AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Christian Mahieux (7)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées
Les Utopiques, n°16 : La commune de Paris

Chaque nuit recèle un matin



Il y a de nombreuses façons d’aborder, du coté de l’émancipation (je laisse de coté les contre-révolutionnaires et anti-communard·es divers·es), la Commune de Paris. Je n’en donne que trois dimensions.



Au delà des histoires falsifiées, des mythes et des contes, il est possible de retrouver les flammes de la révolte, les aspirations à maitriser sa vie, les luttes contre les dominations, les possibles non advenus car anéantis par les vainqueurs, les tensions vers des avenirs plus radieux.



Nous pouvons analyser les déclarations et les actes des communard·es et réfléchir aux limites, aux erreurs, telles qu’il était possible de les entrevoir à cette époque.



Enfin, à partir du temps présent, nous pouvons examiner d’autres dimensions, mettre en lumière des possibles bridés, des impasses et des manques. A commencer par cette question à laquelle se heurtent tous les soulèvements populaires : Comment confiner les dominants (nationaux et internationaux) ? Comment résister aux attaques militarisées ? Comment développer une solidarité (internationale et internationale) suffisamment puissante pour arrêter les bras meurtriers des possédants ?



Les réflexions proposées par la revue Les Utopiques abordent plus particulièrement les mémoires et les horizons.



« 1871-2021, la Commune a 150 ans. Un siècle et demi ! Deux écueils possibles : la commémoration acritique, à grand renfort d’images sacrées, de récits hagiographiques (souvent préconçus) ; l’ignorance d’un pan d’histoire ouvrière inconnue car vieille, combattue par l’ordre, mal ou non enseignée, masculinisée… Dans les deux cas, ce serait ne pas servir nos réflexions et actions d’aujourd’hui, et de demain, pour l’émancipation sociale. »

Je n’aborde que certains éléments de l’édito, l’importance des services publics, les femmes au travail, la démocratie du travail, le contexte peu favorable « aux expériences sociales », la démocratie en armes, les associations libres, les chansons et déjà la hargne éditoriale, la réalité autour de la guillotine, l’internationale sera le genre humain…



De nombreux articles font le pont entre les questions d’hier et d’aujourd’hui, les expériences passés et d’autres en cours, les débats et leurs reformulations…



Sans volonté d’exhaustivité, je choisis subjectivement de souligner certaines thématiques.



Communs, Commune, Se fédérer, Autogestion, Révolution. Le fil rouge d’hier à aujourd’hui. Un échange vivifiant entre Ludivine Bantigny « Transmettre non seulement les idéaux et les espoirs mais encore les projets et les pratiques concrètes de la Commune, c’est tout simplement rendre vivantes des alternatives possibles et tangibles », Pierre Zarka, « passer de rêves et d’aspirations individuelles à leur réalisation collective par la politique », Maryse Dumas, « chaque nuit recèle un matin », Christian Mahieux, « le prolétariat fait la révolution, par lui-même, pour lui-même ». Sont abordés, entre autres, la quête d’une autre organisation de la société, la République sociale universelle, le prolétariat d’hier et d’aujourd’hui, la mise en cause de la délégation de pouvoirs, l’idée de se fédérer, « de dépasser les clivages pour tendre vers l’unité », la nouvelle notion de peuple, l’ouverture vers l’avenir, la réalité concrète de « ce que pourrait bien signifier le « dépérissement de l’Etat » », l’école laïque pour toustes, la transformation des « gens du commun » en puissance publique, les chemins « de l’autonomie, de l’auto-organisation et de l’émancipation », les combinaisons dépassant les additions…

Dans les articles suivants, la république universelle (bien loin de l’universel étriqué de certain·es), les possibles non advenus, l’articulation de l’idée républicaine et de la passion de l’émancipation sociale, un authentique soulèvement populaire urbain, la réappropriation populaire de l’espace urbain, le refus de se laisser dessaisir, la république « sociale tout autant que démocratique », la gestion populaire de la société toute entière, le refus par des individus coalisés de la « fatalité des aliénations sociales », l’organisation de la garde nationale, « La Commune va proclamer la séparation de l’Eglise et de l’Etat, l’instruction gratuite laïque et obligatoire pour les garçons et les filles, la gratuité de la Justice, la suppression de toute distinction entre les enfants légitimes et naturels… Mais pas le droit de vote des femmes… », les Comités d’arrondissements, les libertés municipales, la gestion des subsistances, les neuf commissions chargées d’administrer les services publics, les initiatives populaires, la commission de la justice, la laïcisation des institutions…



Anouk Colombani parle du travail des femmes, « à quel point elles furent partout et au travail », des métiers des communardes, du mythe du non-travail des femmes, des revendications, des combats « sans distinction de sexe », de l’organisation des ouvrières, « En quelques jours, on voit se dessiner un projet d’une modernité extraordinaire. Il s’agit d’organiser des femmes par les femmes et pour les femmes. Non seulement l’Union a envoyé aux oubliettes les bêtises du mouvement socialiste contre le travail des femmes, mais elle va plus loin en proposant que les femmes s’auto-organisent ». Les femmes sont bien « productrices de l’histoire »…



J’ai notamment été intéressé par les articles sur les chemins de fer, le colonialisme, Eugène Varlin et André Léo, la mémoire réactivée de la Révolution française, Marseille, Nîmes, Lyon, les prolongements internationaux de la Commune, la question de la Banque de France et des dettes, ou sur l’oeuvre scolaire de la Commune de Paris (la pensée ouvrière en matière d’éducation, l’enseignement polytechnique, l’apprendre en agissant et en travaillant, la laïcisation…). Comme pour l’opposition au travail des femmes, il faut rappeler le refus de l’éducation des femmes de Pierre-Joseph Proudhon et l’impact fortement négatif de ce penseur anarchiste sur l’émancipation…



Je souligne l’intérêt de l’article d’Anouk Colombani sur la réglementation du travail, les débats autour des ouvriers-boulangers, la tension entre l’intérêt général et l’intérêt privé, l’exemple d’une corporation mobilisée, la question du travail de nuit, la possibilité de s’instruire, la prise en compte des inégalités de fait, les contradictions permanentes du travail syndical…



La démocratie en armes, l’élection des sous-officiers et des officiers des bataillons de la Garde nationale, le choix de représentant et la coordination, la démocratie aux armées, le principe de révocabilité, la revendication de femmes « de porter des armes, pour la défense de l’oeuvre sociale en cours », les nommées Pétroleuses…



« Un vent de liberté absolue peut seul épurer cette atmosphère chargée d’iniquités et si grosses d’orages à venir » (Eugène Varlin)



Un numéro très riche, une invitation aux débats…
Lien : https://entreleslignesentrel..
Commenter  J’apprécie          40
La Commune au jour le jour

Oppose-toi à l’oppression comme je m’y suis opposé



Dans son introduction, publiée avec l’aimable autorisation des Editions Syllepse, Michèle Audin revient sur la période qui va de l’empire à la Commune, sur ce Journal officiel, ses versions du coté de Versailles et du coté de la Commune.



« Pour ce livre, nous sommes à Paris. Le JO (le « nôtre », celui de Paris), paraît du 20 mars au 24 mai. Il publie des nouvelles officielles, des proclamations du comité central, telle celle qui contient, le 27 mars, l’inoubliable :



Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant de votre propre vie, souffrant des mêmes maux.



