On vient aussi pour retrouver des sensations. "Dans mes archives, je possède 15 000 à 20 000 livres de la RDA. Les gens veulent retrouver les livres d'enfants avec lesquels ils ont grandi et qui n'existent plus aujourd'hui. Les parents, quand ils passent ici avec leurs enfants, leur montrent des objets de leur enfance. Ils sont souvent très émus. Je ne peux tenir ce magasin qu'avec beaucoup d'idéalisme. Il existe depuis trois ans et depuis trois ans mes comptes sont dans le rouge. Je le finance avec mes économies, je ne pars plus en vacances. Mais je reçois tellement des gens en retour, ça vaut bien plus que de l'argent...Parmi ceux qui entrent ici, certains se confient. Leur vie est difficile, avec des divorces, pas de travail. Ils entrent dans cette pièce du fond et se souviennent. On parle des heures. Ce n'est pas de l'Ostalgie. Je n'aime pas ce mot. On s'amuse trop de cette expression."
On vient aussi pour des problèmes techniques. "Beaucoup recherchent des pièces de rechange. Par exemple, les Mutliboy, les moulinettes ne se cassaient jamais en RDA. J'ai encore le mien, manuel : il tient depuis trente ans. Parfois, les gens se sont débarrassés de leurs appareils et ils en ont acheté de nouveaux en provenance de l'Ouest, mais au bout de deux ans, il fallait qu'ils en rachètent, et ainsi de suite. Alors, ils viennent me voir pour acheter RDA. Nous, on produisait des choses solides, ça devait durer longtemps."
1989. "Berlin ist arm aber sexy" ("Berlin est pauvre mais sexy") proclamait en 2003 le slogan du maire de la ville, Klaus Wowereit, consolateur, fataliste et moqueur. Six ans plus tard, le constat est le même : 60 milliards de dettes et un taux de chômage qui atteint 22 % dans certains quartiers. Économiquement en naufrage, Berlin n'a jamais fait l'objet d'autant de fantasmes.
La musique de Berlin est un peu plus brute et un peu plus minimaliste que les autres, mais toujours empreinte de mélancolie.
Les Berlinois de l'Est ont deux vies ; les chats en ont sept, mais eux en ont deux : une avant le mur, une après le mur.
Il faut conserver la culture alternative, c'est ce qui fait la force de Berlin. Les gens sont attirés par cette ville à cause de cela. Les créatifs sont chassés de New York ou de Barcelone et viennent ici pour travailler dans une ville où l'espace est disponible.
Berlin reste malgré tout la ville du "tout est possible".
Berlin est une palette multicolore, pas une ville qui aurait mûri au fil du temps.