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Critiques de Charles Canivet (5)
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Enfant de la mer

Vers 1860, le QueenStown, un grand trois-mâts carré avait appareillé du Havre à destination de New-York.

Le temps était de ceux que l'on dit maniables.

Le QueenStown était un bon navire.

Le phare de Gatteville brillait encore.

Pourtant, pris dans le brouillard au petit matin, le vaisseau s'était perdu dans la brume et s'était engagé dans le raz de Barfleur.

Courant tout droit sur la Blanche-Nef, il alla directement se briser sur cette roche qui fit autrefois le malheur d'une dynastie anglaise ...

"Enfant de la mer" est un mélodrame écrit par Charles Canivet, et paru en 1892 aux éditions parisiennes d'Ernest Flammarion.

C'est un récit maritime et régionaliste qui obéit aux codes de son temps et de son genre.

C'est un mélodrame aux allures compassées.

Patron de pêche au temps où Barfleur n'était pas encore le port sûr et bien creusé qu'il est aujourd'hui, Hilarion Langlois, au péril de sa vie, a arraché un enfant de trois ans à l'épave du QueenStown.

Ses habits n'étant pas marqués, l'enfant se dénommera dorénavant Jacques Barfleur, suivant un vieil usage normand qui attribue à un enfant abandonné le nom du lieu où il a été trouvé.

La lectrice, le lecteur sentent déjà monter le parfum enivrant du mystère !

Qui est cet enfant ?

Va-t-il retrouver, au bout d'une série d'aventures bouleversantes, une mère riche et aimante qui pleure depuis toujours la perte de son enfant chéri ?

La littérature populaire d'autrefois foisonne de ces bambins perdus qui, en retrouvant leur famille, retrouvent souvent amour, fortune et bonheur ...

Mais Charles Canivet n'est pas de ceux dont la plume se contente de récits convenus, ni de périples entendus.

Son roman va prendre une toute autre direction ...

Mais c'est là bien anticiper !

Le drame qui se joue ici est un drame de tous les jours.

Il prend l'aspect d'un mélodrame parce que l'écrivain a décidé de le raconter ainsi.

Mais relaté par la plume d'un Flaubert, d'un Mirbeau ou d'un Maupassant, le récit se serait teinté de la plus crue des réalités.

Jacques est amoureux de Rosette, la fille du père Langlois.

Il est en butte aux méchancetés de Mr Rampan, un commis aux vivres retraité de l'administration de la Marine qui avait conseillé autrefois d'abandonner l'enfant perdu à l'hospice de Cherbourg.

Mais un drame va sceller le destin de Jacques ...

Le livre a obtenu, en 1892, le prix Montyon décerné par L Académie Française à "l'ouvrage littéraire le plus utile aux moeurs".

Charles Canivet déjà l'avait décroché,en 1889, pour ses "contes de la mer et des grèves".

C'est dire si sa littérature est morale et respectable, pleine de bons sentiments.

Mais elle n'en est pas pour autant ennuyeuse.

Sa trilogie de contes qui n'en sont pas est tout bonnement un enchantement de petites chroniques racontées par un vieux marin sur le port de Saint-Vaast la Hougue.

Et si sa plume, comme dans "les colonies perdues" s'est parfois extirpée du terroir, l'essentiel de son oeuvre vient s'appuyer sur cette terre du Cotentin qu'il connaît et qu'il décrit si bien.

Jacques Barfleur prendra la mer vers Terre-Neuve, et là un drame va se jouer pour lui où son destin d'honnête garçon risque de basculer.

Mais il faut se rassurer et profiter du charme de ce petit récit, où tout est bien qui a bien fini ...



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Les Colonies perdues, par Charles Canivet

Ceux qui auraient voulu enfermer Charles Canivet dans l'étroit costume d'un pâle romancier régionialiste, ceux qui ne pensaient pas un jour le voir s'éloigner des côtes du Val de Saire, en sont pour leurs frais.

Avec "Les colonies perdues", il se révèle comme un puissant historien, un infatigable voyageur et un écrivain de premier ordre.

Paru en 1884, le livre en fait la démonstration : le Cotentin, où il est né, où il va mourir, ne sera pas le seul horizon sur lequel se reflétera l'oeuvre littéraire de Charles Canivet.