Puis des décrets de la Commune, des proclamations, comme la « Déclaration au peuple français » du 19 avril (20 avril), des informations de toute sorte, souvent copiées dans d’autres journaux, une pratique de citations mutuelles courante à l’époque. »



Un journal, des lectrices et des lecteurs, un format, des informations passionnantes, la guerre menée par Versailles, des nouvelles du mouvement communaliste en province, les actions « socialistes », les réunions de club, l’Union des femmes… « Et puis, quand vous aurez lu les derniers mots du dernier article du dernier numéro (24 mai), alors que communards et communardes – c’est ce journal qui a parlé le premier de la barricade tenue par des femmes place Blanche – se battent encore, alors que, dans les quartiers qu’ils ont déjà conquis, les versaillais font régner la terreur et massacrent les vaincus, retournez à la presse communarde, faites-vous votre « Commune au jour le jour » en lisant le Journal officiel de la République française, celui de Paris, le « nôtre », et Le Cri du peuple, et Le Prolétaire, et bien d’autres encore. »



Une lente déambulation dans les textes, des éléments soulignés très subjectivement, le connu et l’inconnu, les lignes de force et les détails, les luttes et les espérances, le moment d’émancipation et sa répression…



Des mandats, des élections, la sureté de « tous les citoyens », la Garde nationale, l’administration communale, la « remise pleine et entière » faite aux locataires du payement de trois termes, la télégraphie « ce service utile entre tous dans ces moments », la ville et la parole libre…



« Soutiens-toi toi-même comme je me suis soutenu ; oppose-toi à l’oppression comme je m’y suis opposé »



Les élections communales, « Tous les citoyens comprendront l’utilité et l’importance de ces élections qui assureront d’une manière régulière tous les services publics et l’administration de la capitale, dont le besoin est si urgent dans les graves circonstances présentes », les bourreaux de la République de 1848, les producteurs, « notre position sociale comme travailleurs », la responsabilité et la révocabilité des élus, la Commune à Marseille, l’Association internationale des travailleurs, les événements de Toulouse, les cours gratuits de langues vivantes, le maximum de traitement des employés aux divers services communaux…



« A notre époque, plus que jamais, on peut dire que l’avenir appartient au savoir, et il importe qu’un peuple qui veut être réellement libre ne demeure pas dans une dépendance honteuse imposée par l’ignorance »



Une première expérience de laïcité, la liberté de conscience, la réforme de l’éducation, et sa gratuité, les deux sexes, les mystagogues, l’autonomie, la destruction des « instruments serviles de la domination monarchique », la citoyenneté supplantant la nationalité, la destruction de la colonne impériale de la place Vendôme…



« Que le monde en soit bien convaincu : les colonnes qu’elle pourra ériger ne célèbreront jamais quelque briguant de l’histoire, mais elles perpétueront le souvenir de quelques conquête glorieuse dans le champ de la science, du travail et de la liberté »



L’Adresse des citoyennes à la commission exécutive de la Commune de Paris, la libre expansion de l’art, l’Officiel des arts, l’association coopérative des travailleurs, le changement de nom de rues, le meeting de Londres…



« C’est la fin du vieux monde gouvernemental et clérical, du militarisme, du fonctionnarisme, de l’exploitation, de l’agiotage, des monopoles, des privilèges, auxquels le prolétariat doit son servage, la patrie ses malheurs et ses désastres »



L’oeuvre universelle de l’émancipation ouvrière, l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés, la question si importante de l’organisation du travail, les crèches, le refus de la conciliation…



« Ce serait renier toutes les aspirations ouvrières, acclamant la rénovation sociale absolue, l’anéantissement de tous les rapports juridiques et sociaux existant actuellement, la suppression de tous les privilèges, de toutes les exploitations, la substitution du règne du travail à celui du capital, en un mot l’affranchissement du travailleur par lui-même ! »
Lien : https://entreleslignesentrel..
Commenter  J’apprécie          43
Les Utopiques, n°13 : Leur violence, nos ri..

Des solidarités comme rempart contre la violence épidémique et sociale



La pandémie de coronavirus, la destruction des systèmes de santé publique – « la crise épidémique pose aujourd’hui crûment la question de l’appropriation sociale et autogestionnaire de l’ensemble de ce secteur et des industries qui lui sont liées » – le confinement, la violence sociale et sanitaire, les répressions quotidiennes…



« « Leurs violences, nos ripostes », c’est justement ce que nous avions décidé de titrer pour ce numéro. Vous lirez un contenu dédié à la solidarité du mouvement social face aux répressions : à la Poste, au ministère du Travail, dans l’Education nationale et chez les journalistes. Mais aussi dans les quartiers populaires et avec les Gilets jaunes, au sein du mouvement antifasciste, ces solidarités existent, elles sont bien vivantes »



Je n’aborde que certains articles et certaines analyses. Je laisse de coté les orientations syndicales spécifiques, les choix d’intervention concrète ou de structuration particulière.



La répression des salarié·es et des militant·es syndicalistes doit être analysée en lien avec l’organisation des entreprises et pour le cas des anciens services publics avec la volonté d’imposer des contre-réformes. Le cas de la Poste est emblématique (les dégâts humains de la gestion managériale à France Telecom ne doivent pas être oubliés). L’activité syndicale dans et contre les processus de privatisation n’est pas légitime aux yeux des directions…



Didier Gelot présente l’Observatoire de la discrimination et de la répression syndicale. L’auteur parle, entre autres, d’une représentation « minimaliste » de l’anti-syndicalisme patronal, de discrimination et de répression syndicales, « La question de la reconnaissance du fait syndical relève de l’exécution des droits démocratiques. Le droit d’appartenance au syndicat de son choix est une garantie de liberté et de confrontation au sein des entreprises dans lesquelles ces formes de démocraties sont absente », des discours sur la nécessité de « promouvoir le dialogue social », des carences de l’institution judiciaire, des actions menées par l’observatoire, de la criminalisation du mouvement syndical par les pouvoirs publics, des contre-réformes des instances représentatives du personnel, des attaques contre le droit de grève, de « mise à l’écart « à bas bruit » de syndicalistes actifs et actives »…



Des Gilets jaunes emprisonné·es. Une nouvelle forme de « prisonniers politiques », plus de 2·200 peines de prison prononcées, les conditions d’incarcération, le coût de la « cantine » (pour améliorer l’ordinaire, les détenu·es doivent « cantiner », c’est à dire acheter le « surplus »), les conséquences post-traumatiques de l’incarcération…



La revue reprends l’appel Laissez-nous respirer ! et de la rencontre Ripostons à l’autoritarisme.



Je souligne aussi l’article de Gérard Le Corre, Quand le ministère du travail s’attaque au syndicalisme interprofessionnel.



