qu'au petit matin. La fête de trop, celle qui fait oublier qui l'on est. Nino et Lale se défoulent, s'abrutissent de produits en tout genre, cocaïne, amphet, alcool... Un exutoire à un quotidien sans charme et terne.



C'est dur, mais il y a beaucoup d'humanité, de très bons copains et une belle solidarité. Les dialogues sont incisifs, réalistes et souvent drôles et les deux amoureux le restent, amoureux, malgré les obstacles.



Une prose lumineuse qui abreuve de clarté et réchauffe la misère la plus crue. Et un amour fou, tristement ancré dans le réel, mais pourtant tellement sincère ! On est avec eux, dans leur piaule, dans la chaleur de leur corps et c'est touchant.



Ultra contemporain, sensuel et d'une poésie rare, «Nino dans la nuit» nous embarque pour une très très bonne expérience littéraire ! Car oui, c'est un roman qui se vit, plus qu'il ne se raconte. Capucine et Simon Johannin sont deux jeunes auteurs talentueux, à la plume originale.



J'attends vos retours sur ce roman ou d'autres écrits du couple !



Je pense m'offrir «l'été des charognes» de Simon Johannin pour la rentrée 🤗



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Nino dans la nuit

Un roman très contemporain d’une jeunesse vivant en marge, l’engrenage des petits boulots précaires, mal payés, parfois non déclarés, et pour oublier un peu, les soirées de fête, l’alcool, les amis , l’herbe, les pilules diverses. Pas la vie rêvée, et pourtant c’est celle de Nino 19 ans et de sa copine Lale.

Un roman coup de poing, un uppercut !!! Tout semble presque inimaginable et pourtant c’est leur vie, le désenchantement y règne mais aussi l’amour, on aimerait croire que cette vie soit uniquement une fiction mais hélas !!!

Je reconnais que le langage est adapté aux personnages mais pas au mien mais il faut savoir s’adapter pour y goûter une certaine saveur car l’histoire est intéressante, c’est une critique de notre société d’une grande vitalité.

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Nino dans la nuit

Je suis sorti des sentiers battus et de ma zone de confort avec cet ouvrage. Mais je ne le regrette pas.

C'est un roman noir, crasseux, poignants aussi à l'atmosphère désenchantée. On est ici avec un jeune, très jeune couple, Nino et Lale qui vont de galère en galère pour s'en sortir. Ils sont livrés à eux-mêmes, abandonnés par des parents absents pour tout un tas de raison . Ils vivent d'expédients : alcool,drogue et de débrouilles pour s'en sortir tant bien que mal. Ils poussent leurs limites au maximum pour s'évader d'un quotidien noir, qui les laisse sans répits. Seuls, leurs quelques amis sont des branches solides auxquelles ils peuvent se raccrocher pour éviter la chute inexorable.

La plume est très belle : poétique, immersive, sans fioriture. Elle permet de créer une atmosphère très prenante, bouleversante. On s'immerge dans ce récit, on s'attache très vite aux personnages, on a envie de les aider et on n'en ressort pas complètement indemne. Certains passages sont durs, très durs.

J'ai beaucoup aimé cette lecture. Seule la fin me laisse sur ma faim, j'attendais des réponses que je n'ai pas eu. C'est un livre qui mérite d'être lu, mais il faut avoir la pêche avant de l'ouvrir sinon on peut sombrer ....
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Nino dans la nuit

Claque littéraire, uppercut émotionnel.



On suit le quotidien de misère de deux jeunes amoureux fous enchaînant les boulots de merde. On danse avec Nino défoncé sous les stroboscopes, les yeux en mydriase. On rit avec son pote gay Malik, fêtard et généreux. On s'inquiète pour Lale quand elle est triste et on dort dans la chaleur de ses bras. On vit d'amour et de shit, pour maintenir quelques heures l'illusion du bonheur. On espère que le monde de demain sera moins pourri que celui d'aujourd'hui.



Critique sociale mais surtout hymne à l'amour fou, Nino dans la nuit est porté par une écriture flamboyante et poétique. A maintes reprises au cours de ma lecture, je me suis arrêtée pour relire la dernière phrase lue, la faire éclater dans ma tête, et en apprécier toute la force et la beauté.



J'ai quitté Nino le coeur serré mais les yeux grands ouverts dans la nuit.



2019 commence fort, je cours chez mon libraire me procurer L'été des charognes.
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Nino dans la nuit

Révélation de la rentrée littéraire 2019, le roman "Nino dans la nuit" de Simon Johannin aborde les thèmes de la jeunesse, de la marginalité, de la violence avec l’inaltérable question de la quête de sens.

Un roman sombre, sans concession, qui décrit la vie de jeunes marginaux dans des environnements défavorisés d’une banlieue française, dans un monde de violence et de précarité.

