; mais faut se rendre compte c’était (19)68 ; quand on parle de l’anniverse 68 et qu’on en parle partout on parle pas de ces aspects là, obscurs, de la classe ouvrière et du matraquage systématique, on parle pas de la répression ; après, quand le cnpf a tiré les enseignements de 68, à partir de 73, qu’il établit un plan de campagne radical, de casser les grandes identités ouvrières, donc Billancourt et Sochaux, donc diminuer les effectifs pour les effets de résistances et mauvais exemples crées ; faire des plus petites unités, c’est là qu’il commence la politique de l’artichaud (…) qu’il commence à un peu répartir autrement les choses. Mais en fin de compte, tout est un rapport de force, le patron bouge ses lignes dans la mesure où nous on progresse, c’est toujours ça le danger. La dernière expérience quand y a un gars dans le film de Laurence est déguisé en vert, moi alors là c’est une anedocte qui est superbe, Peugeot dans ces années là pense que y a des bons ouvriers et des ouvriers informables, les informables c’est nous hein, les cons hein, on sait pas taper à la machine, l’informatique pour nous c’est quelque chose de complètement … !!!! on est « informable » quoi ! c’est le terme qu’il emploie, une population informable voilà, 40 ans informable ! Qu’est-ce qu’on vient, j’sais pas moi, balayeur (Michel pialoux intervient : « inconvertible) voilà « inconvertible »… (…) en 88 il décide de moderniser les usines, avec l’aide des pouvoirs publics faut toujours aider les patrons faut toujours leur en donner, parce que autrement … y a un moyen de pression considérable hein, c’est ça ou le chômage, les autres y donnent ! il construit une usine très moderne et dedans il choisit du personnel pour y rentrer, (…), et ce personnel choisis par la maîtrise c’est du personnel qui n’a jamais fait grève, qui pense qui vote bien, qu’est jamais absent, jamais malade, jamais rien ! pas pas pas de problème… et c’est ces gens là qui vont au sud, dans ces nouveaux ateliers, et nous les vieux les ringards ceux qu’on rien compris à l’histoire de la société on reste dans la vieille usine, voyant partir ces gens, ben ces « meilleurs ouvriers » meilleurs que nous primaires, bons à rien, informables bon voilà et on se dit putain on est mal barré quoi ; et il arrive des éléctions professionnelles, dans le même temps (…) et on se dit tous syndicalement, on va se prendre une branlée syndicalement, ils ont pris tous les « meilleurs » les « bons » qu’on jamais fait grève ils les ont enfermés dans un local on a même pas droit d’y pénétrer donc aux résultats on devrait voir une majorité voter pour ces syndicats un peu collabo FO, CFTC, CFT (syndicats patronaux) et le soir du dépouillement on s’aperçoit, nous avec stupeur mais encore plus celle de la direction, c’est que si la CGT a 55% des voix à l’ancienne usine , elle en a 54 dans la nouvelle usine ; le patron a une parole historique, mais vraiment belle, il dit à ses cadres qu’il réunit , il leur dit : « c’est des pastèques vertes à l’extérieures, rouges à l’intérieur. »
(...) hors les comités d'entreprises à l'heure actuelle qui sont devenus des vendeurs de patates ou distributeurs de cadeaux de noël ou de fête des mères (...) à une époque ils fonctionnaient autrement, au moins celui de Sochaux : acheter une maison d'un centre de loisirs où on pouvait avec une table de montage, pour nos films 16mm, on pouvait monter nos films ; on avait embauché une troupe de théâtre , on avait fait notre propre bibliothèque qui était la plus grande de France pour un CE et notre propre discothèque je veux dire les procès ont eu lieu, on a perdu le théâtre, devant Peugeot, qui nous a mis au tribunal, à chaque fois qu'on touche au domaine culturel, à chaque fois le patron tape, mais fort, je veux dire ça va jusqu'aux coups de barres à mines sur la figure etc, le licenciement de tous nos acteurs de théâtre etc; et les CE à l'époque m'ont permis à moi de me structurer très différemment.
« … alors est-ce qu’il y a possble de négocier avec un patron ? bah oui on peut négocier avec un patron ; moi ce que je sais par mon expérience, à Sochaux par exemple en 68 avant d’obtenir des négociatons alors qu’il y en avait eues partout en France Peugeot pour pas négocier à appelé les gardes mobiles et les CRS qui ont fait un cartoon qui le même jour en 3 heures de temps ont tués 2 ouvriers, par balles et en ont blessés 152 autres ; c’est la seule région de France où ça se passe comme ça ; où quelque part on a alligné les mecs le long d’un mur et on les a tiré