J’ai particulièrement été intéressé par les retours critiques de Verveine Angeli et Christian Mahieux sur le mouvement sur les retraites. Ces deux textes me semblent bien aborder les aspects contradictoires de la situation, les phénomènes d’auto-organisation et les difficultés de mobilisation, la gestion néolibérale autoritaire, la division public-privé, la dégradation des capacités collectives, « Dans ce contexte, nombre de salarié·es ne se pensent pas représenté·es par les syndicats et ne le sont effectivement pas » (V.A.), la grève et les outils aptes à mobiliser, les décalages de temporalités, l’ancrage local et l’enjeu européen des retraites, le défi de l’organisation de l’auto-organisation, les actions de blocage « à condition qu’il s’agisse de décision venant des travailleurs et travailleuses qui sont sur place » (C.M.), la non-concrétisation de la grève générale, l’inventivité collective, l’importance du syndicalisme interprofessionnel, la non limitation du syndicalisme à la représentation institutionnelle, la violence policière et la haine des éditocrates, le refus de la notion de « partenaires sociaux »… Les questions que pose Christian Mahieux à la fin de son article me semblent décisives, « Mieux vaut reprendre l’affaire à la base, collectif syndical par collectif syndical : que faire dans sa boîte ? Que faire pour soutenir les autres boîtes ? Que faire pour avoir des assemblées générales avec un maximum de grévistes présent·es, y discutant et décidant ? Que faire pour coordonner les efforts des équipes syndicales combatives de différentes organisations ? Que faire pour que les travailleurs et travailleuses décident de la grève et se l’approprient ?»



En complément d’un précédent article, Construisons une sécurité sociale du XXIe siècle, Gérard Gourguechon discute des Réformes des retraites et lutte des classe, du retournement du sens des mots, des rapports de force entre travail et capital, de l’extension du salariat, de la réduction néolibérale de la liberté, « en réduisant l’aspiration fondamentale des êtres humains à la liberté en une seule liberté de faire des affaires, de commercer, de déplacer des capitaux sans entraves, limites ni contrôles sur l’ensemble de la planète », de déréglementation et de privatisation, de libre échange et de concurrence « libre et non faussée », du renforcement du droit de propriété au détriment des « enjeux sociaux, humains et environnementaux », de criminalisation des citoyen·nes au nom du « secret des affaires », d’évitement de l’impôt, d’étatisation de la Sécurité sociale, des contre-réformes des retraites et de la capitalisation, de l’usage de la dette et des déficits, de la nécessité de « tracer nos propres pistes », de viser à l’universalité, de contester la hiérarchie des salaires…



Alain Véronèse évoque la Retraite en chantant, c’est tous les jours dimanche !



Et d’autres articles…
Lien : https://entreleslignesentrel..
Commenter  J’apprécie          40
Les Utopiques, n°11 : Gilets jaunes : Autou..

Syndicalisme et solidarité, luttes et rêves, l’espérance d’un autre monde



« Le mouvement des Gilets jaunes, trois ans après les Nuits debout, questionne à nouveau la place du syndicalisme dans le champ social. Plus en arrière, le mouvement contre le CPE de 2006, dernier mouvement interprofessionnel victorieux, était lui aussi porté par une mobilisation extra syndicale. Ce sont les jeunes qui en ont constitué la colonne vertébrale, qui l’ont lancé, le firent durer et gagner, y compris en réussissant à obtenir, chose rare, une unité des organisations syndicales. Le mouvement des Gilets jaunes est là sur le terrain social – mais pas que – à côté des syndicats, voire éventuellement en opposition avec eux, et relativise de fait les stratégies syndicales »



Dans un premier article Les Gilets jaunes. De l’urgence à poser des questions pour le syndicalisme, Verveine Angeli aborde, entre autres, les positionnements des organisations syndicales, leur difficulté à s’inscrire dans le contexte actuel de mobilisation, les modifications de l’organisation du travail, « ledéveloppement effréné de la sous-traitance et la multiplication de statuts différents parmi les personnes travaillant dans un même lieu », l’émiettement des lieux de travail, la dépolitisation des enjeux syndicaux, la distanciation de nombreux et nombreuses élu·es avec les salarié·es (situation que la nouvelle représentation institutionnelle des comités sociaux et économiques (CSE) ne manquera pas d’aggraver).



L’autrice insiste sur les responsabilités propres des organisations syndicales dans un contexte où « très vite, le mouvement des Gilets jaunes a mis sur le devant de la scène des éléments majeurs de la critique des politiques gouvernementales portés depuis des années par une frange importante du mouvement social », l’inadaptation des structures syndicales, le manque d’engagement « des militantes et militants des secteurs professionnels à statut encore relativement protégé » vers « les travailleurs et travailleuses qui ont d’autres statuts ». Il est nécessaire de « défendre le salariat comme il est », penser « l’articulation des dominations de classes, de genre et de race comme constructions sociales », prendre en compte les revendications spécifiques et assurer les actions contre les discriminations, ne pas contourner la question de l’unité syndicale, « Élargir l’unité doit rester un objectif, avec les autres syndicats quand c’est possible, avec d’autres mouvements si nous le pouvons ». Dans chaque situation, il est possible de faire ressortir des contradictions, des éléments positifs, des ambiguïtés, « Des ambiguïtés demeurent, bien sûr, et la présence de l’extrême droite dans la mobilisation montre qu’il n’est pas si simple de mettre de côté les questions qui marquent la vie politique publique depuis des années : immigration, racisme… », des éléments qui doivent être traités faute de quoi d’autres discours se renforcent.



L’autrice interroge les stratégies syndicales, « Il est significatif que les organisations syndicales de contestation aient maintenu, dans le contexte des Gilets jaunes, une stratégie strictement identique à celle qu’elles mettent en œuvre depuis des années : journées de grève en semaine, pas de véritable tentative de jonction, pas de tentative de lien », l’impulsion des luttes et le rythme de mobilisation, les revendications dont celles autour démocratie, les nouvelles pratiques, les thématiques écologiques, la place des travailleurs et des travailleuses, le syndicalisme qui « regarde le monde avec les yeux d’une femme, d’une personne racisée, d’un chômeur ou une chômeuse, d’une habitante ou un habitant de quartier populaire ou déshérité, d’un ou une jeune en contrat précaire ou sans contrat », le syndicalisme interprofessionnel comme outil « que chacun et chacune se sente prêt.e à utiliser », les moyens de rencontre et d’actions communes, les dynamiques possibles « entre militantes et militants de diverses organisations syndicales qui se posent des questions communes sur l’avenir du syndicalisme »….



Sommaire :



Verveine Angeli : Les Gilets jaunes : de l’urgence à poser des questions pour le syndicalisme

Christian Mahieux : Les couleurs des Gilets jaunes

Patrick Le Tréhondat : Avec nos excuses

Elie Lambert : Dijon : chez nous

SUD Industrie : Gilets jaunes : une aide à la construction d’un syndicalisme révolutionnaire ?

François Giraudon : Nîmes : mon expérience de Gilet jaune

Gérard Gourguechon : La place des retraité·es dans le mouvement des Gilets jaunes

Frédéric Bodin : Gilets jaunes et extrême droite

Didier Labertrandie : Journaliste et Gilet jaune à Toulouse

Fabienne Lauret : Au cœur des Gilets jaunes du Mantois (78), par une Gilet jaune

Laurent Degousée : D’une fièvre jaune à une colère rouge

Thierry Pérennes et Pascal Viton : À l’UL CGT Guingamp

Ligue des droits de l’Homme, Fondation Copernic, Syndicat des avocats de France : Toulouse : l’Observatoire des pratiques policières

Comité La vérité pour Adama : Les quartiers populaires

L’assemblée des assemblées de Saint-Nazaire

Des Zèbres de Gaillac : Gaillac : une expérience de vie collective et de démocratie directe

Villeneuve-sur-Lo : les Gilets jaunes du rond-point du Campanile

Floriane Hédé et Serge Le Quéau : Syndicalistes Solidaires et Gilets jaunes : arrêt sur images à Saint-Brieuc

Yves Bauney : Nous sommes tous des Gilets jaunes

Brigitte Sourrouille : Besançon : retraité·es syndiqué·es et Gilets jaunes

François Marchive : Le syndicalisme de Solidaires à la lumière des Gilets jaunes

Gilets jaunes de tous les pays…

Hors dossier :

Bernard Dréano : Du portail de Strasbourg, à propos de l’antisémitisme, de l’antisionisme et de tous les racismes

Laélia Véron : Prendre la parole, bousculer les dominations

Jean-François Marquis : Expliquer les inégalités ou les effacer



Je ne vais pas détailler tous les textes et encore moins intervenir dans les choix particuliers d’intervention syndicale. Je me contente de souligner subjectivement certains éléments qu’il me semble nécessaire de discuter.