Dans une langue crue qui transcrit la complexité des personnalités des personnages et leur désespoir.

Une langue qui saisit.

Une œuvre qui secoue et invite à la réflexion, en écho à l’actualité.Où et comment trouver sa place ? Qu’est-ce qui pousse à la délinquance ?

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Nino dans la nuit

Le roman de Simon et Capucine Johannin nous raconte l'histoire de Nino Paradis, 19 ans, qui après avoir été recalé aux tests d'aptitude pour s'engager dans la légion part pour Paris puis retrouve son amoureuse Lale. Ensemble ils vivent dans un appartement miteux et subsistent de petits boulots au noir, de débrouille et de combines illégales. Tout au long de ce roman c'est Nino le narrateur qui s'adresse directement à son amoureuse Lela, ici pas de grandes tournures littéraires, les dialogues sont familiers et percutants non sans une certaine pointe d'ironie qui est présente tout au long du roman. Avec sa prose railleuse Nino nous fait donc part de ses doutes, de son mal-être dans une société où tout n'est que conformisme, il trompe son ennui dans les fêtes, l'alcool et la drogue... J'ai aimé ce roman c'est aussi une belle histoire d'amour car l'amour Nino en a à revendre que ce soit pour Lale ou son meilleur ami Malik et c'est ce qui lui permet de tenir le coup justement. Les 2 auteurs nous offrent une vision très juste de la jeunesse actuelle, jeunesse pleine de désillusions, avec ou sans diplômes, le parcours du combattant pour se faire embaucher... Seul bémol pour moi : la fin du roman qui m'a un petit peu surprise, je m'attendais à autre chose.

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Nino dans la nuit

J'ai retenu ce livre lors d'un café littéraire. Il va falloir que je recherche mes notes car j'ai plus détesté qu'aimé.

Le style est bien, plusieurs tournures et citations à retenir. Deux étoiles pour la forme.

Mais le fond c'est tout ce que je déteste. Ce jeune Nino qui se pense différent des autres, qui préfère brûler la vie par les deux bouts pour surtout ne pas être comme les autres. L'argent facile, l'argent de la corruption, du crime, du délit... Je ne suis attendrie par aucun des personnages. Ils se valent tous à se croire immortel chacun se brûle les ailes.
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Nino dans la nuit

Ne vous fiez pas au premier chapitre. Il est sec, nerveux, percutant, magnifique. Ensuite l’histoire tourne en rond de galère en galère, de drogue en drogue – de la misère urbaine complaisamment décrite déjà lue des dizaines de fois, et l’écriture, qui fait mouche dans une phrase sur deux seulement, l’autre étant balourde ou incompréhensible, ne suffit pas à faire tenir le récit. Dommage.
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Nino dans la nuit

Un coup de tête et un coup de cœur !



Ce roman écrit à quatre mains est différent, nouveau et porté par une écriture unique, sublime. Tout est noir et lumineux, cruel et tendre, désenchanté et si plein d’espoir ! Baladé dans une vie qui n’offre aucune promesse, Nino pourrait être un paumé ordinaire : il est d’une poésie incroyable, de celle qui sublime l’abominable, rit de son malheur et demain, on verra.



On ne ressort pas indemne de cette lecture, d’abord à raison de la cruauté sociale que porte le récit. La vie dure, la démerde, les boulots ingrats et précaires, les deals dangereux en dernier recours. Ce Paris que l’on cache, ce Paris que l’on cherche à ignorer. Le rythme fou de l’écriture, incisive, crue, directe renforce un sentiment de tornade.



Mais l’amour de Lale guérit tout, l’amitié de Malik offre joie et salut, et l’humour de Nino...



Alors qu’on entre dans Zola, qui aurait bouffé le fils de Virginie Despentes et Bret Easton Ellis, on ressort ému, chaviré par la tendresse de Nino et l’amour qui irradie chaque page de cette fable contemporaine, dure et lumineuse. Le pouvoir d’une poésie ciselée. « Mais sur le long terme, franchement à part s’aimer je vois vraiment pas ce qu’on peut faire. »
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Nino dans la nuit

Certains romans semblent taillés dans une couleur, et celui-ci est incontestablement drapé dans la grisaille d’un hiver rebrodée du noir étincelant des nuits. Il met en scène Nino, un gamin de vingt ans, en rupture de fac, qui tente de survivre entre petits boulots sans avenir et larcins en tous genres. Aux côtés de Nino, il y a Lale, son amoureuse, fugueuse qui a quitté le domicile de son oncle après une énième dispute. Chaque jour, il faut trouver l’argent nécessaire pour payer le loyer d’un logement sordide, pour manger et boire, s’éclater à coups de pétard, d’ectasy, de coke.

