Je projetai dans le futur ce grumeau d’irritation, cette cellule infinitésimale de querelle conjugale. Se multiplierait-elle monstrueusement jusqu’à nous rendre impossible la vie à deux ? Je m’efforçai de me figurer des repas hargneux, des dîners de monosyllabes, de petites toux. Et peut-être la chenille venimeuse de la rancœur qui remonte la mémoire par gibbeuse saccades reviendrait-elle jusqu’ici pour ensuite nous jeter au visage : déjà cette première fois, à Venise, j’aurais dû comprendre que tu es, que tu n’es pas, que tu as, que tu n’as pas… Et l’amour pulvérisé, une antique tombe pillée par les voleurs.