Christian Mahieux aborde les couleurs des gilets jaunes, le contrôle direct des négociations par celles et ceux qui les ont permises par leur action, les actions de l’extrême-droite, les violences, celles et ceux qui n’ont que leur « force de travail » à vendre, la démocratie sans occulter « la démocratie de l’entreprise, donc la propriété sociale des moyens de production, leur autogestion par toutes et tous », les questions de représentativité, la condamnation par la grande majorité des organisations syndicales de la violence des manifestations dans le déni de « celle de l’Etat, sa police et son armée », le hors-entreprise et le local, les enjeux actuels et futurs pour les organisations syndicales…



Je souligne le texte plein d’humour de Patrick Le Tréhondat : « Avec nos excuses ».



La solidarité, « la solidarité démontre qu’en situation d’urgence et de tension, presque de vérité, elle surmonte la fragmentation et l’individualisme », des salarié·es et le syndicalisme comme « grand inconnu », la semaine et le dimanche, « la semaine les corps souffrent au boulot, le samedi, ils hurlent leur douleur dans la rue », le rond-point comme lieu de rendez-vous, « le nécessaire aménagement de ces lieux inhospitaliers et la construction des cabanes et autres bâtiments en dur, toujours plus grands, par l’addition des savoirs faire », des permanences à l’air libre, l’énergie collective pour reprendre « main sur sa vie », les doléances et l’injuste fiscalité, le travail, « c’est tout un monde du travail dégradé, relativement modeste, désenchanté, travail souvent forcé, qui peuple les rangs des actes du samedi », les réalités sociales et les demandent « qui interpellent et bousculent la pertinence de notre quotidien professionnel et syndical »…



La double besogne, les revendications immédiates et le changement radical de société, l’implantation locale des mobilisations, un objet quotidien devenu « signe de reconnaissance, accessible au plus grand nombre », les contradictions des discours « anti-impôts », la répression policière et la question de l’auto-défense ou de la violence, « Des travailleurs et travailleuses, des retraité.es, des citoyens et citoyennes au sens large, qui se révoltent en partant de préoccupations quotidiennes pour aller vers une remise en cause plus globale de la société capitaliste, en exprimant leur rage et leur révolte loin des cadres institutionnels (et ceux affiliés), n’est-ce pas pour quoi nous militons au quotidien dans les entreprises et administrations ? »…



Un article est consacré à l’extreme-droite dans le mouvement des gilets jaunes, son intégration dans certaines mobilisations, son intervention sur les réseaux-sociaux et internet, ses obsessions notamment « l’invasion migratoire », le confusionnisme de certain·es – y compris de François Ruffin dans son hommage au peu recommandable Etienne Chouard -, les attaques de cortèges… les mobilisations pour la justice sociale participent de la marginalisation des courants d’extrême droite, ce qui n’implique pas de baisser les bras face à des réflexions racistes, antisémites, islamophobes, sexistes ou homophobes…



J’ai aussi été particulièrement été intéressé par l’article sur Toulouse et « l’observatoire des pratiques policières », les tirs de grenade ou de LBD et les blessures, les dispositifs et l’escalade dans les armements, « Il existe une asymétrie importante entre les moyens mis en œuvre par la police et la nature des actions menées par certains manifestant.es », les communications institutionnelles, « Les violences, qui ne manquaient jamais alors de commencer, devenaient, non des erreurs conceptuelles et stratégiques, mais un moyen de mettre en exergue « les casseurs » », la police et les décisions du lieu et de l’heure des affrontements, la prise de distance avec les codes et les lois de la part des BAC, la brutalité, « Les policiers ne sont pas seulement violents, ils sont brutaux : ils gazent à bout portant, ils visent la tête, ils frappent des manifestant.es par derrière, souvent aux articulations, ils frappent à terre, ils frappent des personnes menottées, ils empêchent très souvent les street medics de porter secours. C’est la brutalité de ceux et celles qui veulent revenir sur le droit de manifester » (pour cela, certains d’entre-eux viennent d’être décorés par le ministre de l’intérieur ce qui en dit long sur l’ordre du gouvernement !).



Les auteurs et autrices soulignent l’évolution significative de la doctrine des autorités en manière de pratiques policières à l’occasion des manifestations sur la voie publique, la volonté de dissuader « purement et simplement les manifestant.es d’occuper l’espace public et de mettre fin à la protestation sociale par un usage immodéré et disproportionné de la force publique », la peur générée par les « forces de l’ordre ». Iels exposent un certain nombre de revendications : « * L’interdiction définitive, dans la dotation des policiers destinés à assurer le maintien de l’ordre, des grenades GMD et GLI-F4 ainsi que des LBD simples ou multi-coups ; nous refusons que ses armes de « défense » deviennent, en fait, des armes offensives ; * Le retrait de la police pénale, en particulier des Brigades anti-criminalité, des dispositifs destinés à encadrer les manifestations ; * La mise en œuvre d’un audit indépendant sur la formation et le déploiement des Compagnies de sécurisation / Compagnies départementales d’intervention ; * Une remise à plat profonde de la doctrine du maintien de l’ordre en France, respectueuse des droits de manifester, doit être rapidement initiée afin de favoriser, comme dans la plupart des pays européens, la « désescalade ». »



Les gilets jaunes, les cheminots maliens, le Brésil, la Suisse, l’Allemagne, les bergers sardes, le Maroc…





En complément du dossier, trois textes.



Bernard Dréano propose des réflexions à propos de l’antisémitisme, de l’antisionisme et de tous les racismes. L’auteur analyse l’histoire et les formes de la judéophobie, son inscription religieuse historique, les premières lois raciales modernes dite de la pureté du sang – limpieza de sangre -, les justifications idéologiques « scientifiques » du racisme, l’invention du terme antisémite, les effets du Décret Crémieux – une « discrimination positive » envers les « israélites indigènes » en Algérie coloniale, la politisation de la « question juive », la singularité du fantasme raciste antisémite (les similitudes et les différences avec un autre racisme ancien et permanent : le racisme contre les tziganes -rromophobie), le temps long du racisme exercé « pendant des siècles sur des populations autochtones vise essentiellement les Juifs et Tziganes européens », la destruction industrielle de ces populations par l’appareil d’état nazi, l’imaginaire construit et profondément enraciné…



L’auteur revient sur le mot « sionisme », le « sionisme réellement existant », des critiques antisionistes dont celles de populations se considérant comme juives. Il parle d’un ethno-nationalisme centre-européen s’inscrivant dans le mouvement colonial, de droits nationaux limités pour « son seul peuple/communauté/ethnie », un refus de l’autodétermination d’un autre peuple – le peuple arabe de Palestine -, des politiques des gouvernements israéliens, du mouvement national palestinien, des Juifs non-sionistes et des sionistes opposés aux politiques anti-palestiniennes.