Sa plume élégante et efficace, se portant vers les rives du Canada, de l'Inde, de l'île Maurice et de Saint-Domingue, va réécrire l'épopée des "colonies perdues".

Montcalm déploie, pour que la France conserve le Canada, toutes les ressources de son génie militaire et meurt à l'heure même qui marque le désastre final ...

Dupleix, presque livré à ses propres ressources, veut doter son pays d'un empire colonial sans pareil.

Il touche au but, entrevoit son rêve.

Mais il est bientôt désavoué, abandonné, accusé et revient, misérable, mourir en France sans être réhabilité ...

L'ouvrage est clair, érudit et passionnant.

Il est enrichi par 65 magnifiques gravures sur bois.

On y croise François 1er, Henri IV, Richelieu, Colbert, un colon de la baie d'Hudson, Washington, Montcalm, un iroquois, Pitt, Bougainville, La Galissonière, Lamotte-Piquet, Mme de Pompadour, le bailli de Suffren, Machault, Louis XV, Dupleix, La Bourdonnais, l'amiral de Grasse, Toussaint Louverture et le général Leclerc ...

On y entrevoit le Mississipi, les chutes du Niagara, Québec, Montréal, la Nouvelle-Orléans, Pondichéry, Madras, Bénarès et Port-Louis ...

Certains tableaux, comme celui de "Kali, déesse du meurtre", de "la cour d'un rajah" ou "des indiens fumant le calumet" sont remarquables ...

Le propos et l'illustration invitent au voyage.

Mais l'ouvrage est paru en 1884 et l'ensemble n'est pas exempt d'une certaine naïveté en regard du principe même du colonialisme et de la gloire qu'il était censé insuffler au nom de l'Histoire à ses grands serviteurs.

Pourtant, aujourd'hui encore, la lecture de ce livre est agréable.

L'ensemble est solidement charpenté, bien documenté.

L'épopée, bien rendue par l'écrivain, se révèle passionnante ...



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Contes du vieux pilote

Quel plus grand bonheur peut-il y avoir, lorsque l'on aime les vieux livres et sa région, que de découvrir un vénérable ouvrage où un fin conteur raconte son "pays".

"Les contes du vieux pilote" ont été écrits, en 1891, par Charles Alfred Canivet, sous le pseudonyme de Jean de Nivelle.

A la fois journaliste, poète, romancier et conteur, Charles Canivet est né, en 1839, à Valognes, dans la Manche.

Et c'est tout simplement, au soleil couchant, sur le quai du port de Saint-Vaast la Hougue, qu'il rencontre Antoine Brasbis, le vieux pilote.

Sous la casquette cirée la chevelure est grisonnante.

Le collier de barbe est poivre et sel.

Les dents blanches tiennent ferme le tuyau noirci d'une courte pipe anglaise.

Antoine Brasbis déteste les anglais et fume dans des pipes britanniques ... Qu'importe puisque cela passe en fraude !

Le soleil s'en va à mesure que la mer arrive.

Il rougeoie ses derniers rayons derrière le fort de la Hougue.

Antoine Brasbis a promis quelques histoires, des meilleures.

Il les dira.

Asseyons-nous.

Car de par la goutte et les rhumatismes, il n'est plus que devant la barre de son cotre que le vieux marin se tient comme un mur.

L'ancien pilote-major du port de Cherbourg a promis.

Il racontera cinq histoires :

- "le Rubis", "la Suzette", "une prise", "aux antipodes" et "le vieux Nobis".

Le Rubis est le plus fin voilier qui ait jamais "roulé" dans la Manche et la Suzette et une vieille bisquine achetée pour rien à un patron de Réville saisi par les huissiers, et qui l'aurait bue jusqu'à la quille si on l'avait laissé faire.

Antoine Brasbis, le vieux marin, est un fraudeur.

Il est toujours content de duper le fisc anglais.

Il va, ici, conter quelques épisodes de sa vie toujours aventureuse et souvent hardie.

Et la plume élégante et fine de Canivet lui rend justice ...



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Contes de la Mer et des Greves

Charles-Alfred Canivet, sous le pseudonyme de Jean de Nivelle, nous offre, en 1889, ces "contes de la mer et des grèves".

De l'aveu même de l'auteur, il ne s'agit ici que de quelques impressions sincères et de divers souvenirs locaux.

Il s'est contenté, nous dit-il, de proposer quelques récits riverains ou maritimes où le passé se dresse à chaque pas.

