C'était elle qui m'avait fait prendre conscience de leur langage, jamais le même : murmure des hêtres, froissements doux des châtaigniers, rude caresses des chênes, souffle piquant des résineux. Aucun d'entre eux ne tenait le même discours : les épicéas argumentaient en finesse, les douglas avaient des jugements définitifs, hautains, qui n'admettaient pas la discussion, les mélèzes maniaient plus volontiers l'ironie, les pins se contentaient de rêver. J'avais été surpris qu'elle pût mettre des mots sur ce que j'avais ressenti sans pouvoir le formuler.
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