Instrumentalisation de minorités, luttes anti-coloniales, organisation par l’état israélien de l’exode des populations juives, instrumentalisation du terme « sionisme » par des gouvernements arabes ou des courants nationalistes ou islamistes, absence de soutien aux droits effectifs des populations palestiniennes…



Antisémitisme et antisémites en France, confusion entretenue entre critiques de la politique israélienne et prisme antisémite, effet ravageur des traitements asymétriques envers l’Etat d’Israël et envers les droits des Palestiniens, banalisation des clichés antisémites, actes violents, dérive conservatrice d’une part des populations se considérant comme juives ou comme musulmanes, actions incantatoires contre les effets du racisme, virulence de l’islamophobie, « la critique comme quoi parler d’islamophobie serait « serait interdire de critiquer une religion » est un sophisme ridicule », racismes coloniaux et orientalisme…



L’antiracisme ne se divise pas. Bernard Dréano termine sur des questions pour un front antiraciste…



Laélia Véron aborde son travail sur les dominations au travers du langage, le travail sur le vocabulaire et la grammaire, les mécanismes de solidarité masculine, les violences langagières en lien avec les aspects matériels et économiques, la Ligue du LOL, « ce phénomène de Ligue du LOL, de pseudo-esprit potache, allait de pair avec une politique managériale extrêmement violente, avec une intrusion permanente dans le travail, voire dans la vie privée des gens qui travaillaient là-bas », les insultes au lieu d’arguments, l’instauration de la violence au travail vis-à-vis des subordonné·es, les listes mail entre garçons et la non-mixité masculine regrettée, le refus de d’hommes blancs dominants de laisser la parole à d’autres, le refus de l’égalité, la délégitimation ou la disqualification de formes d’expression alternative et la réduction en clichés par exemple des Gilets jaunes, la richesse de la langue déniée au profit d’un certain parler et d’un certain accent, la parole d’éditocrates, l’insistance sur le fait divers pour masquer les questions politiques, la focale sur certaines violences, « La violence des dominé·es sera toujours dénoncée à hauts cris, tandis que celle des dominants, dans les mots et dans les faits, est systématiquement relativisée »…



Je souligne les paragraphes sur l’incompétence de l’Académie française, « des gens absentéistes, qui ne font rien et qui nous coûtent cher », les pseudo-experts, les normes édictées contre notre langue, les mots et la politique comme par exemple « cotisations sociales » ou « charges sociales », citoyen et citoyenne comme appellation d’égalité au lieu de monsieur dérivant de monseigneur, le libéralisme et l’instauration d’« imaginaire de l’entreprise et du profit partout »… La démasculinisation de la langue et l’usage politique de vocabulaire adéquat ne sont pas un combat secondaire…



Une invitation à lire son livre écrit avec Maria Candea : Le français est à nous ! Petit manue d’émancipation linguistique.



Expliquer ou effacer les inégalité, Jean-François Marquis discute, entre autres, de l’idée de « distinguer dans ces différences de salaire la partie « expliquée » de la partie « non expliquée » », d’explication, de justification, des écarts salariaux et des grilles d’interprétation, de voile sur les réalités, « L’analyse statistique devient une machine à effacer les discriminations », de la notion de « travail de valeur égale », des discriminations ignorées, « Les inégalités qui se mettent en place en dehors du rapport de travail direct sont donc ignorées », d’utilité sociale, du cadre juridique étriqué en vigueur, de l’isolement des caractéristiques par l’analyse statistique, « Elle ne rend pas compte de comment ces caractéristiques interagissent dans la réalité », de la fiction du « salaire standardisé », du salaire effectivement touché dépendant fortement du taux d’activité, « Le recours au temps partiel différent selon le genre est donc un produit de mécanismes discriminatoires qui façonnent la place respective des femmes et des hommes dans la société, dans le monde du travail et dans la prise en charge du travail gratuit, éducatif, domestique, sans lequel la société ne fonctionnerait tout simplement pas », du tiers en moins – écart entre le salaire net moyen des hommes et celui des femmes en 2014 –« Cette différence, d’un tiers (!), a un impact massif non seulement sur les revenus immédiatement disponibles, mais aussi sur les retraites et la qualité de vie des femmes âgées. Voilà la mesure des inégalités salariales en Suisse ».
Lien : https://entreleslignesentrel..
Commenter  J’apprécie          40
Ukraine, solidarité syndicale en temps de gue..

Une poignée de minutes de tendresse grappillées à la guerre



« Le présent ouvrage vise à transmettre les témoignages recueillis auprès de syndicalistes confronté∙es à la guerre déclenchée en Ukraine par l’invasion militaire russe. »



Dans son avant propos, Christian Mahieux parle, entre autres, des organisations syndicales en Ukraine, du Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine, de délégation syndicale internationale, de la guerre et de la paix, « il faut imposer le retrait des troupes russes d’Ukraine », de désarmement généralisé, « Nous disons non au réarmement et à la militarisation et nous disons oui à l’interdiction des armes nucléaires. L’exigence historique de dissolution des blocs militaires demeure : nous disions « Non au pacte de Varsovie et à l’OTAN ! » Nous disons « Non à l’OTAN et au CSTO ! » », d’objection de conscience, de dépenses militaires, « Nous refusons l’augmentation des dépenses militaires, de la production et du commerce des armes, qui consomment les ressources dont nous avons besoin pour la transition énergétique et pour lutter contre le changement climatique, la pauvreté, les pandémies, etc. », de l’impérialisme russe et de sa guerre en Ukraine…



« Ainsi, « des organisations syndicales de divers pays d’Europe, des Amériques, d’Afrique et d’Asie convergent sur ce consensus, prolongé par l’indispensable action directe : condamnation de l’agression du pouvoir russe, droit à l’autodétermination des peuples, pacifisme et antimilitarisme du mouvement ouvrier, dénonciation des impérialismes, solidarité avec les personnes migrantes… Et l’essentiel dans le contexte présent : « Pour mettre fin à la guerre, pour la paix, il faut imposer le retrait des troupes russes de l’Ukraine » et « en tant que travailleuses et travailleurs, nous répondons selon nos possibilités aux besoins exprimés par nos camarades syndicalistes des pays concernés ».

Place à ces quelques exemples de solidarité syndicale, d’action directe internationale. Ils n’épuisent nullement le sujet ; puissent-ils, au contraire, contribuer à l’éclosion d’autres initiatives ! »



Sommaire :

Julien Troccaz : Bouleversant, révoltant et déterminant

Nara Cladera : Ils et elles défendent leur territoire contre l’invasion russe mais aussi une transformation radicale de la société

Hortensia Inés : Personne n’était venu nous voir, vous êtes les premiers

Jean Vogel : Je reviens d’Ukraine

Verveine Angeli : Deux camionnettes pour les syndicats ukrainiens

Verveine Angeli : Le 2e convoi du Réseau syndical international de solidarité et de luttes

Perrine Poupin : Entretien avec un anarcho-syndicaliste volontaire de la défense territoriale



Quelques instants saisis en toute subjectivité.

