Nue au milieu d'un groupe, j'entre dans une position contradictoire, mélange de vulnérabilité et de puissance. Le modèle est affublé d'une aura de mystère pour les gens qui l'entourent. Cette sensation, je m'y suis attachée, non pas que je cherche à cultiver ce mystère, mais parce que quelque chose m'apaise dans l'attention et le respect qui me sont octroyés d'emblée de la part d'inconnus.
Quand l'équilibre est là je le sens. Et je m'arrête.
Tant que le corps devant nous ne tremble ni ne transpire, on ne se dit pas que ce qu'il vit est éprouvant. Du modèle, on se demande juste parfois ce qui lui passe par la tête.
A quoi tu penses quand tu poses ?
J’apprends à fixer mes limites, je ne peux pas accepter les exigences de toutes les personnes que je rencontre. Pourtant, il m’est encore difficile de refuser une situation qui ne me convient pas, quand mon premier réflexe est de la surmonter.
Les élèves du deuxième cours étaient plus attentifs que les premiers. Quand je les sens ouverts à ce que je propose, je n'ai pas envie de m'évader, ils sont dans leur dessin, je suis dans mon corps, et quelque chose nous relie.
Nous dessinions des personnes de toutes les corpulences et de tous les âges. Découvrir la vieillesse de la tête aux pieds, à dix-huit ans c’est troublant. Notre époque, pourtant avide d’exhiber le corps, nous l’avait cachée.
Pfff...elle est trop maigre.
En arrêtant de bouger et de parler, certains élèves doivent se dire que j'arrête aussi d'entendre.