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Citations de Carl de Souza (24)


Maman n’aime pas qu’on s’attarde ici parce que cela gaspille l’électricité. Les quatre autres jeunes gens qui vivent chez nous sont couchés, mais elle n’ose restreindre Sid dont elle a été prévenue du potentiel académique. Elle s’en voudrait d’être responsable d’un improbable insuccès scolaire, le père Maxime lui a fait de longues recommandations en lui confiant son fils.
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Je ne savais pas que sa maigreur cachait tant de puissance, Manioula est trop forte pour moi. Ou c’est moi qui suis trop faible et blessée, j’ai beau lutter, la couvrir d’insultes, garce, salope, j’ai beau défendre Noémie, ma fille n’est pas une pute, ma fille n’est pas une pute, fourre-toi ça dans la tête, c’est toi, lâche-moi, t’as pas compris, retourne à ton hôtel de merde, je veux ma fille, je crie, je hurle.
J’ignorais qu’il y avait autant de volonté en elle, une fois près de l’hôtel elle appelle, d’autres accourent pour l’aider, ils m’entraînent jusqu’à la chambre, je veux aller à la fenêtre, Manioula et une autre ont vite fait de me jeter sur le lit et de m’y maintenir…
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« On ne peut se fier à un homme si l’on ne connaît pas la maison qu’il habite… »
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« Vous êtes venue remuer un passé douloureux, les choses se sont remises en place durant votre absence… Votre vie n’est pas ici, il vous faut aller de l’avant, regarder l’avenir… »
Elle l’a dit de son ton trop calme et pontifiant alors que je me débattais pour exister, pouvait-elle comprendre qu’il m’était impossible d’envisager un futur quelconque, que quelque part j’existais à cause d’elle, que je n’avais aucune chance de me retrouver, d’autant moins que William Wright était mort ?
Il est mort, je l’avais hurlé sans autre arrière-pensée que lui signifier que mon unique source de compréhension passait par elle.
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« Certains enfants ne sont pas doués – il faut avoir l’humilité d’accepter cette réalité et porter son attention sur les autres. En ce qui concerne celui-ci, il vous est vivement conseillé de lui chercher du travail – ils embauchent à tour de bras à la police ces jours-ci, attendez quelques mois qu’il grandisse un peu, il aura atteint la taille réglementaire, il ne lui manque que quelques dixièmes de pouce… Estimez-vous heureux qu’il ait au moins son certificat d’études primaires. D’autres sont bien moins lotis que vous. Personne ne pourra vous reprocher de n’avoir pas fait votre devoir. »
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Cela pouvait arriver qu’un chien s’égare et qu’on passe les jours suivants à le chercher. On le retrouvait, hagard, langue pendante, assoiffé et quelquefois blessé par les ronces. De même, après avoir parcouru en long et en large les champs toute la nuit à la lueur des lampes-tempêtes, crié son nom jusqu’à en perdre la voix, mobilisé tous les laboureurs des environs et même averti la police, on découvrit Hans, à des milles de l’endroit où avait eu lieu la chasse, errant depuis la veille.
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L’île devenait anglaise mais, comme tous les habitants, les Rozell continuèrent de parler français même si la langue créole prenait souvent le dessus. Avec les ouvriers, les laboureurs, les gens de maison, mais aussi par pur plaisir : c’était la langue des blagues et de l’amour de la terre, c’était la langue de la connivence. À l’école, Hans apprenait ses leçons en anglais, chantait chaque matin God Save the King, se faisait remonter les bretelles en français par la maîtresse, chahutait avec ses camarades en créole.
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Lors des manœuvres, les camarades faisant office de révoltés reculent, comme aujourd’hui certains des manifestants qui, prudemment, se retirent sans toutefois s’éclipser, scandant de plus belle leurs slogans.
Sauf une femme. Elle n’a pas bougé du centre de la piste. Poings serrés et regard lourd de réprobation, immobile, elle ne dit mot, mais sa hargne contre l’escouade qui approche émane d’elle comme une lave brûlante. Sur ses épaules un horni d’une teinte indéfinissable – l’écharpe indienne est passée du soleil des champs à l’eau de la source, du terreau ferrugineux aux teintures de la fête de Holi qu’ils se jettent les uns sur les autres. Ses cheveux sont tirés en arrière en un chignon luisant de l’huile de coco qui protège des maux de tête quand le soleil darde sur la plantation.
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M Daronville se sent soudain fatigué. Il n'a pas envie de poursuivre l'entretien. Ce qui se passe ? Le Chinois a outrepassé ses droits, c'est tout ! Et même s'il meurt d'envie de le faire payer, M Daronville, qui a rejoint le jeune homme à la fenêtre, ne parlera pas du port et des navires confisqués. Il s'est résigné à vivre coincé entre l'immense paroi de béton non crépi -Lam Chok Wen ne s'en est pas donné la peine - et une montagne décidée à leur jouer des tours. Non, il en a déjà trop dit. Il ne livrera pas ce qui est condamné à rester un souvenir, se refusera de dévoiler l'intimité perdue du port.