La solidarité humaine « dont aucune puissance ou bloc militaire ne doit nous priver », les rencontres physiques après les visio-conférences, « Nous sommes venu·es pour essayer de comprendre un peu mieux ce qu’ils et elles vivent, ressentent, veulent… Pour être plus efficaces dans notre solidarité ! », les personnes fatiguées « mais surement pas résignées », les passages de frontières, la politique d’extreme-droite du gouvernement polonais, la tristesse et la colère, « bouleversant, révoltant et déterminant »…



Le silence dans le bus, « il donna l’épaisseur du drame humain », la pesanteur de la peur, la douleur « de ceux et celles qui doivent se quitter, s’exiler, aller au front », les lectures campistes myopes, la parole des syndicalistes « d’Ukraine, de Russie, du Bélarus et de Pologne », la solidarité et les projets de convois syndicaux, « Notre activité syndicale internationaliste assume toute sa dimension politique, à partir de la défense et des intérêts de notre classe sociale et dictée par les besoins de nos camarades d’Ukraine », la place des femmes dans l’économie, la double lutte « à laquelle les travailleurs et travailleuses d’Ukraine sont confronté·es face à ce gouvernement néolibéral », les problématiques féministes mises en exergue par la guerre, la dimension populaire de la Défense territoriale, l’annulation de la dette…



Le travail du syndicat centré sur la survie de ses membres, « transport des fournitures humanitaires, sauvetage des travailleurs en danger, fourniture de nourriture et soutien aux nombreux cheminots qui combattent maintenant dans les unités de défense territoriale et les forces armées », les réseaux comme sources de soutien cruciaux, l’occupation russe et la destruction des organisations indépendantes, la nécéssaire propriété publique des ressources énergétiques et l’expropriation de l’oligarchie ukrainienne, l’obligation d’adhérer aux syndicats russes dans les zones occupées, la complicité des organisations syndicales russes, le tourbillon de pauvreté, les besoins urgents d’une assistance en matériel médical et en médicaments, la centrale de Zhaporizhzhia, le site de Tchernobyl, « Non seulement les installations des travailleurs ont été complètement saccagées, mais d’importantes infrastructures de sécurité comme les laboratoires, les dossiers de santé et de sécurité et les bases de données informatiques ont été détruites », le droit des travailleurs et des travailleuses d’élire leur propre gouvernement, « La victoire de ce droit démocratique en Ukraine pourrait affaiblir non seulement l’impérialisme russe mais aussi celui de l’Ouest »…



Je souligne la démarche intersyndicale, l’expression commune d’une solidarité aux travailleurs et aux travailleuses, « c’est par la rencontre et la discussion avec nos camarades ukrainien·nes, afin de connaître leur appréciation de ce qui se passe, leurs engagements, leurs problèmes liés à la situation de travailleur·euses pendant la guerre », l’importance du soutien des syndicats hors de l’Ukraine, les expériences passées de Secours ouvrier pour la Bosnie ou celle du Convoi syndical pour la Tchétchénie, les contre-réformes du travail, « Faire que la solidarité internationale des travailleurs et travailleuses pèse au maximum dans la victoire »…



« Les convois syndicaux vers l’Ukraine s’inscrivent dans la tradition du mouvement ouvrier. L’internationalisme en fait partie. Le pacifisme aussi. Le militarisme est à combattre. Dans le cas présent, la paix passe par le retrait des troupes russes, donc par le soutien à la résistance populaire ukrainienne » Christian Mahieux dans son « Epilogue ».



Le titre de cette note est emprunté au texte de Nara Cladera.




Lien : https://entreleslignesentrel..
Commenter  J’apprécie          10
Les Utopiques, n°7 : Mai 68 : Ce n'était qu'u..

La vie a changé de couleur, une brèche s’est ouverte…



Je ne vais pas essayer de rendre compte de l’ensemble des textes de ce riche numéro. Juste quelques éléments choisis subjectivement en re-feuilletant la revue. Des analyses et des projections, le souffle de la révolte, sans les nostalgies épuisées de certain·es…



Sous les pavés la grève, (re)lire des extraits du texte de Jacques Kergoat permet de réfléchir, entre autres, sur la spontanéité des luttes, les ancrages historiques du surgissement de l’événement, la lutte contre la guerre d’Algérie, la grève des mineurs de 1963, l’unité syndicale, la déconfessionnalisation de la CFTC, les mobilisations des employé·es et des technicien·nes, la recomposition du « mouvement ouvrier », les comités de soutien et l’irruption des « femmes de », le déclenchement des grèves, « Il est facile de constater que plus elles sont tardives et plus le poids syndical sera déterminant », la grève, « le départ de la grève est compris comme l’occasion de « solder les comptes » », les formes de luttes, l’occupation des usines, l’apprentissage de la démocratie, « c’est la pratique qui consiste à réunir quasi quotidiennement l’ensemble des grévistes afin de les informer et de faire avec eux le point sur la conduite de la grève », le faible niveau d’auto-organisation, Les assemblées générales, les comités d’actions et les commissions, les comités de grève…



Mai 68 ! aux Chèques postaux, « La revendication qui sert de fil rouge à l’action syndicale des filles des chèques, c’est la réduction du temps de travail », l’occupation des locaux, la place des femmes et la (non)répartition des tâches, « enfin chez soi sur son lieu de travail », les changements, « Ma réalité elle, elle a à peine bougé, mais la vie a changé de couleur, une brèche s’est ouverte, des rencontres ont eu lieu, c’est une autre histoire qui s’amorce ». Une leçon de syndicalisme, de lutte et de féminisme.

Caen, la Saviem, le soutien à la décolonisation, occupation et piquets de grève, jonction « étudiants /ouvriers », le rapport aux salarié·es comme clé de la pratique syndicale, « La peur a changé de camp ». Tours, les cheminot·es de St Pierre, « la décision de faire le train fut prise et trouver les volontaires pour assurer la circulation, la conduite et l’équipement en personnel ne posa aucun problème », la gestion de la lutte, le contrôle de l’outil de travail. Usines Renault, la jeunesse dans la grève, séquestration et occupation, la mort de Gilles Tautin, l’espoir de gagner. Des métallurgistes et des « petits souvenirs », la « fusion de désirs de révolte », la spécificité de l’immigration « comme main-d’oeuvre particulière qui espère retourner au pays », les nuits partagées.



Je souligne particulièrement le texte de Charles Piaget : Mai 68 chez Lip à Besançon, une belle introduction au syndicalisme, aux pratiques syndicales, « Les 90/10. Passer 90 % de son temps, de son énergie à construire une force autonome des salarié.es, syndiqués ou non. Une force qui pense et agit, un collectif dont les membres sont à égalité. Et 10 % pour le reste, l’étude des dossiers, les rapports avec la direction et avec notre organisation syndicale », l’élection du comité de grève, le temps de la grève et le temps de la négociation…

J’ai aussi été notamment intéressé par l’article de Daniel Guerrier : 68, vu de… la marine nationale, les antimilitariste fichés au carnet B, la lutte contre la torture en Algérie, « la Royale », les ouvriers de l’arsenal en grève, l’insoumission civile et militaire, entre secret défense et transmission de la mémoire…

Mai 68 dans le monde, une vision d’ensemble présentée par Gus Massiah, les Allemagnes et le SDS, Madrid sous Franco, le mai rampant italien et les années rouges, le Sénégal, l’Uruguay, Prague, Moscou, le Japon des années 68-69, le Mai 67 en Guadeloupe et ses mort·es toujours occulté·es.