Ils ont été recueillis, ça et là, dans les champs et sur les côtes d'un pays qu'il aime.

Les côtes dont il parle sont celles du Val-de-Saire, qui ici fertile et riant comme un bocage, se montre plus loin sombre et menaçant comme un chaos.

Charles Canivet nous offre une quinzaine de textes où il mêle savamment la réalité à la poésie.

L'ouvrage est illustré de soixante et une gravures, des dessins, crayonnés de noir et blanc, réalisés par Ferdinandus, par Antoine Guillemet et par Charles-Émile Matthis.

On y voit, entre autres paysages et portraits, la chapelle des marins à Saint-Vaast la Hougue, le village de Maltot de la "Mare-Barrée", la pointe de Carteret, le château de Pirou, la baie de Morsalines, la Pernelle et Barfleur ...

Les premières pages des "Contes de la mer et des grèves" se tournent vers une légende locale, celle du "Moine de Saire" qui, n'étant là que prétexte à une belle promenade, jamais ne fût racontée ainsi :

A Réville, entre le fort de la Hougue et la pointe de Barfleur, un pont enjambe, à son estuaire, la Saire qui est un ruban d'eau très étroit et très limpide.

Dans le château des seigneurs du lieu vivait l'héritier du nom et de la fortune.

Le cadet s'était fait moine, un moine sans principes et même un peu voleur.

Il fut emporté par le diable et condamné, à la grande terreur des gens du "pays" à errer dans les alentours jusqu'au jugement dernier !

Aujourd'hui, le merveilleux s'estompe, la raison y gagne.

Et marins, pêcheurs, jeune filles et bons bourgeois passent sans effroi sur le vieux pont à toute heure du jour et de la nuit ...

Ce livre, offert à son "pays", est passionnant.

Il est écrit d'une plume agréable, sensible et élégante.

Les descriptions de paysages, les portraits sont comme tracés au fusain.

L'ouvrage, par l'humanité dont il est empreint, désigne Charles-Alfred Canivet comme un de ses trop nombreux talentueux écrivains que le temps a effacé de nos mémoires ...

"Le moine de Saire", premier texte est suivi de "Frère Porphyre", "Le deuil de Grand-père", "La pension de Jeannot", "La fin d'un bateau", "A la belle étoile", "Les oies du château de Pirou", "Le chien du patron", "Souvenir d'enfance", "La pendule de Tante Justine", "Le moulin fantastique", "La crèche de Mr le curé", "La Noël de Clairette", "Les petits sabots" et "La pêche miraculeuse" ...







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Pilote-Major

Qu'on ne s'y trompe point, le triptyque composé du présent volume, des "contes du vieux pilote" et des "contes de la mer et des grèves" n'est pas un recueil de contes et légendes normandes.

Il est tissé d'une galerie de portraits, de l’évocation de quelques souvenirs et de la peinture de nombreux paysages.

Charles Canivet, qui se nomme pour l'occasion Jean de Nivelle, est né à Valognes, en 1839, où il est mort en 1911.

C'est un poète qui aime le Val-de-Saire.

Comme tel, il regarde. Comme tel, il écrit.

De ce livre s'échappe une tendre humanité et un réalisme qui, parfois, sait se rendre effroyable.

Car, nous dit-il, la vie n'est rien sans la mort qui enlève sans crier gare, qui frappe sans cesse à tort et à travers.

"Pilote-Major" est un livre plaisant mais il est aussi une puissante réflexion sur la condition humaine.

La plume est élégante, d'une élégance "vieux-siècle", un peu ampoulée mais si charmante.

Les descriptions sont bluffantes.

L'oeil de l'écrivain est celui d'un peintre.

Le paysage de "la pêche à crevette" est tout juste celui que mes yeux d'enfant découvraient, sans pouvoir le décrire, après, qu'ayant traversé le courant du Run sur les épaules de mon grand-père, des roches pleines de varech apparaissaient derrière l'île de Tatihou.

"Pilote-Major" contient 14 textes, aussi variés que passionnants.

C'est dans le port de Saint-Vaast, sur le quai, que l'on retrouve le vieux pilote, Antoine Brasbis.

Et ces retrouvailles ont un goût de redite, de déjà lu.

Ce premier texte, "Pilote-Major", est la reprise de celui intitulé "le Rubis" dans "les contes du vieux pilote".

