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Critiques de Cécile Vargaftig (12)
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En URSS avec Gide

Cécile Vargaftig, dont le père Bernard a été membre du Parti communiste français pendant une trentaine d’années, s’est arrêtée sur quelques dates choisies pour évoquer l’idéal que représentait la nouvelle Union des républiques socialistes soviétiques aux yeux de certains intellectuels occidentaux. L’un d’entre eux, André Gide, s’y est d’ailleurs rendu, invité par le gouvernement de Staline, et c’est ce voyage d’intérêt, imaginé et fouillé par l’autrice, que l’on refait en compagnie des écrivains faisant partie de la délégation française. Du 16 juin au 23 août 1936, Gide et ses amis sont sur le terrain, observent, tout en se sachant eux-mêmes observés, et de retour en France, expriment leur désenchantement sur ce qu’ils ont vu, recueillant au passage indignation et menaces de ceux qui y croient encore et toujours et refusent de se confronter à la réalité : « Le communisme non seulement comme illusion, mais encore comme moyen de conserver ses illusions. »

Gide en URSS convoque également les souvenirs de Cécile Vargaftig et sa relation parfois conflictuelle avec son père. L’ouvrage, en plus de ressusciter le milieu littéraire français de l’époque d’avant-guerre, m’a fait redécouvrir un écrivain célèbre que je croyais ennuyeux et dont je n’ai malheureusement jamais lu l’œuvre. Une lacune que je me dois donc de combler après cette lecture originale et toute personnelle de Cécile Vargaftig.



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En URSS avec Gide

Dans un récit singulier : « En URSS avec Gide, Mon journal » Cécile Vargaftig nous immerge d’emblée, dans un va et vient subtil entre ses questionnements au présent, et les passés qui ont marqué son histoire familiale, à travers la figure de son père, poète et communiste.

Bernard Vargaftig est mort en 2012, mais c’est bien à lui qu’elle s’adresse d’abord, dans une ultime tentative de percer le mystère de cet écart, qui les a tenus à distance si longtemps elle et lui, elle tournant le dos aux jeunesses communistes et au parti, lui y restant fidèle jusqu’au bout. Pour prendre la mesure de cette distance, elle choisit d’interroger ce que le vingtième siècle a porté de débats autour de l’URSS, fille de la révolution bolchévique. C’est tout naturellement sur les années trente, antichambre du 2ème conflit mondial, qu’elle choisit de porter le regard. Les jeux pourtant y sont déjà fait, depuis 1924, Staline a fait valoir que la révolution désormais serait enfermée dans un seul pays. L’URSS depuis, n’a plus rien à prouver pour les lendemains qui chantent. Elle choisit la voie d’un conservatisme borné et autoritaire mais reste pourtant un enjeu et un rêve dans les luttes en cours en Europe, et elles sont nombreuses, au lendemain de la crise économique et à l’heure de la montée des fascismes. En France, le symbole et l’espoir qu’elle représente, constituent des enjeux forts, le mouvement ouvrier s’en empare, les luttes politiques s’en nourrissent. L’implication des intellectuels dans ces débats n’est donc pas une surprise. Cécile Vargaftig démarre les pages de son journal en 1934, année de naissance de son père, année du 06 février, cristallisation d’un autre avenir possible, le front populaire est bientôt en marche. Pas étonnant dans ce contexte, cette envie des intellectuels français d’aller voir du côté de Moscou, attirance-répulsion, la méfiance n’est pas absente, il suffit de l’insistance de l’URSS à soigner son image pour que se prépare le voyage de Gide. L’un des mérites du récit est de nous plonger dans ce milieu éclairé et brillant des intellectuels parisiens, divisés déjà dans leur regard sur la révolution et ses suites. Ceux qui ont nourri les références culturelles de son père, prennent vie au fil des pages, de Breton à Aragon, en passant bien sûr par André Gide et ses proches. Au-delà de la figure de Gide bien connue, on lira avec intérêt le portrait des proches de l’écrivain et celui de ses compagnons de voyage dans ce périple russe, c’est en effet un petit groupe qui participe au voyage, Cécile Vargaftig, rend hommage à chacun, (l’un d’eux ne reviendra pas du voyage), parmi eux elle s’attache tout particulièrement à Pierre Herbart.