Le cinéma, l’Unef, de la critique de l’université à celle de la société, les universités d’hier à aujourd’hui « Pendant 50 ans, deux projets se sont fait face : la sélection à l’entrée de l’université, face à la revendication d’une université ouverte à la proportion la plus large possible de chaque classe d’age », la nécessité de développer des lieux de production de savoirs autres, les paysan·nes, les Beaux-Arts et les Arts Déco…



Le bel après-mai du féminisme, Françoise Picq, « Le féminisme, c’est-à-dire la lutte des femmes, pour elles-mêmes, en lien avec d’autres mobilisations collectives mais refusant toute subordination, possède sa propre légitimité », Christine Delphy, « Comme si ce que nous avions vécu était un rêve, puisque c’était impossible ; on nous l’a assez répété. Sauf que nous n’avions pas rêvé, et que ça s’était vraiment passé. Et si ça a pu se passer , même une seule fois… ».



1971… Le Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR).



Maryse Dumas revient sur le mai 68 de la CGT ; Pierre Khalfa sur cette crise politique majeure et l’absence de réponses à la hauteur des possibles ; Pierre Zarka sur les enjeux toujours actuels, « Les notions d’égalité, de liberté, les processus d’individuation, le rejet de la coercition et des rigidités marquent la génération née après la guerre comme les prochains progrès à accomplir » ; Théo Roumier sur l’exigence démocratique, les auto-organisations, le politique du syndicalisme… Quelques éléments, parfois très discutables, de bilan et des questionnements tournés vers des perspectives émancipatrices.



Comme nous l’écrivions il y a dix ans, avec Patrick Silberstein (voir référence à la suite de cette note), « Il est grand temps de rappeler que cette longue décennie n’a pas été uniquement celle des illusions, même si elles étaient largement présentes, mais profondément celle de l’agir individuel et collectif et celle de possibles, même s’ils ne sont pas advenus ». Nous parlions aussi « présent futur » et de possibles « Tout a été possible, la plage et la grève générale sous les pavés, et enfin à Paris, la victoire, treize années plus tard, d’une certaine gauche qui, loin d’ouvrir une période de transformation sociale, sera celle des capitulations, des adaptations et des renoncements. Tout a été possible et nous avons cheminé sur cette frontière tout à la fois floue et nette séparant le vieux monde des utopies concrètes et émancipatrices »…



Cette livraison nous incite à revenir sur ce passé au présent futur, à discuter des illusions et des possibles inscrits, en France et à l’échelle internationale, d’interroger les pratiques au quotidien qui favorisent ou non les auto-organisations, les solidarités et les mobilisations…
Lien : https://entreleslignesentrel..
Commenter  J’apprécie          10
Les Utopiques, n°14 : Syndicalisme et féminisme

Les femmes ont toujours travaillé, les femmes ont toujours lutté



« A travers ce numéro, nous ne prétendons pas explorer tout le champ féministe du syndicalisme. En plus de vingt ans, les journées intersyndicales femmes y ont largement contribué ; un article y est consacré ».



« Les femmes ont toujours travaillé, les femmes ont toujours lutté, les femmes ont toujours activement participé aux mouvements sociaux, politiques et syndicaux ; et les femmes ont régulièrement disparu des histoires retraçant tous ces moments ».



Dans l’édito, les auteurs et autrices soulignent, entre autres, la priorité à l’auto-organisation, « Celle des femmes s’impose ; les premières concernées doivent pouvoir prendre toute leur place », l’action syndicale contre les violences sexuelles et sexistes, la nécessité de ne pas rester confiné·es dans les frontières étatiques, la place du droit à l’avortement libre et gratuit, les dimensions culturelles, l’interpellation de toustes les syndicalistes, « Mais qui peut mieux en parler que les femmes syndicalistes ? »…



« L’irruption du mouvement de libération des femmes, dans les années 1970, est fondamentale dans l’évolution de la société à cette période. Il est souvent porté et représenté par des femmes qui sont, en partie, extérieures au monde salarial. Mais ce mouvement fera apparaître comme sujet politique central l’oppression des femmes, avec ses différentes conséquences, que ce soit dans la sphère domestique ou dans la sphère du travail, posant ainsi la question du lien entre ces deux sphères. Il a fallu attendre le mouvement des femmes des années 70 pour que la question de l’émancipation des femmes, de leurs revendications spécifiques, et donc de l’oppression particulière des femmes, soit posée dans le mouvement syndical. Ce mouvement, d’abord porté par des intellectuelles, va s’élargir dans la société et interpeller le syndicalisme pour deux raisons essentielles ». Dans un premier texte, « Féminisme et syndicalisme. Je t’aime, moi non plus… », Annick Coupé souligne, entre autres, les luttes menées par les femmes dans les entreprises, la lutte pour le droit à l’avortement, les conférences syndicales femmes et les plateformes revendicatives spécifiques, la confrontation entre le mouvement syndical et le mouvement des femmes, « Mais il y a quand même rencontre et cela a contribué, durant cette période, à un début de prise en charge par le mouvement syndical de la question de l’égalité entre les femmes et les hommes. Ces mobilisations, cette prise de conscience ont imposé, en France, un certain nombre de textes législatifs concernant directement les droits des femmes, dont l’avortement, le viol et les violences et l’égalité professionnelle »…



Je souligne le traitement des réunions non-mixtes, le privé est politique, ce que la domination masculine « induit comme construction sociale dans tous les aspects de la vie des femmes », l’organisation des dominées pour « en faire un enjeu collectif dans une perspective de transformation sociale », l’articulation des lieux non-mixtes et des lieux mixtes dans le syndicalisme, « Les espaces non mixtes sont des outils utiles pour se donner de la force collective et construire le rapport de forces en faveur des femmes, dans les structures de l’organisation », le fonctionnement et la pratique syndicale, l’importance des espaces « où les femmes se sentent légitimes »…



Le texte se termine sur l’enjeu féministe pour Solidaires, « donner une visibilité et une légitimité politique à la prise en charge de ces combats par Solidaires et au travail de la commission femmes »…



Je n’aborde que certains articles et certaines analyses. Je laisse de coté les orientations syndicales spécifiques, les choix d’intervention concrète ou de structuration particulière.



Il me semble significatif que le second article concerne les femmes zapatistes. Je souligne donc le choix de faire place aux combats des femmes au niveau international, d’ouvrir les débats avec des chercheuses, de laisser la parole à des groupes de féministes, de prendre en compte les nombreuses dimensions du féminisme et de ne pas en rester à une vision étroite des revendications des salariées…



Sommaire



Femmes zapatistes, luttes, rencontres et non-mixité / Cybèle David



Travail invisible, grèves invisibilisées ? / Elisabeth Claude, avec la participation de Nicole Savey



Le syndicalisme et sa dette historique avec la lutte des femmes / Nara Cladera



Les femmes ont toujours travaillé / Fanny Gallot



Des journées en intersyndicales femmes / Cécile Gondard Lalanne



Biscaye : une victoire syndicale et féministe / Leire Txakartegi Iramategi



Belgique : d’un 8 mars à l’autre / Claude Lambrechts



L’assemblée féministe toutes en grève à Toulouse / Julie Ferrua



Un réseau de femmes migrantes à Rome / Cybèle David, Camille Saugon, avec Lizet Aguilar