Le roman débute par la tentative de Nino de s’engager à la Légion étrangère. Entre humour au scalpel et lucidité ravageuse, le rythme est donné, un flow charriant toutes les pensées du jeune homme, un argot qui flingue sur fond de tendresse pour tous les laissés-pour-compte de l’humanité : sans papiers, clochards, proies des marchands de sommeil, précaires embauchés la nuit et rejetés dans les trains de banlieue à l’aube avec quelques billets arrachés à un employeur peu scrupuleux. Le duo d’auteurs travaille la langue avec une inventivité excitante, le récit de Nino brassant la fulgurance des sens et la violence explosive des situations.

On peut voir ce roman comme une exploration des marges, mais les aspirations de Nino relèvent tout autant du rêve petit-bourgeois – un mariage, une maison à la campagne et des framboisiers – que de la foire aux illusions : vivre en apnée le vertige de l’amour et des plaisirs. La pureté de Nino est dans l’amour porté à Lale, là encore emprisonné dans une symbolique romantique conventionnelle (l’anneau passé au doigt). Le rêve de la fusion des âmes échoue à dépasser l’imagerie du prince Charmant sauvant sa dulcinée, mais un prince défoncé à un peu tout.

Quelques réserves m’empêchent de considérer le livre comme une pleine réussite. La première concerne le personnage de Lale. Bien qu’elle soit au centre des préoccupations de Nino, elle n’est pas véritablement incarnée, à la différence de Malik, l’ami d’enfance, la bonne fée qui s’efforce de contrer le mauvais sort jeté sur les amoureux. Deuxième réserve, les comportements addictifs des protagonistes engendrent une certaine monotonie narrative : de défonce en délire, au bout d’un moment il ne se passe plus grand-chose. Enfin, la révolte de Nino n’a d’accents prolétariens que de façade, s’il refuse l’exploitation par le travail, il s’enchaîne à la débine avec une opiniâtreté surprenante.

Capucine et Simon Johannin ont cependant tracé avec éclat le portrait d’une génération engluée dans ses désirs de transgression et son rejet du conformisme social. Une danse au bord du volcan qui exigera son lot de sacrifices.
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Nino dans la nuit

Une critique dans Télérama m'avait donné envie de lire ce roman. Je l'ai abandonné au bout d'une cinquantaine de pages parce que je ne voyais pas trop où cela pouvait me mener et ce n'était sans doute pas la lecture du moment.

J'ai néanmoins bien aimé le début où Nino chercher à entrer dans la Légion étrangère et noue des relations avec quelques compagnons.

Mais sa vie marginale avec ses addictions et ses pratiques délinquantes pour survivre ne m'ont pas tellement accrochée par la suite.
Lien : http://toutzazimuth.eklablog..
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Nino dans la nuit

C'est là que l'on voit le talent d'un écrivain, en sachant nous captiver sur des sujets qui dans un autre contexte nous laisseraient complétement indifférents.

Nino nous embarque avec lui dans ses galères, ses errances, son amour, les fêtes, la défonce, les trafics. L'écriture audacieuse, percutante, crue, atypique mais belle nous emporte dans le tourbillon de sa vie.

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Nino dans la nuit

Nino dans la nuit c'est les galères d'un jeune de la périphérie qui cherche sa place dans un milieu hostile. Il enchaîne les expériences décevantes et les portes se ferment une à une, le laissant sans perspectives. La précarité semble toutefois supportable lorsqu'on y survit à deux : c'est Nino et Lale contre le monde. On vit en improvisant puisqu'il est impossible de prévoir. Et on peut même oublier son avenir incertain dans le présentisme des fêtes et leurs excès qui alimentent le sentiment d'exister pleinement. Alors, dans la noirceur des marges brillent les néons arc-en-ciel des existences en clair-obscur désillusionnées.

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Nino dans la nuit

Allez, je me lance pour une critique... Ceci est ma meilleure lecture de l'année 2020 (non ok, il reste encore 6 mois, mais honnêtement, la barre est mise vraiment haute).



Tout d'abord, je tiens à dire quelques mots sur l'objet livre. La couverture minimaliste, avec moi ça fonctionne toujours. Mais ce qu'on ne voit pas avec la photo seulement, c'est le toucher du bouquin. Il est très compact, comme un carnet, je suis plutôt fan. Ma première expérience avec les Editions Allia est on ne peut plus convaincante.