Romancier, essayiste, communiste, il est une véritable figure de roman, engagé dans son siècle, parcourant le monde, des confins de l’Indochine à Madrid, il précède Gide en URSS et finit par le convaincre de refaire le voyage avec lui.

Cécile Vargaftig cite largement : propos, impressions, notes, que le voyage inspire à Gide et ses compagnons. La désillusion est rapide et sans appel. « Le bonheur de tous au détriment de chacun » pourra dire Gide, il développera cette formule choc dans son livre « Retour de l’URSS » que Pierre Herbart ira porter en Espagne pour le faire lire à Malraux. Gide confirmera ses propos dans « Retouches à mon retour » qu’il publiera en 1937, on peut y lire notamment : « Tôt ou tard, vos yeux s’ouvriront » … Le récit est ainsi un point d’interrogation sur cette question à laquelle son père ne semble pas avoir répondu, pourquoi n’a-t-il pas pu ou voulu voir ? Cécile Vargaftig interroge la vie de son père dans les méandres de l’histoire du 20ème siècle et les questions restées sans réponse. Elle se confronte à la folie de ses dernières années, et finit par éclairer les raisons de son apparent aveuglement. L’apaisement qu’elle apprivoise au fil de ses pages d’écriture, réussit à nourrir la curiosité du lecteur : à la fois sur un itinéraire de vie, mais aussi sur le bouillonnement du 20ème siècle. Elle termine son livre par ces propos :

« Aucun temps ne peut juger aucun autre temps »



Pour une autre approche critique de L'URSS, je rappelle "Vie et destin" de Vassili Grossman , repères et réflexions dans mon blog , références ci-joint!






Lien : https://weblirelavie.com
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En URSS avec Gide

Le livre que vient de publier chez Arthaud Cécile Vargaftig « En URSS avec Gide » est difficile à qualifier. Il porte en sous-titre : « Mon journal » et il est vrai que l’auteur mêle tout au long des pages l’évocation du voyage de Gide en URSS et l’analyse de sa propre vie et surtout des rapports qu’elle a entretenu avec son père, communiste et poète.



Ce qui m’a attiré vers ce livre et ce pourquoi je l’ai lu c’est évidemment parce que je voulais connaître davantage ce voyage que fit Gide en URSS et sur ce point je n’ai pas été déçu.



On suit de très prés l’évolution de Gide sur la question du communisme. ON sait qu’il a été fortement intéressé par la Révolution de 17 et qu’il a regardé avec intérêt les objectifs affichés de ce mouvement avec lequel il a « sympathisé ». Il a voulu croire et a cru à un meilleur possible. Il a fait confiance.



A partir de là les autorités soviétiques, Staline en tête, ont souhaité le faire venir en Russie et ont espéré que le « grand écrivain » (Gide jouissait d’une énorme audience) apporterait son concours et servirait la propagande du régime.



On suit dans le livre la préparation du voyage, on en apprend sur ceux, parmi les amis de Gide, qui feront le voyage avec lui : Pierre Herbart qui a l’initiative, Jef Last, Guilloux, Eugene Dabit. Georges Shiffrin, Elisabeth Van Rysselberghe qui est l’épouse de Pierre Herbart mais aussi la mère de la fille de Gide, Catherine.



Nous suivons les étapes de ce voyage qui commence mal par la mort à Moscou du poète Maxime Gorki (assassiné ?) puis la mort d’Eugène Dabit.



Très vite Gide se sent mal à l’aise, il perçoit la fausseté de ce voyage où ce qu’on lui montre ne correspond pas à la réalité qu’il découvre. Il est frappé par ce qu’il appelle la « dépersonnalisation », le culte de la personnalité poussé à l’extrême, la naissance d’une nouvelle classe. Il écrit : « ce que l’on demande à présent c’est l’acceptation, le conformisme » et le conformisme, il est vrai, ce n’est pas pour plaire à André Gide, l’homme libre !



