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Je suis parvenue au terme. Tout se résorbe enfin, au bout de l'insatiable, de l'attente, de l'exténuement. Rien d'autre ne surviendra.
Au loin, très loin derrière, les hommes. Je n'ai plus à prendre part à ce qui les touche. Rien n'est dicible, je ne sais plus, ne veux plus prononcer ce qui serait encore à dire.
Je suis toujours au bout de la jetée, en suspens, séparée. Le temps s'est arrêté, les sons ne me parviennent plus.
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La virginité avait été perdue, et pourtant l'amour était demeuré étriqué, sec.
Des noces de néant.
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Je ne repasse plus jamais devant les roses trémières avec l'innocence de la jeune fille.
Je sais que les fruits avortés sont sans retour.
Le rouge à lèvres
..me livre à un curieux passe-temps .Je me maquille de façon totalement outrancière, au moyen d’un rouge à lèvres particulièrement vif, criard,agressif……(….) suffit à me changer, à me rendre subitement terriblement féroce et vulgaire.C’est du moins ainsi que je me perçois, tandis que personne ne me voit,projetée…(…)..Je jouis secrètement de cette image clandestine.(…)Je suis celle que l’on voit à l’affiche, sur le devant e la scène.Femme de trottoir, fille de joie, créature de sang….(…)Juste une énergie sauvage, éruptive.(…)On m’a inoculé le sang de la pute, qui échauffe, déflore.J’ai les lèvres meutrières et la langue ravageuse.(…)Tout expire, je cesse mon jeu absurde.Je me demande pourquoi j’ai acheté pareil accessoire de maquillage… »
La peur (extrait)l
La peur, une traversée éprouvée dans l'épaisseur de moi, sempiternellement répétée, tandis que je me tiens branlante entre ses tenailles écartées.Mes parois se dérobent, je cède au pilonnage qui me violente.On me cntraint à demeurer ainsi ouverte.Dépassée définitivement incapable.(...)Je ne réussis ni à respiereni à m'étirer.J'attends.Les autres ne comprennent pas.Ils ne m'aident pas.Ils ne voient pas la progression sournoise du poison qu'ils distillent dans mes viscères, lorsqu'ils s'opposent à moi.Mes membres se disloquent, j'éprouve physiquement la désarticulation intérieure, la liquéfaction; assiste passive au délabrement de mon fût.Aucun ciment ne me protège.(...)
Les listes
« Plus j’avance en âge, et plus prend corps la hantise de ma disparition.aNgoissante perspective de ce qui va être interrompu.Vision de mon corps barricadé? de mon esprit impotent, invalide….Dans une autre part de moi, combler,tapisser.Peur de la brèche, des noms lâchés à la criée.M’appuyer sur les mots, comme si c’étaient des murs…..envahissement des listes. Au collège, à la maison.Partout. »