Venons en au contenu du roman... Je suis prête à parier nombre de bouquins de ma bibliothèque que vous allez tomber sous le charme de Nino. Ce tout jeune adulte qui survit comme il peut dans Paris et ses plans foireux. Mais qu'importe la laideur tout autour, tant qu'avec lui se trouve Lale, celle pour qui il est prêt à tout. Et Nino sera le plus amoureux des poètes, bien que ce soit uniquement dans sa tête. C'est ça qui est particulièrement beau : c'est que toute la beauté de sa personne est réservée au seul lecteur, ce lecteur qui a un droit de passage dans les pensées de Nino. Car Nino est certes un poète amoureux, mais surtout un type avec de grandes valeurs. Il ne cherche pas particulièrement à se montrer sous un beau jour aux yeux des autres, alors même qu'il agit toujours avec une grande générosité dans le silence. Je vous assure, Nino Paradis m'a fait rêver. Mais peut-être que les rêves ne sont jamais fait pour durer. On peut rester droit et malgré tout être contraint, justement par respect de ses valeurs, retourner dans l'ombre. Peut-être que le beau et la poésie ne peuvent aller autrement que de paire avec le tragique.



Je m'épanche davantage dans mon article de blog ci après, avec quelques sélection de citations (à défaut de pouvoir retranscrire l'entièreté du livre !)


Lien : https://adviennequelira.word..
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Nino dans la nuit

Quand je commence à trainer autant sur une lecture, que je lis des magazines ou des BD, c'est mauvais signe ! Signe que je m'ennuie, que ça tourne en rond, que ça ne me plait pas. Alors mieux vaut renoncer, abandonner.



Pourtant ça démarrait bien. le héros tente de s'engager dans la légion étrangère, on saura plus tard pour quelle raison. Les épreuves de sélection sont décrites d'une plume alerte et caustique, les autres postulants sont présentés finement. Mais les tests biologiques sont sans appel, le héros est recalé. Retour à la vie parisienne et à la galère. Une embauche dans un entrepôt, des conditions de travail d'un autre âge et hélas si actuelles, le propos est intéressant mais ça ne dure pas.



Ensuite, ce sont surtout les journées sans but, l'alcool, la drogue, les joints, les boîtes de nuit glauques et quelquefois, des éclairs de lumière lorsque le héros parle de celle qu'il aime, de celle qu'il ne veut pas perdre. Mais ça n'a pas suffi à me donner envie de continuer ce roman. Dommage !
Lien : http://ruedesiam.blogspot.co..
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Nino dans la nuit

Il est des romans qu’on aimerait oublier pour les redécouvrir : celui-ci en fait partie.

Ce livre, c’est un after infini. C’est un lendemain de soirée plein de fumée et d’adrénaline.

La plume est incandescente, aussi brute que poétique.

On se laisse envahir par la nuit et, putain, c’est orgasmique.
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Nino dans la nuit

La construction du livre n'est ni originale, ni très intéressante et elle ne sauve pas les personnages, trop caricaturaux pour être crédibles. Et de même que la construction est maladroite, le style est assez lourd. Pourtant, le livre confirme l'aisance à manier la noirceur et l'humour désabusé ainsi que la maîtrise des figures de style. Mais, en littérature, tout est question de dosage. Et c'est là l'un des problèmes de ce livre. Prenez les métaphores. Ici, elles s'enchaînent à outrance, jusqu'à saturation. À trop en abuser, la langue tourne à la démonstration tape-à-l’œil. Et devient agaçante.

L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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Nino dans la nuit

Le roman s’ouvre sur un stage de quelques jours, d’enrôlement de jeunes à la Légion Etrangère. Nino Paradis (20 ans) est parmi ces jeunes hommes majoritairement étrangers. Nino a trouvé cette seule issue, persuadé d’avoir tué un sale type qu’il a surpris en train de violer une copine complètement ivre et incapable de se défendre. Lui-même avait pris de nombreuses substances récréatives qui lui frisent le cerveau et l’ont incité à abuser de la violence. Heureusement pour lui, la dernière étape de sélection, l’analyse d’urine obligatoire, se trouve être positive à toutes les substances et il est viré sur l’heure. Il s’en retourne vers son amour, Lale, qu’il aime tant. Les deux amoureux vivent aux portes de Paris dans un appartement vétuste sans chauffage, promis à la démolition prochaine, pour lequel ils payent un loyer hebdomadaire exorbitant. Ils font l’un et l’autre des petits boulots harassants, humiliants et reçoivent des salaires qui leur permettent juste d’enrichir les requins des temps modernes ainsi que leurs différentes drogues qui censées leurs permettent de sublimer leur pauvreté. Nino a un ami d’enfance, un homo magnifique et déjanté, Malik qui est son seul appui dans sa nuit.

C’est un roman magnifique bien écrit, plein d’humanité et de poésie, foisonnant de personnages crédibles qui s’acharnent à vivre malgré la galère qui est la leur, avec une grande solidarité dans la précarité. Cette lecture m’a déstabilisée, je n’ai qu’une lointaine idée de la vie que nous avons faite aux générations qui nous suivent. Une nouvelle fois dans les livres que je découvre par hasard, c’est la prégnance des drogues dans la vie de ces jeunes. Pourtant, dans ce roman il émane une grande force de vie. Comment vont-ils s’en sortir ?
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