L’ouvrage de Cécile Vargaftig met l’accent sur l’entourage homosexuel de Gide (à part Louis Guilloux et Joseph Shiffrin) dans un pays qui lutte contre cette « déviance ».



A son retour Gide écrira d’abord « Retour d’URSS » et très vite après pour répondre à ses nombreux détracteurs : « Retouches à mon retour d’URSS » et l’auteur cite cette phrase de Gide qui dit tout : « tôt ou tard, vos yeux s’ouvriront ;ils seront bien forcés de s’ouvrir. Alors vous vous demanderez, vous les honnêtes : comment avons-nous pu les maintenir fermés si longtemps. » Oui Gide a raison : comment ?




Lien : https://jpryf-actualitsvoyag..
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Les Nouveaux Nouveaux Mystères de Paris

"Et voilà, conclut Frédérique, il existe dans Paris une machine à remonter le temps. J'en ai l'intime conviction.



- Et elle est dans le onzième, ajoute Manuelle incrédule. Incroyable."







Ouaip! J'ajouterai même : dans un buffet Henri II...







Ce billet s'engage mal. Je reprends.







Bon, alors Cécile, l'auteur, écrit ou du moins essaie d'écrire Les nouveaux nouveaux mystères de Paris, a conçu un plan, mais connaît le vertige de la page blanche, ses personnages prennent parfois la main. Frédérique et Manuelle, donc, mais aussi d'autres, dont certains vont emprunter ce fameux buffet Henri II...







Je renonce à raconter l'histoire! Brindzingue et foutraque comme j'aime, ça c'est sûr, il suffit de suivre (sans difficulté d'ailleurs) le fil proposé par Cécile. Même si parfois les conversations entre Frédérique (le personnage) Cécile (l'auteur) sont conflictuelles jusqu'à la rupture. Dans ce cas, c'est Paquita qui reprend le flambeau. Paquita? Ah oui, j'avais oublié, il y a un chat. Qui parle. Le chat de Frédérique. Et quand celle-ci s'absente trop longtemps (c'est un personnage de roman, il y a du boulot à l'extérieur quand même) eh bien Cécile vient chez Frédérique changer la litière et refaire le niveau du bol à croquettes.







Cécile et Frédérique se chamaillent et mine de rien le livre s'écrit quasiment sous nos yeux. Cécile a commencé à écrire son livre le même jour (mais pas l'année, hein!) que Stendhal a démarré l'écriture de La chartreuse de Parme. Mais:







"Nous sommes donc le 28 décembre 2008 et il y a 170 ans, ça faisait deux jours que Stendhal avait terminé d'écrire la chartreuse de Parme. Félicitations mon vieux, t'es un rapide, mais bon, sans famille, sans téléphone, sans Internet, sans courses à faire au supermarché, et à mon avis avec domestiques, t'es vraiment avantagé.(...) Mais il faut dire que tu ne t'es pas engagé, par un tacite contrat avec le toi lecteur, à ne rien omettre de la fabrique du livre en train de s'écrire, sans oublier de l'écrire, bien sûr."







Au final, un roman d'aventures, pétillant, avec amour et suspense, où on s'amuse follement. Le lecteur, et, je crois, l'auteur et les personnages.







Juste un p'tit bémol, au sujet du voyage dans le temps à R. Un peu malaise quand même. Je sais, Cécile, page 161 vous répondez aux détracteurs imaginaires, mais ouais, bon.



Sinon, j'adore Paquita et les descriptions de l'animal, on sent le vécu. Dis-je, moi lectrice, étant assise actuellement avec mon chat endormi boulé sur moi, la tête coincée sous le clavier. Une question : quand je pars en vacances, vous pourriez venir vous en occuper?
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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En URSS avec Gide

Il est vrai que le titre évoque un livre d’histoire. Il l’est d’une certaine façon car il déroule les événements historiques du voyage de Gide en URSS en 1936 que Cécile Vargaftig a rassemblé après une enquête rigoureuse.