Laisser la place aux premières concernées / Manel Ben Boubaker



Sortir de l’invisibilité des travailleuses dans la crise du covid 19… Et après / Corinne Mélis



Ni les femmes ni la terre ! / Lucie Assemat



Avortement : un droit fondamental, toujours à défendre ! / Cybèle David, Cécile Gondard Lalanne, Murielle Guilbert et Corinne Mélis



Women on waves / Laetitia Zenevich



Agir contre les violences sexistes et sexuelles au sein des organisations / Cécile Gondard Lalanne, Murielle Guilbert, Corinne Mélis



L’action syndicale à l’OIT : pour une convention contre les violences / Sophie Binet



Retraites : genrer le débat revendicatif / Verveine Angeli



Pas de violences conjugales sur les femmes âgées ? / Anne Bennot-Millant



Les listes électorales et la mixité / Murielle Guilbert



Cantamos sin miedo / Mylène Colombani



Les expériences sociales et politiques – dont la place institutionnelle prise par les femmes – ont beaucoup à nous apprendre. Dans des contextes difficiles, l’auto-organisation et une gestion démocratisée permettent de changer l’ordre des relations sociales. Les femmes zapatistes, entre organisation familiale communautaire et espaces non-mixtes, « Nous pensons que nous devions nous retrouver entre femmes pour pouvoir parler, écouter, faire la fête, sans le regard des hommes ; peu importe que ce soient des hommes bons ou des hommes mauvais », les résistances d’hommes, la construction d’un système éducatif, la conquête par soi-même (individuelle et collective) de la liberté en tant que femmes, une rencontre internationale de femmes qui luttent, la confiance et la libération de la parole, « Les femmes zapatistes parviennent ainsi à agir efficacement contre les violences faites aux femmes sur leur territoire, dans un pays laminé par les féminicides et le violences »…



Si les femmes ont « toujours » travaillé (travail domestique non payé et travail salarié mal payé), leur travail a souvent été nié et leurs luttes invisibilisées, « Après la seconde guerre mondiale, les Françaises devenues citoyennes sont d’abord incitées à rester à la maison ; on les efface même des statistiques, en ne comptabilisant plus comme actives quand elles participent à la bonne marche des fermes, mais en les assignant au statut de femme aux foyer, dites inactives. Il faut cependant noter qu’elles représentent, quand même, environ 35% de la population active ! » (En complément possible, Margaret Maruani et Monique Meron : Un siècle de travail des femmes en France 1901-2011), les salariées ont participé à de multiples mouvements de grève et les ouvrières ont été à la pointe de combats revendicatifs. Le syndicalisme des femmes – quelque fois malgré l’opposition des syndicalistes hommes – ne saurait être négligé. Les revendications combinent amélioration des conditions de travail et reconnaissance des qualifications (qui ne sont jamais innées mais toujours acquises). Sans oublier qu’il faut nommer travail ce qui invisibilisé, parce qu’effectué par les femmes au bénéfices d’autres personnes, il n’y a pas gène de la vaisselle, du repassage ou du soin. « Nous portons l’utopie de changer les rapports sociaux pour construire une humanité solidaire et égalitaire »…



Fanny Gallot revient « sur la persistance de l’affirmation erronée selon laquelle les femmes ne sont entrées que récemment sur le marché du travail » (il faudrait ajouter la rengaine sur les femmes blanches ne pouvant travailler que parce que d’autre femmes – racisées – font leur travail domestique, dans l’oubli par ailleurs de l’auto-dispense des hommes de ce travail). Elle parle de l’ampleur et de la diversité du travail féminin, des reconfigurations de la division sexuée du travail, de la réputation de frivolité qui pesaient sur les ouvrières, du travail domestique et de la double journée de travail, des compétences naturalisées et de la déqualification de fait des femmes, de l’articulation division sexuée du travail et division raciale du travail, de la revendication fondamentale de dignité…



Un article est consacré aux journées en intersyndicales femmes. Je me contente de rappeler quelques articles : Intersyndicales femmes : disponibles sur le blog entreleslignesentrelesmots



CGT, FSU, Solidaires : Journées intersyndicales femmes, formation-débat des 29 et 30 mars 2018

Coordination : Évelyne Bechtold-Rognon, Nina Charlier, Annick Coupé, Élodie De Coster, Sigrid Gérardin, Cécile Gondard-Lalanne, Clémence Helfer : Toutes à y gagner. Vingt ans de féminisme intersyndical

Leire Txakartegi : Résidences de Biscaye : victoire syndicale et féministe

Eléni Varikas :Flora Tristan et l’Union ouvrière

Nicole Mosconi : Rapport aux savoirs et égalité des sexes

Annie Dussuet : Le travail domestique : des logiques prégnantes pour les femmes

Intervention d’Odile Fillod aux Journées intersyndicales femmes 2017



Leire Txakartegi revient sur la victoire syndicale et féministe des salariées des maisons de retraite de Biscaye (voir aussi son intervention lors des journées intersyndicales, déjà cité). Je n’en reproduit que la fin : « Autonomisées, fières et satisfaites, les grévistes démontrent à leurs collègues que se mobiliser vaut la peine ; que leur combat est devenu un exemple pour tous les autres secteurs, pas seulement les secteurs féminisés et précaires ; et que la signature d’un accord satisfaisant tient aussi à la syndicalisation, à l’organisation et aux outils syndicaux permettant d’aller au conflit et de le tenir »…



Le 8 mars, le manifeste et l’appel à une grève des femmes en Belgique le 8 mars 2019, « Si les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête ».

L’assemblée féministe « Toutes en grève à Toulouse » est un exemple d’auto-organisation féministe. Julia Ferrua souligne, entre autres, le centrage « sur ce qui nous unit, plutôt que sur nos désaccords », les réseaux et les associations, le fonctionnement de « Toutes en grève » (une assemblée d’individues, une assemblée la plus démocratique et horizontale possible, permettre à toutes d’avoir un cadre où s’investir même partiellement, devenir une assemblée féministe permanente), les espaces bienveillants et sécurisants pour toutes, l’auto-organisation, l’absence de rapport de hiérarchie, les liens avec les organisations constituées, la lutte contre les féminicides et les violences faites aux femmes, l’analyse de la crise et du confinement « en chaussant les lunettes de genre », le manifeste du 8 mars dont « La grève féministe est un outil unique », « Toutes en grève, avec chacune nos spécificités et unies dans la sororité, en refusant d’être catégorisées », « Nous luttons ensemble contre toutes les violences qui nous transpercent », « Notre mouvement catalyse des énergies collectives et émancipatrices », « La révolution sera féministe, ou ne sera pas ! »…



Les articles non abordés ne sont pas moins intéressants. Le blog reste ouvert à celles qui voudraient plus précisément présenter d’autres articles.



Un numéro de très grande qualité, l’apport indispensable de syndicalistes féministes.




Lien : https://entreleslignesentrel..
Commenter  J’apprécie          00


Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Christian Mahieux (4)Voir plus

Quiz Voir plus

Rions avec les titres ! 👂🏻 🍷

Quoique peu banal, le fait divers était passé inaperçu : le ...❓...

rapt au square de lolita rose
vol de sept cent quatre os pour six nez

10 questions
45 lecteurs ont répondu
Thèmes : jeux de mots , humour , potache , titres , bande dessinée , parodie , acoustique , baba yagaCréer un quiz sur cet auteur

{* *}