« La Commune doit légiférer et administrer elle-même, directement autant que possible ; le gouvernement représentatif doit être restreint au minimum ; tout ce que la Commune peut faire directement doit être décidé par elle, sans intermédiaire, sans délégation, ou par des délégués réduits au rôle de mandataires spéciaux, agissant sous le contrôle incessant des mandants. » (Actes de la Commune de Paris pendant la Révolution – 1789)
Avec les années, le discours sur Mai 68 subit sans cesse des redéfinitions. Ce qui fut d’abord présenté comme un mouvement étudiant passa ensuite pour un mouvement de jeunes, et, enfin, pour un mouvement ouvrant sur la « modernité » individualiste. La dimension nouvelle et historique de l’événement, une puissante grève générale associée à un profond idéal social de changement de l’ordre du monde, disparut progressivement des interprétations le plus répandues.
Seuls les courants du communisme antiautoritaire sont sortis à peu près indemnes de ce grand tournant de l’histoire moderne.
« La volonté générale ne se représente pas. » (Rousseau)
Un récent rapport de la Commission européenne, qui n’est pas à proprement parler une institution au-dessus de tout soupçon, considère le Portugal comme l’un des pays les plus gangrenés par la corruption en Europe. D’après l’étude, la population portugaise estime que la corruption est généralisée dans le pays et qu’elle affecte sa vie quotidienne. Sentiment qui serait deux fois plus fort au Portugal que la moyenne européenne.
(...) Pour reprendre la formule d’un ami qui se débat localement pour éveiller les esprits, c’est comme le « système Poutine, mais mené avec le sourire béat du Premier ministre ».
Mais l’étude la plus scientifique sur la Commune et sa défaite ne se trouve-t-elle pas, en vrai, dans la permanence du capitalisme mortifère et destructeur que nous vivons au quotidien ? C’est banal de le répéter, une commémoration est un moment de l’histoire morte ; plus on en parle moins l’esprit révolutionnaire y est présent. Les révolutions sont des moments vivants, les commémorations sont des moments morts.
Lorsqu'en 1949 les armées maoïstes s'apprêtaient à faire leur entrée à Shangaï, Hankou, et Canton, le commandement militaire publia la proclamation suivante : "Il est demandé aux ouvriers et employés de tous métiers de continuer à travailler, et que les affaires soient menées comme à l'accoutumée. Les fonctionnaires du Kuomintang et de tous les autres corps politiques et administratifs, comme la police, doivent rester à leurs postes, obéir aux ordres de l'Armée Populaire de Libération et du gouvernement populaire".
En d'autres termes, après avoir vaincu les armées adverses et s'être emparé de l'administration, le Parti Communiste Chinois annonçait aux masses ouvrières que la Révolution était terminée.
Si l'on reprend la formule des carences de l'"offre programmatique", force est de constater que dans le système de délégation permanente de pouvoir du capitalisme contemporain, le choix se trouve de plus en plus réduit à des nuances morales ou conceptuelles d'un même projet politique de nature néolibérale. L'insécurité, et la peur qui lui est indissociable, sont devenues le pivot du programme commun de toute politique. Le sentiment d'insécurité sociale engendré et aggravé par la crise - l'appauvrissement des classes exploitées, l'implosion des anciennes communautés de classe, l'intensification des conditions d'exploitation, la disparition des repères sociaux - est progressivement amalgamé à l'insécurité d'un état de guerre généralisée, au bénéfice d'un "État d'exception démocratique". Dans la réponse autoritaire à la crise de la représentation, la confiance dans les représentants auxquels on délègue le pouvoir est remplacée par la confiance dans les capacités répressives du pouvoir.
Dans un capitalisme où le principe de réformisme ne trouve plus d’espace, le contenu truqué de la démocratie formelle se dévoile, stimulant l’exigence d’une démocratie réelle, celle d’une égalité sociale et économique.
Le concept de communs réunit, bien au-delà des traces extrêmement minces d’un passé communal qui subsiste toutes sortes d’activités et de solidarités alternatives, de règles d’organisation et d’exploitation de ces « ressources communes », allant des coopératives de production et de consommation à la sphère des logiciels libres et aux jardins partagés, initiatives qui, installées dans les interstices du système capitaliste, cherchent à échapper à la cruauté de l’économie libérale.