Ecrivant sous forme de journal, l’autrice raconte le voyage de Gide et, en contrepoint, sa propre histoire familiale. Car il existe un lien. Elle est la fille d’un poète communiste qui connut Aragon et son enfance a été enfermée dans le mensonge communiste. Celui-la même que Gide dévoila à son retour.

L’autrice mène une recherche personnelle que le voyage de Gide en 1936 lui permet d’éclairer. Avec une grande délicatesse, elle parle de ses propres blessures familiales, des dernières années de son père marquées par la maladie, de l’homosexualité.

Avec Gide en URSS est un livre sur les parents et les enfants. Lisez le pour cela car c’est un beau livre.

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En URSS avec Gide

Un livre assez fascinant sur les relations étranges entre littérature et politique, ou entre écrivains et le parti communiste, ou peut-être plus exactement entre un père poète et sa fille romancière. On y découvre les tenants et aboutissants de ce voyage en URSS qu'y fit Gide en 1938; un romancier courageux, provocateur, lucide devant cette machine à écraser. On y découvre des écrivains quasi inconnus ou passés à la trappe, Pierre Herbart, Eugène Dabit ou des portrait au vitriol de certains autres, comme Aragon, Guilloux . Et ce portrait étonnant de ce père poète, étrange, passé par toutes les vississitudes de ce 20 ième  siècle. Un très beau livre historique à la forme inventive et curieuse, une relecture de ces années 30 à 75 passionnante.
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En URSS avec Gide

Dans « En URSS avec Gide », Cécile Vargaftig reconstitue la fameuse odyssée de 1936 qui a fait couler tant d’encre, d’insultes, et probablement de larmes.
Lien : https://www.nouvelobs.com/cr..
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En URSS avec Gide

Un bonheur à lire, Cécile Vargaftig aborde des sujets variés que Gide, l'homosexualité masculine et féminine, l'URSS, la poésie, l'immigration ou l'hôpital psychiatrique. Elle donne un ton très personnel sans abandonner la précision historiquement des événements. Elle raconte le voyage de Gide en URSS, le chemin qui l'a mené à ce voyage et la désillusion face à la réalité soviétique, jusqu'au retour de ce voyage où Gide écrira Retour d'URSS. Écrit sous la forme d'un journal, elle nous livre une expédition intime, politique et littéraire. Comment ne pas avoir envie après cette lecture de dévorer tout Gide, Herbert ou les cahiers de la Petite Dame.
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Laisser frémir

Un roman de liberté, de frémissements lesbiens, plutôt bien écrit, avec des analyses de sentiments très classiques, mais au global pas de quoi frémir.
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Les Nouveaux Nouveaux Mystères de Paris

En général, un écrivain décide de tout dans ses romans. Pas Cécile Vargaftig qui demande poliment la permission à Frédérique, son personnage fétiche, avant de lui faire reprendre du service. Du coup, Fred fait sa capricieuse. Se retrouver sur le devant de la page ? Encore ? Ok pour cette fois. Mais elle veut de l’aventure, des voyages, du suspense… Pas une simple histoire de fesses, comme dans les épisodes précédents.



Car Cécile a une fâcheuse tendance à l’autofiction...
Lien : http://www.goodnightmary.fr/..
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Les Nouveaux Nouveaux Mystères de Paris

Alléché par le quatrième de couverture, j'ai été très déçu par ma lecture. Le récit n'accroche pas, on se lasse vite et on abandonne en cours de route. Rarement je me suis autant ennuyé et pour la première fois je n'ai pas dépassé la première page.
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Ma nuit d'octobre : D?après Jacques le fatali..

Cela sautille, cela bouge, cela émeut. Et cela donne à penser, continûment. Car Cécile Vargaftig en même temps analyse le texte de Diderot et s’avance dans un récit qui en constituerait une façon de réplique, « sans histoire, sans intrigue, sans dénouement… ». En une véritable leçon de littérature in vivo.
Lien : http://www.humanite.fr/cultu..
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