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Citations de Charles Canivet (16)


Je ne sais pourquoi, dans ce moment, je fus emporté par la pensée jusque sur le quai de Barfleur.
Avec une précision étonnante, je vis maman Langlois affolée, Rosette qui la suivait en pleurant et en se tordant les mains, et, autour d'elles, une foule de pêcheurs qui leur répétaient :
"Ne vous désolez pas ainsi, madame Langlois, la barque du patron est solide, et c'est un marin fini.
D'une minute à l'autre, nous allons la voir donner dans les jetées".
Mais maman Langlois n'entendait rien ; elle courait toujours vers la mer, suivie de Rosette, et toutes deux, elles s'accrochaient au bois du calvaire, après avoir gravi, non sans peine ses marches de granit ...
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Dans le petit port de Saint-Vaast, tous les bateaux de pêche sont rentrés, amarrés le long du quai, pour la plupart, ou bien à l'ancre dans le milieu du chenal.
A mer tout à fait basse, et le port à sec, ils vont se coucher sur le flanc, dans la vase entassée, à moins que les patrons n'aient pris la précaution très sage de les munir de béquilles, comme des vieillards impotents.
Alors ils descendront insensiblement jusqu'au fond, à mesure que s'en ira l'eau salée, et quand il n'y aura plus une goutte d'eau, la barque, soutenue de chaque bord, enfoncera sa quille tout droit dans le limon du chenal.
C'est le meilleur moyen, paraît-il, d'empêcher les bateaux de souffrir.
Les choses et les objets ont souvent besoin de remèdes intelligents, comme les hommes.
Il souffle un tout petit vent du nord-est, de qui rider à peine la surface de l'eau, mais piquant en diable....
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Patron de pêche, sur cette côte dangereuse où chaque
vague cache un récif, et où chaque récif cache un
péril, il sortait depuis des années, par tous les temps,
à moins que le vent, tout à fait contraire, ne le retînt
dans l'anse abritée de Réville, en soufflant assez fort
pour l'empêcher de mettre le cap au large.
Autrement, il trainait ses lignes et ses filets, suivant les exigences de la saison, le long de la côte, depuis Barfleur
jusqu'à Saint-Vaast, et même plus loin, par calme ou
par tempête.
Comment ces hommes résistent-ils?
C'est ce que l'on se demande, mouillés qu'ils sont constamment, jusqu'aux os, par la mer et par le ciel, par l'eau douce et par l'eau salée, ballottés sur les vagues déchirées par le vent, sans rien voir autour d'eux que le feu des phares, la plupart du temps encore cachés sous les embruns.
L'homme n'est, nulle part, plus grand que
là, seul, ou presque seul, à lutter, dans le gouffre,
contre la tempête qui s'acharne ...
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Un des quartiers les plus méconnaissables de Paris, depuis les derniers embellissements, est bien celui que traverse la rue Monge.
Tout ce que cette artère, comme on dit maintenant, a éventré de la vieille ville, est inimaginable.
Au lieu de faire comme jadis le boulevard de Sébastopol,qui s'engagea perpendiculairement à travers une foule de petites rues, presque toutes parallèles, dont les tronçons se voient encore le long des rues Saint-Martin et Saint-Denis, celle-ci s'est jetée dans un fouillis inextricable, et c est un hasard si elle a respecté, en arrivant au terme de son parcours, la vieille église de Saint-Médard, illustrée par le fameux diacre Paris, et dans les environs de laquelle les convulsionnaires du dernier siècle se livraient à leurs pratiques fanatiques, sous l'invocation du célèbre illuminé.
Principalement dans les affluents qui se jetaient jadis dans la rue de Lacépède, comme des ruisseaux dans un cours d'eau plus important, le parisien d'il y a vingt ans aurait du mal à se reconnaître.
Tout est rogné, bousculé, changé ...
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Comme une large coupe plate de cuivre rouge, le soleil flambait, au milieu d'une atmosphère un peu embrumée, éclairant le port de Saint-Vaast où se dressaient des mâtures de bricks, de goëlettes et de sloops, la vieille tour cylindrique de la Hougue, dont le paratonnerre oblique ressemblait à une lame flamboyante, et, plus loin, s'allongeant à l'infini, la grève de la Manche, jusqu'au golfe des Veys, avec ses clochers et ses maisons basses qui rutilaient dans cet embrasement d'un couchant estival ...
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Nous passons sous le fort de la Hougue, naguère abandonné, aujourd'hui armé de pièces à longue portée.
La vieille tour du temps de Louis XIV, qui servait jadis de poudrière, semble un géant qui monte la garde, dans la demi-obscurité du matin naissant, qui met une lumière croissante sur son vieux chef de pierres grises.
On ne voit pas encore les îles dont le feu brûle toujours, et dont l'une est également hérissée de canons énormes.
On dit qu'autrefois les Anglais n'auraient pas mieux demandé que de s'y établir. C'est le contraire qu'il serait difficile de croire.
Enfin, ils n'y sont pas, et tout navire ennemi qui passerait entre la Hougue et Saint-Marcouf, ne serait pas précisément à son affaire ...
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L'histoire ne se paie pas de mots ; elle est la grande et la seule justicière du passé, et c'est son réquisitoire impartial qu'il faut entendre, quand il s'agit de voir clair dans les événements ...
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Mais, impitoyablement, l'aïeule, soupçonneuse, lui faisait entendre qu'il n'y avait point place au logis, même dans la grange, ou l'on venait de rentrer les
grains mûrs, et que le mieux était de gagner Quettehou, Saint-Vaast même, avant la nuit noire, à moins de coucher à l'auberge de "Pied-de-Choux" à quelques centaines de mètres de là, où l'on avait des lits pour
les voyageurs.
