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Citations de Claude Favre (46)


Écouter…



Écouter. Près de Tovarnik des migrants attendent un bus.
On ne les voit pas.

Tous instants décisifs. N'oublier, le monde est là.

Et respirer. Respirer.

Contre l'essoufflement, chaque jour, d'heure en heure,
respirer, chaque jour, respirer, d'heure en heure, aller un
peu plus loin, n'aller nulle part, de bonté et d'ardeur.

Sur la route de rien.

Ce matin, de nuit encore, cette folie de sauter pieds nus,
l'herbe drue de rosée froide, dehors, jaillissant du sommeil,
dehors.

Pas de peur, pas mourir, pas aujourd'hui.

4° ce matin.

Je crois qu'il n'y a pas de lumière en ce monde sinon ce monde

(nous avions tout perdu en aimant)
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            On raconte qu’il existerait un texte d’Aristote



            On raconte qu’il existerait un texte d’Aristote, pas tout à fait un texte, sa décalcomanie, tracés des lettres d’un papyrus, truelle fichée sur la boue, mottes de terre et lettres grecques à l’envers, une voix à peine disparue qui donnait voie aux voix qui pâlissent, disparaissent. Et qu’on ne sait pas ce qui se dit. À l’envers.
            N’imagine ceux qui à vive allure arrivent du temps, suspendent le trait, dans des barques d’amont s’embrassent, dansent à reculons, piaffent chantant, s’effacent en chemin de traverse quand leurs lèvres remuent.
            Et leurs lèvres remuent et ceux qui fuient sont beaux.
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N’imagine, les disparus, errants, perdus, les poursuivis



N’imagine, les disparus, errants, perdus, les poursuivis
les contrôlés, aimant, les ombres et les enfants de
Deligny. Ceux du bord, boue de l’eau. Les vagabonds,
aimant. Déserteurs de clans. Fouteurs de vie en l’air. Qui
s’arrachent. Arrachent. A tout bout de champ. Rayés de
la carte. Mais les vrais noms ne sont pas sur les cartes. Et
les bateaux quittent vraiment les quais. D’aucuns jamais
ne reviennent jamais. Péris. En mer, en désespoir, en vie.
Péris pour la fortune. Tranchées cales métamorphoses.
Conteneurs sans air, boues des soutes, asphyxiés, au fond
noyés, foutus au fond, mourus, muets. Ou sous le galop
d’un cheval siècle devenu fou, fou. Fou cavalier aux
désirs fous. Par les étranges terres, les étranges aventures,
quérant.
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mercredi 4 février
  
  
  
  
mercredi 4 février, douleurs tête encore, à peu près
on parle d’oiseaux et je ne comprends rien
debout avec ces trous de la chienne mémoire et
ce besoin des langues, et leurs creusements
des choses, par le détail je me souviens et
du peintre Simon Hantaï qui souvent pensait
se mettre dans l’état de ceux qui n’ont
encore rien vu il aurait fallu se crever les yeux dit-il
il aurait fallu ne pas prétendre, ne pas, d’avant-poste oublier
s’abstraire il aurait fallu, alors sortir de l’hôpital
la langue à l’œil nu, son frein à l’impossible
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mardi 17 mars …
  
  
  
  
mardi 17 mars, une partie de l’humanité disparaît
jours et siècles après jours, des rêves des mots, et nuits
des gestes aussi, avec l’amour avec, le yiddish n’est plus
parlé si peu, je n’en sais que petite grammaire
Erri De Luca vous en remercie, qui pour nous pour moi, êtes un
homme à apprendre des autres, condamné, ce monde où ce sont
les poètes, les hommes pour qui dire c’est
faire c’est dire n’est-ce, Nasreen, Rushdie, Al Sabbagh, Djaout
et caetera, soulever traces, des autres quand le mot blasphème est
un mot en langues, terrain commun de la haine l’assignation
perdre les siennes, tracer plus haut, sans peur vouloir, danser
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N’imagine les disparus, errants, perdus, les poursuivis, les contrôlés, aimant, les ombres et les enfants de Deligny. Ceux du bord, boue de l’eau. Les vagabonds, aimant. Déserteurs de clans. Fouteurs de vie en l’air. Qui s’arrachent. Arrachent. À tout bout de champ. Rayés de la carte. Mais les vrais noms ne sont pas sur les cartes. Et les bateaux quittent vraiment les quais. D’aucuns jamais ne reviennent jamais. Péris. En mer, en désespoir, en vie. Péris pour la fortune. Tranchées cales métamorphoses. Conteneurs sans air, boues des soutes, asphyxiés, au fond noyés, foutus au fond, mourus, muets. Ou sous le galop d’un cheval siècle devenu fou, fou. Fou cavalier aux désirs fous. Par les étranges terres, les étranges aventures, quérant.
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            N’imagine les oubliés



