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Citation de klakmuf


(…) le bruit des bottes en train de monter quatre à quatre l’escalier (…) et elle – la virginale Agnès – debout, poussant par les épaules l’amant – le cocher, la palefrenier, le rustre ahuri – vers l’inévitable et providentiel placard ou cabinet des vaudevilles et des tragédies qui se trouve à chaque fois là à point nommé comme ces énigmatiques boîtes des farces et attrapes dont l’ouverture pourra provoquer tout à l’heure aussi bien une explosion de rire qu’un frisson d’horreur parce que le vaudeville n’est jamais que de la tragédie avortée et la tragédie une farce sans humour, les mains (toujours le corps, les muscles, pas le cerveau qui à ce moment se dégage à peine de la poisseuse brume du sommeil, les mains donc seules, voyant) ramassant au passage les pièces d’habit masculin éparpillées çà et là qu’elles jettent pêle-mêle aussi dans le placard, le bruit des bottes ayant cessé, se tenant (les bottes, ou plutôt l’absence, l’arrêt soudain et alarmant du bruit) immédiatement derrière la porte, la poignée secouée en tous sens, puis le poing frappant, et elle criant : « Voilà ! », refermant le placard, s’éloignant, se dirigeant vers la porte, apercevant encore alors un gilet, ou un soulier d’homme, le ramassant, criant de nouveau à l’adresse de la porte : « Voilà ! », tandis qu’elle revient en courant au placard, le rouvre, lance sauvagement à l’intérieur, sans regarder, ce qu’elle vient de ramasser, le panneau de la porte résonnant maintenant sous les terribles coups d’épaules (la porte que tu as entendue voler en éclats sous les furieux assauts d’un homme – mais ce n’était pas le valet !) puis elle, là, puérile, innocente, désarmante, se frottant les yeux, souriant, lui tendant les bras, lui expliquant qu’elle s’enferme à clef par crainte des voleurs tandis qu’elle se presse contre lui, l’enlace, l’enveloppe, la chemise glissant comme par hasard sur son épaule, dénudant ses seins dont elle presse, froisse des tendres bouts meurtris sur la tunique poussiéreuse qu’elle commence déjà à dégrafer de ses mains fébriles, lui parlant maintenant bouche à bouche pour qu’il ne puisse voir ses lèvres gonflées sous les baisers d’un autre, et lui se tenant là, dans ce désarroi, ce désespoir : défait, désorienté, désarçonné, dépossédé de tout et peut-être déjà détaché, et peut-être déjà à demi détruit…
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