Toutes les autres nouvelles du présent recueil sont inédites.

- "Le fiancé de Désirée" -

Le novice Ribard, qui naviguait pour un des plus gros patrons de Barfleur, accueillait froidement les sourires que la belle Désirée lui envoyait, sur le quai, à l'heure de la vente du poisson et dans les chemins pierreux de Gatteville ...

- "Le vieux" -

Avisé comme le marin qui flaire la tempête, le vieux devine que ses jours sont comptés.

Son grand corps droit malgré le poids terrible de ses 80 ans, il est seul, aussi abandonné qu'un misérable.

Il contemple, le soir venu, les ombres qui s'allongent comme ses propres souvenirs ...

- "Pêche à la crevette" -

Quand on veut se donner le genre de faire la guerre à la crevette, il ne faut point penser à autre chose.

Et Charles Canivet, pour ne pas revenir bredouille, sait trop bien que la pêche n'est qu'un prétexte à tous ceux que les beaux spectacles sollicitent.

Peu importe, il trouvera du "bouquet" à la table de l'hôtel de Normandie ...

- "L'orgueil de Montferrand" -

Maître Philippe était prospère.

Sa ferme était la mieux tenue à cinq lieues à la ronde.

Il rêvait pour son fils Auguste d'une situation dans l’État : professeur, juge, douanier ou inscrit maritime.

Malheureusement, au collège de Cherbourg, le jeune passait pour un cancre ...

- "Délibération municipale" -

Le maire de Dindonville a de la terre en herbe et de la terre en labour. Son bétail est primé dans tous les concours.

Et son cidre, donc ! Parlez-moi de son cidre ... le plus pur, le plus corsé, le plus mousseux qu'on puisse boire à des lieues à la ronde !

Le maire de Dindonville, serviable, est un brave homme.

Mais il est peu lettré ...

- "Le lieutenant X" -

Le lieutenant X a reconquis, sur les champs de bataille, son honneur et son grade, après que les portes de la Maison Centrale se fussent refermées sur lui pour cinq ans.

Mais lorsqu'il a été reconnu, il est devenu le plus malheureux des hommes ...

- "Nuit d'angoisse" -

L'auteur se trouvait, dans une maison isolée près de Cherbourg, chez un ami, receveur des contributions indirectes, qui possédait fréquemment à demeure des sommes assez considérables.

Cette nuit-là, où une terrible tempête éclata, promettait d'être chargée d'angoisse ...

- "Au clair de la lune" -

Jacques Antoine Pesnel possédait un des plus beaux morceaux de terre du Val-de-Saire.

Mais il était bien seul.

Et il pensait, un peu plus que de raison, à cette belle fille de 20 ans qui savait si bien tenir sa maison propre comme un vaisseau de l'état ...

- "Les bohémiens" -

L'imagination joue un grand rôle lorsqu'elle porte son regard vers les bohémiens.

Elle provoque des précautions infinies.

On ferme ses portes, on ne dort que d'un oeil ...

- "Un meurtre au village" -

Un jour d'été, au lever du soleil, on a trouvé la vieille mercière assassinée dans sa boutique bouleversée.

Un homme, un étranger aux longs cheveux et aux grands yeux noirs, est désigné par quelques villageois ...

- "Mademoiselle Ursule" -

Mademoiselle Ursule était riche et faisait du bien.

Mais elle était une personne romanesque .

Elle ne se plaisait à vivre que dans la fiction et dans un monde de poésie.

Si bien qu'on causait d'elle comme d'une personne dont la raison était vacillante ...

- "Maison ruinée" -

L'auteur se souvient, qu'à quelques kilomètres de Valognes en prenant la route de Saint-Vaast, vivait, il y a bien des années, un ami de collège que la mort, qui frappe sans cesse à tort et à travers, a enlevé sans crier gare ...

- "La petite Ludivine" -

Nicaise le pêcheur, patron d'une "plate" inscrite au quartier de la Hougue, n'est plus bon qu'à vider sa bourse au cabaret.

Il s'est habitué à noyer, dans les demi-tasses et les petits verres, le souvenir de celle qu'il a aimé.

Au seuil de sa porte, il retrouve ses remords en regardant la petite Ludivine, une fillette de 12 ans qui est le portrait vivant de sa mère ...











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