            Convoquer les disparus, les proscrits, ceux au ban, ceux des bords, des fleuves traversés, aux histoires méconnues, falsifiées. Convoquer, arracher les sales petits mots arrêtés entre les dents, les mots de famine, quand la faim n’est pas que la faim.
            Dire son nom de poète russe, à plus d’âge à mendier avec les paysans. Le corps qui lâche.
            Dire, te souviens-tu de ses mots, précis, et de sa voix, son phrasé, de celle qui apprit ses poèmes par cœur, lucide.
            Ses mots à Voronèj, le ciel sans nuances.
            Ses mots d’elle à Moscou, pensant à lui à Voronèj.
            Dire son nom, mendiant lucide. Fantôme de notre avenir.
            À vous, de hautes erres, convoquer, et merci.
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Comme ça qu'elles tombent, qu'elles
tombent. Desgringuèlent.
Quel affront, exagèrent des fois, à
braver en chute. A grand bruit.
Libres.
Blessées.
p12

Des fois, avec des mots tombés d'où
querelle.
Tiens il tombe des filles ce soir,
des filles en colère.
Certaines se relèvent, des fois
silence.
Certaines, pas.
Crevardes. C'est là, préférerait
pas. Qu'elles. Et.
Mais
Et puis.
p24
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mercredi 11 mars …
  
  
  
  
mercredi 11 mars, plus de 30 000 enfants, en France, ce sont
des statistiques, n’ont pas de domicile fixe, ce qui veut dire
à la rue mesure-t-on la souffrance
quand on appelle ou quelqu’un appelle pour soi le 115
pour dormir, une nuit, dans un hôtel avec cafards
les autres nuits aux urgences, ça aussi c’est plus qu’un mot
dans une voiture ou s’il y a , entrepôt, gare
ou dans des bidonvilles, garages, squats, tentes, aux abords
des bois, abois des villes, des lois, comment
même les femmes enceintes, voir les jours se lever, comment
comment cabossés, des enfants, vivre, et après

et comment les sans frontières, gueux, les sans aveux,
disparaissent
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Souviens-toi, te souviens-tu des terres



Souviens-toi, te souviens-tu des terres
cicatricielles, blessées recouvrant des hommes blessés,
des sept tonnes de cheveux de femmes transformés en
feutre, des herbes et des brindilles au vent. Vous nous
sommes.


Les histoires, pour certains Indiens, sont des êtres
vivants. Ont leurs ombres, et leurs ombres, qui sont filles
de nos voix, comme il n'y a pas deux ombres pareilles,
ni de phrases, sont traverses, tracés, veilles. Cisaillées
parfois.
Quand, parfois sans nom connus de nous, parfois
Cherokees, fiers, fiers alors dépouillés par loterie, leurs
terres anciennes usurpées, affamés par les baïonnettes de
l'État général en 1838, ne leur resta qu'à partir, loin de
leurs ancêtres. Leurs femmes, l'amour, est-ce qu'il n'y
a qu'un nom, pieds nus, quittant leur terre, sur la piste
des larmes, mutiques, titubant, titubant, sur la longue, la
longue, l'obstinée longue route des larmes.
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n'étiez chevaux vous brûliez vos doigts clous chauffés vos rêves à blanc crocs d'espoirs odeur vous cochon grillé la vie c'est la vie là-bas l'espoir c'est brûler
(Claude Favre)
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Des fois elles tombent à grand peine en pleurs.
Des fois elles tombent à hurles boyaux.
Dévergondées, plein leurs ventres, des fois. Et des bouches colère comme jamais. Jusqu’à.
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_comme un geste d'arrière-secret d'arrière-froidure d'arrière-rêverie d'arrière-trafic d'arrière-trame d'arrière-inquiétude : d'arrière-passage : les chiens chacals & fièvres sont lâchés mais où ils vont & la langue qui garde maintien & bel & bon ne s'épuise s'épuise d'ombres en nos coeurs il y a plus de prose que d'épouvante c'est d'hommes tant d'histoires & plongeons comme le coeur lourd
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On s'emmêle les souvenirs, y a du collage, contes & défaits. Cela peut coûter cher à chercher forces quand raison n'est.
On se mêle aux cordeaux & trompettes mais où elle va la langue on peut se demander pourquoi on a failli on peut se demander.
On a failli.
Plombé, alourdi du corps de ceux des autres.
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vendredi 2 janvier 2015
  
