Le lendemain de la Première Guerre mondiale avait vu se développer un engouement pour la dramaturgie et la littérature naturalistes ainsi que pour les approfondissement psychologiques, suggérés notamment par William James, Nietzsche, Freud et Bergson. La répercussion sur la manière de jouer se partageait entre l'introspection et la mécanique.
Stanley Kubrick, dès Lolita (1962), encouragea ce transformisme qui devient porteur de sens dans Docteur Folamour (Dr Strangelove, 1964), où Sellers, sous divers masques, incarne la folie (Folamour), la bonne volonté (le président Merkin Muffley) ou l'homme ordinaire dépassé par les événements (le major Mandrake).
Une fois l'acteur choisi pour un rôle, s'organise une vaste gamme d'éléments de mise en scène (décor, costumes, maquillage, éclairage etc.) destinés à servir ou à parfaire l'adéquation de l'acteur au personnage, mais aussi à prédisposer le spectateur aux réactions que l'on souhaite provoquer en lui.
Le jeu de l'acteur de cinéma n'est pas un phénomène de génération spontanée. Il se fabrique tant par le talent propre à l'acteur que par la mise en scène qui s'applique à ce talent ou qui l'utilise. Quand le jeu de l'acteur est livré à nos regards, il a été fabriqué.
Tout geste d'acteur recueilli dans un film, fût-il presque imperceptible, a une fonction (réaliste ou ornementale) ; mais il peut être aussi chargé de sens : dans ce cas, il est éloquent.