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On ne parla plus d'éboulis et d'effondrements. Les fissures se ressoudèrent, les crevasses se cicatrisèrent. Le temps se mit au pas de promenade... Port-Louis, marche-marchant, retrouva la délicieuse paresse de toute la colonie La Motte, l'apaisement des photos sépia. Comme sortant de la torpeur d'un long embouteillage, les tractions noires remontèrent à nouveau la rue de la Citerne après la messe de dix heures ; les fillettes aux nattes brunes et en robes longues réapparurent au boulevard Edouard-VII, sautillèrent dans les allées de gravier en se chuchotant des secrets. Les gamins reprirent leur poursuite sauvage entre les massifs de pétréas et les arceaux de bougainvillées.
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"Li fine allé ?" Rosa hasardait enfin sa petite tête de souris par l'entrebâillement de la porte de la chambre. Elle aurait quand même pu avoir la bonne manière de venir dire bonjour ! Dire bonjour à des "genses" qui veulent vendre leur maison parce qu'elle marche toute seule ? Haffenjee se ferait toujours posséder !
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Peut-être que s'il avait été davantage à l'écoute, s'était tenu coi sous sa pirogue, n'avait été tenté d'affronter quiconque, ou même s'y était simplement rendu pour des femmes comme les grands de la classe, rien ne se serait passé.
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Une part de moi séchait, un désert me rongeait, me vidait de ceux qui m'étaient proches.
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Tu n'es pas comme tout le monde, toi.
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Albion Hall se faisait le théâtre d'un duel où se devait de défendre non pas sa compétence mais une manière d'être.
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Je me débattis : « Lâche-moi, connard ! Je veux parler à ma mère ! »
Celle-là, je ne l'avais pas encore faite à Solomon : « Ta mère ! » Le gêner dans son travail jusqu'à ce qu'il m'éconduise des environs du P.-B. Health Club quand je devenais trop visible était routinier, il me lavait de force et une fois, même, il m'avait contraint à une cure de désintoxication. Solomon fermait l'oeil sur l'argent que je lui volais pour me procurer de la dope, donnait même des instructions à des subalternes pour m'en fournir. 
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L'énergie des joueurs asiatiques alimentaient tous les fantasmes. On évoquait certains régimes alimentaires des plus étranges : miel, soja, ginseng, poudre d'os d'animaux rares, humeurs recueillies dans des fioles minuscules, sans compter les masses de fonte qu'ils devaient soulever chaque semaine et les heures de footing par tous les temps – si ça ne finissait pas par des vomissements, ça ne valait pas. Des ensorceleurs leurs donnaient des amulettes dont ils ne se séparaient jamais.
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Je me suis retrouvé dans une chambre obscure où je me serais perdu sans cette voix que je reconnaissais parce qu'elle s'était faite fluette à nouveau, elle m'a entraîné vers un lit. Je n'étais pas plus adroit ici que dans la voiture, je l'ai laissée faire, apaisé dans la pénombre, mon sexe engorgé me faisait toujours mal, mais je voulais être digne d'elle et devais lutter, non pas pour avoir le dessus cette fois mais, au contraire, pour me laisser posséder. J'ai explosé, elle criait, s'oubliant, m'oubliant un instant, un court instant durant lequel elle s'est consacrée à son plaisir. Je ne distinguais que sa bouche ouverte sur ses dents blanches, je sentais la chevelure qui s'était dénouée, les seins lourds auxquels j'accédais enfin.
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Nous étions franchement retournés l'un contre l'autre, je l'embrassais, les aspérités et exiguïté du véhicule nous forçaient à des mouvements heurtés. Je m'empêtrais dans le sari, elle riait doucement, son corps retrouvait des émois oubliés, plus que son parfum qui saturait la poche d'air dont nous disposions tandis qu'elle se donnait à moi, sa voix prenait le dessus, une voix un peu tremblante et haut perchée de petite fille, inconciliable avec l'assurance qu'elle affichait quand elle s'occupait de tout. « Darling boy, darling boy », soufflait-elle en se livrant à ma maladresse, je me laissais porter par sa douceur, moi qu'elle avait ramassé comme un débris d'un temps révolu où, de pays en pays, les gens étaient chez eux.
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C'est l'odeur qui déclenche ma colère, l'odeur un peu rancie que je perçois maintenant. Le plancher a retenu la sueur des années. Les murs, de la salle principale jusqu'aux vestiaires, témoignent de l'effort physique, sont empreints de l'odeur des corps ayant repoussé leurs limites, corps exténués, corps meurtris. Une odeur qui n'a rien à voir avec la victoire, et qui émane de tous, gagnants et perdants.
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