Parbleu elle le savait bien qu'il y avait une auberge, et ce qu'elle savait encore mieux, c'est qu'elle n'avait point ce qu'il fallait pour y pénétrer, la tête haute, et payer de quoi s'étendre pour la nuit, ne fût-ce qu'une botte de paille ...
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Découvert en 1497 par Cabot, marin vénitien au
service de l'Angleterre, le Canada fut visité au commencement du seizième siècle par un Normand, J. Denys de Harfleur.
Des chercheurs d'or espagnols abordèrent à leur tour sur les rivages du golfe Saint-Laurent.
Les indigènes qu'ils rencontrèrent leur ayant dit que le pays était inculte, couvert de forêts, et ne renfermait pas de mines d'or, ils se retirèrent en s'écriant : « Cabo de nada (cap de rien.) »
C'est de cette expression espagnole que nous avons tiré le mot Canada ...
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Entre le fort de la Hougue et la pointe de Barfleur, une longue et étroite langue de terre, à l'extrémité de laquelle se dresse un des nombreux feux de la côte, allonge sa bande sablonneuse, blanche et presque éblouissante, sous les rayons du soleil d'été.
C'est la pointe de Réville, le long de laquelle, au pied des dunes, se développe l'embouchure de la rivière de Saire, un ruban d'eau, très étroit et très limpide, qui traverse une des contrées les plus fertiles de la Normandie, à laquelle elle donne son nom, le val de Saire.
Avant d'arriver à la mer, la rivière, ou plutôt le filet d'eau traverse l'arche double d'un vieux pont, qui a sa légende, dont je parlerai plus loin.
Passé cela, elle se perd dans les sables, et un enfant n'en aurait pas jusqu'au mollet.
C'est bien la peine, pour avoir une aussi triste fin, de faire marcher tant de moulins, tant d'usines, et de répandre l'abondance dans tant de gras pâturages ! ...
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Il y a quelque trente ans, la politique remuante et tapageuse dans les centres de population n'avait point encore gagné la campagne, et les amateurs de la tranquillitéd'esprit parfaite, celle qui permet aux écrivains et aux artistes d'admirer et d'écrire, pouvaient s'y croire complètement à l'abri des choses irritantes de ce monde.
Alors, il était permis de rêvasser le long des chemins, sans être exposé à la rencontre soudaine de quelque fâcheux qui vous aborde avec un bonjour, et tout aussitôt multiplie les questions.
Eh bien, monsieur, où en sont les nouvelles ?
Vous devez savoir cela, vous qui lisez les papiers.
Ou bien encore de s'asseoir à une table amie, sans être exposé, après satisfaction du premier appétit, à une foule de remarques appelant la discussion.
- Tout de même, ça ne va pas !
- C'est pas que j'détestions la République par chez nous, mais faudrait qu'elle fût plus sage qu'au jour d'aujourd'hui ...
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On ne s'accroche à rien, on n'implore rien, et l'un se précipite dans le néant, comme l'autre dans le vide.
Ai-je réussi, dans les quelques pages qu'on va lire, à montrer que les plus ignorants, comme les plus éclairés, courbés sous la même fatalité, succombent inévitablement, de la même manière, et qu'il est des circonstances brutales où la raison des forts n'est pas plus résistante que la simplicité des humbles ?
Le lecteur en jugera ...
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Dans l'histoire coloniale de la France, deux noms
brillent ou devraient briller au premier rang ; ce
sont ceux de Montcalm et de Dupleix. L'un au
Canada, l'autre dans les Indes, qui sont aujourd'hui
deux colonies anglaises, et que leur patriotisme et
leur génie ne suffirent pas à conserver à la France;
ils furent les héros de deux épopées merveilleuses,
s'il est permis d'écrire ce mot, quand il s'agit, en
somme, d'un double désastre. Chose incroyable !
ils eurent contre eux leur pays même, ou plutôt
ceux qui le représentaient, et de quelle manière ?
dans ces heures de décadence de la monarchie
française, qui s'avilissait, avant de s'effondrer ...
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Le long de la route montueuse et accidentée qui s'étend, sur un espace de quatre lieues, entre Valognes et le bourg de Quettehou,une femme cheminait par une soirée d'été brûlante, tenant par la main, traînant plutôt un enfant d'une dizaine d'années, qui, les yeux gonflés par la fatigue et te besoin de sommeil, faisait tout le possible pour suivre une allure trop rapide, tout en mordant de temps en temps à même un gros morceau de pain bis ...
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La ferme des Gohel était renommée, depuis des années, dans toute la contrée riveraine qui s'étend de Cherbourg à Barfleur.
Les fermiers s'y succédaient de père en fils et jusqu'alors, sans jamais avoir atteint la grande fortune, tous avaient fait honneur à leurs affaires.
A la mort du père, l'aîné de la famille prenait généralement la direction de l'exploitation.
Quand aux cadets, on leur faisait un sort. On comptait naguère un certain nombre de Gohel dans les administrations publiques ...
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Dans le nord du département de la Manche, à
quelques kilomètres de Valognes, en gagnant la
route de Saint-Vaast, j'ai connu, il y a bien des
années, mettons trente pour ne pas trop nous
vieillir, une maison hospitalière, celle d'un camarade
de collège, qui fut un ami des jours suivants,
et que la mort, qui frappe sans cesse à
tort et à travers, enleva traîtreusement, sans
crier gare ...
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