  
  
  
vendredi 2 janvier, un peu je me rappelle
rien d’un exercice d’écriture ni d’un seul
marronnier, d’autres rêves, pas la première fois
Beckett aidant, revenir et repartir rappelé
et repoussé, ménages ce matin, suite de fêtes
obligatoires s’achève terrible qui me rejette en bloc on
est en famille comme on est entre soi comme on s’en fout
des autres comme on est dans, préposition indiquant
la situation d’une personne par rapport à ce qui la contient
et je vais m’enrager laver crasse saloperies jusqu’au
vomi que je reçois comme étrennes ça doit s’appeler avec
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jeudi 1er janvier 2015
  
  
  
  
jeudi 1er janvier 2015, s’arc-bouter
contre butées, si, préfère l’impair, mais
able est un suffixe de qualité dans ce pays
pleureur crispé sur ce qui serait in
dubitable une et seule identité n’est pas
l’autre, quoi qu’il lui, n’est-ce pas Don Quichotte
le plus à l’ouest n’est pas celui qu’on croit
qui croit n’a pas le verbe nouveau mais l’intérêt
sélectif quand caravane a beaucoup d’ex
ploits et pas que les renards font les poubelles
en mer, meurent des étrangers, sans nom
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Corps sans mots, coups nets.
Formes à cris, et larves, métamorphoses.
Entre les murs, caves, prisons, goulags, le pire d’entre les murs, imagine un fragment de poème, un homme à bout de lui, la tête assiégée.
Pas pris ces lèvres qui remuent.
Pour quelques hommes offrant ainsi la vie, un peu de vie, du moins le temps d’un matin, un drôle de temp si bref et qui dure, l’espoir. Ceux qui, par les étranges terres, les étranges aventures, disent les mots, en grande silence. Mais imagine, imagine.
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Il y a les lisières…



Il y a les lisières, il y a les ombres.

Hors de, sans adresse. Hors de, espace mortel parfois.
N'être d'ici ni d'ailleurs.

S'éloigner, le décider. Plus loin, à nouveau plus loin, un peu
près de la peur, pas peur.



Il y a les lisières, il y a les ombres, il y a des oiseaux.

Vivre.

(nous lancions nos cris à qui mieux mieux)

Le moins de traces possible. Seules des traces de don,
de bonté, si souvent d'impossible. Et pourtant non. Se
battre de forces et rages, contre l'impossible.

Ne pas vouloir se survivre, vivre. Ne pas écrire plus haut,
plus grand que soi, peser le poids de chaque mot, en chaque
phrase. Ne pas savoir ce qu'est une phrase. Ne savoir que
si peu. Écouter, écouter d'attention libre. Se taire, écouter,
savoir se taire. Fragile.

Disparaître. Peut-être.

En chute libre, aguets des zones aveugles de la pensée.
Ne pas toujours les reconnaître, chercher, tenter.

Ne rien céder aux meutes, hordes. Vivre. Hors de.
Disparaître.
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Pas toucher, la colère mouche merde, mord.
Toujours à drame, tiens.
Une colère qui monte, qui monte, qui monte qui. Tombe qui monte monte, qui sombre.
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Et des yeux comme ça qui regardent comme ça, ça rime à quoi des yeux comme ça, saloperies.
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