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Citation de Andromeda06


L'élastique de la cagoule me compressait le crâne, me sciait à petit feu, une douleur lancinante, insupportable ; des larmes coulaient toutes seules la nuit, ou le jour, je ne savais plus, le temps s'était dissous, pendu, une vie morte – la folie qui bientôt ne rôde plus mais rampe, guette, à l'affût de la moindre défaillance, pour m'emporter comme un mouton dans ses serres. Je sentais la présence des autres détenus à travers les murs, comme moi dépossédés de leur nom, de leurs droits, devenus de simples matricules qu'on tourmentait à volonté, l'univers abstrait des questions où la soumission valait la survie, le ragoût immonde qu'on nous servait, les terreurs nocturnes quand on nous réveillait à l'improviste pour nous battre, cravache, bâtons, fouet, prises de karaté, la technique du sous- marin, pendus par les pieds avec un linge sur le visage et précipités dans une baignoire remplie d'eau glacée : le choc, l'asphyxie, la douleur de l'eau dans les poumons, une mort par étouffement. Des médecins étaient chargés de ramener le noyé à la vie, pour mieux recommencer, une fois, dix fois, des morts à répétition, et puis les chiens d'attaque dressés pour tuer qu'on lâchait sur de pauvres bougres à qui ne restaient que les os, mes voisins que je découvrais quand on nous sortait des cellules pour les tabassages collectifs, les brûlures de cigarette, l'eau bouillante, le fer rouge, on coupait, balafrait, tailladait, écorchait vif, les nouvelles arrivantes à qui on donnait le choix entre la gégène ou le viol collectif, les vexations sadiques, systématiques, assis par terre sans avoir le droit de s'adosser au mur de la cellule, du lever six heures au coucher vingt heures, quatorze heures à tenir dans cette position, ceux qui tombaient étaient battus, ceux qui parlaient étaient battus, ceux qui tournaient la tête étaient battus, et puis les détenus qu'on obligeait à se bagarrer sans retirer leur cagoule, cet ouvrier, matricule 412, qu'on avait littéralement oublié dans sa cellule, victime d'un problème administratif, et qui était mort de soif et d'épuisement, les humiliations raffinées, les coups encore, gratuits, la même routine qu'on infligeait pour nous punir d'être nés les cheveux longs, de porter des lunettes, de sortir en boîte de nuit...
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