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Citation de chris49


Et voilà mon mari dans l’impasse qui descend m’apportant un repas dans son petit panier. Et il me dit bonjour en me faisant coucou.
« Coucou », fait mon mari en remuant la main dès l’entrée de la place, avec sur le visage un sourire radieux mais quand même un peu triste.
« Coucou », fait mon mari en faisant de la main un geste maladroit pour me signaler sa présence, et il est seul au monde sur ce sentier étroit qui le mène jusqu’ici.
« Coucou », je fais alors moi aussi quelques instants plus tard et il est déjà là.

[…]

Et voilà que Teddy avance dans l’allée, entouré de brouillard. Il vient pour ma toilette. Tous les jours, et très tôt, même samedi, même dimanche, même les jours de congé. Ce moment consacré (bien que machinal, trop rapide, et pour tout dire bâclé) est un moment d’ivresse dans la rigueur du reste.
Les chaussures de Teddy écrasant les graviers s’entendent bien avant l’arrivée de Teddy derrière les nuages, dit Suzanne. Je ne vois pas Teddy à l’entrée de la place mais je perçois de loin le frottement têtu et las de ses chaussures.
Dès que j’entends craquer les chaussures de Teddy j’entends entre les pierres de véritables cris.
J’ai du mal à me relever quand j’entends Teddy qui arrive ; c’est toujours trop tôt, il fait froid, et je n’ai pas dormi. Teddy sort du brouillard et c’est toujours un autre. Et pourtant c’est le même. Le même Teddy qu’hier. Le même que demain.
Et quel autre Teddy surgirait du brouillard que je reconnaîtrais comme un spectre tranquille ne serait-ce qu’une seconde ?
L’endroit du banc est noir où mon corps cette nuit a dormi, dit Suzanne. Ailleurs, aussi loin qu’on peut voir, tout est blanc.
La masse noire de Teddy traversant le brouillard porte tous les matins la bassine toute fumante. Derrière les mille fenêtres invisibles de la ville, tous les jours de leur vie, les hommes se lavent aussi, dans leurs lavabos, changent de linge, je dois donc faire comme eux.
Tu dois faire ta toilette, dit Teddy.
Comme l’eau de la bassine, presque brûlante encore, me transporte d’extase pendant le bref moment où je passe l’eau du gant sur mes membres gelés ! Je glisse rêveusement le gant chaud sur ma peau, caressant plusieurs fois les mêmes endroits gelés, trempant mes mains dans l’eau, laissant fondre le savon, oubliant de me laver.
Dépêche-toi Suzanne, dit Teddy, c’est bientôt l’heure pour moi.
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