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Critiques de Chantal Jègues-Wolkiewiez (2)
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Etoiles dans la nuit des temps

L'ouvrage n'est pas à proprement parler une initiation à l'archéoastronomie (on lui préférera Géométrie céleste : Comprendre la signification astronomique des sites anciens de Ken Taylor). Il s'agit ici de regrouper les contributions de divers spécialistes sur le sujet qui précisent tel ou tel point de leur recherche. La lecture pour celui qui débute dans le sujet n'est pas forcément aisée, l'ouvrage étant pauvre en graphique, et il implique de maitriser les termes de l'astronomie afin de pouvoir transposer dans une représentation de la voute céleste ce qui est décrit.

Il est composé de deux parties : les analyses portant sur des traces d'observations célestes dans les civilisations d'avant l'écriture (préhistoire et civilisation celte), ou dans des civilisations utilisant l'écriture (Babylone, Chine, Samarkand, Inde).

Cela posé, le recueil de Yves Vadé n'en est pas moins passionnant (quoique forcément inégal) et chacune piochera dans les contributions ou lira en intégralité dans le sens chronologique du sommaire.
Lien : https://leslecturesdecyril.b..
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Lascaux et le ciel de la préhistoire

Chantal Jègues-Wolkiewiez a “les pieds bien sur la terre et la tête levée vers les étoiles” !

Dans cet essai parfois ardu à la lecture pour un néophyte, en vocabulaire et calculs d'astronomie, le faisceau d'indices développé pour orienter vers une perception novatrice de l'art pariétal en nos contrées est assez époustouflant !

Quel regard “visionnaire” ! Ne craignons pas d'employer ici un terme galvaudé de nos jours, car il s'agit bien en effet, dans la mesure où ses travaux aboutiront tôt ou tard à la reconnaissance scientifique (frileuse et réticente, voire hostile, pour l'heure), d'une découverte majeure, “révolutionnaire”, qui induira un tout autre regard sur nos Anciens ; « l'Art pariétal structurant » :

« Peu à peu, année après année, sites d'habitats après grottes sanctuaires, au fur et à mesure des solstices et des équinoxes, j'acquis la conviction que seule la perpétuation volontaire d'une connaissance ordonnée méticuleusement et transmise de maîtres à disciples avait régné dans tout l'espace occupé par l'art pariétal du Paléolithique. Un “vouloir de construction” bien précis accompagné d'une “idéologie collective” avait choisi, structuré et organisé tous les lieux de culte qu'ils avaient peints et gravés afin de les lier éternellement à la lumière du Soleil ou de la Lune aux moments exacts des variations saisonnières. » [p. 50]

Ce dont il est question c'est de l'aspect civilisationnel du « Paléolithique supérieur », soit couvrant plus de trente mille ans, ce qui est absolument considérable dans le cadre de notre Humanité !

Dans cette perspective, la transition vers la néolithisation sera héritière de cette culture très ancienne, et en portera toutes les valeurs humaines en son sein jusqu'à nos jours :

« Il n'est pourtant jamais venu à l'idée des préhistoriens que l'art pariétal fut structuré concrètement, par l'impact des directions et des mouvements de la lumière solaire. Pourtant, les orientations des ouvertures permettant le passage de la lumière des solstices et équinoxes sont révélés par l'astronomie archaïque d'observation et de position qui fut pratiquée par les premiers Cro-Magnons, mais aussi ensuite par tous les constructeurs mégalithiques et de l'Antiquité, par les Compagnons constructeurs des cathédrales, puis par ceux de la Renaissance. » [p. 92/93]

Cela heurte sans doute notre “civilisation” actuelle dans la surestimation qu'elle a d'elle-même, d'accepter de devoir tant, en fait l'essentiel, comme une colonne vertébrale, à nos Anciens !

« Il y a cohérence dans la distribution des motifs représentés, il y a une mise en forme qui répond à une ordonnance, un système. Les figures sont articulées de manière signifiante les unes par rapport aux autres d'une mise en sens et présence, dont elles intègrent la structure morphologique de l'ensemble dans une véritable “mise en scène”. Marc Groenen (professeur de préhistoire – Université Libre de Bruxelles, 2019)

« Il semble bien, que les hommes préhistoriques transportaient leurs repères célestes au fond des grottes. Ils pouvaient ainsi, entre autres raisons, cheminer dans les cavernes comme sur la terre car ils y transposaient à la bonne place les symboles qu'ils avaient imaginés en regardant le firmament. Et aussi peut-être était-ce un moyen pour éduquer, expliquer aux jeunes les règles nécessaires et indispensables pour organiser et prévoir leur vie sociale et religieuse, ainsi que gérer leurs déplacements. » (p. 124)

Ainsi donc, au-delà des millénaires, ces Ancêtres nous sont finalement beaucoup plus proches que nous voulons bien nous l'avouer. Nous avons probablement développé un regard “condescendant” de mauvais aloi, peut-être pour nous rassurer quant à nos réelles certitudes d'être légitimes dans nos prérogatives actuelles, et quant à notre façon de vivre, de gérer, puiser (piller ?) les ressources naturelles de la planète sans mesure, cette Terre qui nous a vu naître de l'aléatoire …

Quoi qu'il en soit, peut-être pourrions nous trouver là matière à nous réconcilier avec nous-même et préserver un devenir pour les générations de demain, un peu plus de sens, dans une certaine humilité quant à notre condition Humaine.

De nombreux croquis (pas toujours très lisibles, et c'est dommage), ainsi qu'illustrations et photos, aident à la compréhension de l'ouvrage et du propos parfois difficile à visualiser (pour les personnes peu versées dans la discipline des positions des astres) dans son application explicative.

« ...puisque vous acceptez l'idée que les constructeurs de Carnac organisaient leurs mégalithes en fonction des mouvements solaires ou lunaires, ou que les Égyptiens orientaient leurs pyramides ou leurs temples en utilisant les mêmes données, il faut accepter le fait que bien avant eux, les Préhistoriques du Paléolithique supérieur non seulement utilisaient déjà ces données solsticiales comme structure de leur art, mais que de plus, ce sont vraisemblablement eux qui les ont découvertes ! » (p. 152)

Le Mésolithique, intermédiaire avec le Néolithique, a été la période charnière de la profonde modification de nos modes de vies, mais pour autant elle fut aussi le pont entre ces deux aspects de notre Humanité. Il n'y a jamais eu “rupture”, juste une continuité quelque peu tâtonnante sans doute, mais qui n'était pas inéluctable quand à nos choix d'aujourd'hui !

La question qui se pose actuellement est de savoir si nous avons vraiment “l'ardence” de nous réconcilier avec nous-mêmes et ces Ancêtres que nous portons en nous vers une humanité plus respectueuse d'elle-même et de son milieu de vie, ou est-ce que nous laisserons cette structure sommes toute récente dite « culture d'El Argar* » (ou Anthropocène final), nous engloutir dans les abysses de notre perdition ?

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https://www.babelio.com/livres/Lehorff-Par-les-armes/1043202/critiques/1663428
Lien : http://www.versautrechose.fr/
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