AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Constance Lacroix (24)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Lettres choisies de la famille Brontë

Quel plaisir inouï de lire ces lettres ! L'ouvrage en est visiblement la première traduction en français...C'est un peu scandaleux d'avoir privé les amoureux français de cette exceptionnelle famille d'une telle intimité avec elle pendant 170 ans !!!

170 ans !!! Et pourtant Charlotte semble nous parler à l'oreille, tout près. Car c'est elle, l'interlocutrice. La plus sociable. La seule qui ait jugé bon d'entretenir quelques relations avec les êtres du monde extérieur. D'Emily et d'Anne, quasiment rien. Elles demeurent mystérieuses, et l'on se prend à traquer dans les missives de Charlottes des instantanés pris sur le vif : Emily et son chien, Emily cuisine et fait le ménage, Emily l'énerve avec son caractère impossible, Emily et Anne sourient, avachies dans des fauteuils, à la lecture de certaines critiques loufoques tirées des journaux que Charlotte leur lit, à la veillée, au sujet de leurs livres ...Branwell écrit quelques lettres, à des poètes, des éditeurs, puis des amis, principalement pour leur demander de l'argent, quand il a sombré dans un alcoolisme destructeur.

L'atmosphère au presbytère de Haworth ressort, faite de pluie, de froid, de vicaires, de volonté de partir et de revenir. On suit à travers Charlotte ce que l'on connaît déjà, le voyage en Belgique, la dépression, le terrifiant hiver 1848-1849, qui voit successivement disparaître Branwell, puis Emily dans de terribles souffrances. En mai 1849, c'est le tour d'Anne. Charlotte décrit le silence à Haworth et son chagrin insondable. Puis sa survie, à travers l'écriture et l'ouverture sur le monde que lui offre sa célébrité immédiate. On suit aussi, avec plus de légèreté, son cœur de midinette qui cherche l'amour, et qui lutte entre le désir d'être libre et la peur d'une terrible solitude qui l'attendrait à la mort de son père.

J'ai, vous l'avez compris, extrêmement apprécié cette lecture, où l'on peut entendre si proche de nous l'esprit vivant et libre de Charlotte Bontë, sa voix inimitable et familière, dans le moindre petit billet. C'est cela, le génie. Merci, Charlotte !
Commenter  J’apprécie          422
Lettres choisies de la famille Brontë

Avant de débuter cette critique, je me dois de faire un aveu : je ne peux prétendre à la neutralité sur ce livre, ma sœur en étant la traductrice. Mais l’objectif de cette lecture est de faire connaissance avec la famille Brontë, et pour cela il n’est pas besoin de neutralité.



Commençons par les personnages secondaires. Leur frère Branwell, aux dons bien vite gâchés par l’alcoolisme – figurent dans le recueil quelques-uns des billets qu’il envoyait à ses connaissances pour mendier un peu de gin. Leur père, austère vieux pasteur pourtant doté d’un étonnant humour à l’occasion, et qui aura le malheur de voir mourir tous ses enfants. Leur vieille et fidèle domestique, partie intégrante de la famille…



Des figures littéraires oubliées peuplent également ces pages. Constantin Héger, brillant professeur bruxellois et amour secret de Charlotte. Hariet Martineau, flamboyante et irascible féministe, qui fut l’ami de Charlotte malgré de vertigineuses différences d’opinion. William Thackeray, décrit comme « un titan intellectuel » par Charlotte ; Elizabeth Gaskell, qui écrivit sa première biographie…



La très grande majorité des lettres sont de Charlotte. Des trois, elle semble avoir été de loin la plus sociable, entretenant notamment une correspondance nourrie avec sa fidèle amie, Ellen Nussey. Anne semble avoir été particulièrement timide et effacée. Et la grande Emilie, l’auteure du foudroyant ‘ Hauts de Hurlevent’… Semble avoir eu un caractère totalement impossible ! Brillante, solitaire, farouche, intransigeante et inséparable de ses landes désertes bien aimées…



C’est donc elle qu’on découvre leurs vies à toutes – une vie dure. Un pasteur ne gagne guère, et avant leur succès littéraire la famille flirtait avec la misère. Si la nourriture ne manquait pas elle était pauvre et monotone ; le moindre bout de tissu était une dépense mûrement réfléchie. Par la suite, leur relative aisance leur permit quelques fantaisies, notamment quelques séjours sur la côte.



Leur soudaine célébrité semble beaucoup les perturber du reste – et dans un premier temps elles la vivent comme une contrainte. Elles maintiennent leur anonymat le plus longtemps possible, vivent comme des épreuves les voyages à Londres pour rencontrer les éditeurs. Percluses de migraines, peu habituées à la haute société, malades de timidité, c’est peu dire que les tentatives pour les introduire dans le monde tournent au fiasco !



Mais quand on vit à une époque qui ignore les antibiotiques, la tuberculose se fiche bien de tout le talent littéraire du monde…
Commenter  J’apprécie          235
Lettres choisies de la famille Brontë

Si vous vous intéressez aux différents membres de la famille Brontë, je ne peux que vous recommandez ce recueil de lettres choisies qui se situe entre 1821 et 1855. Cela correspond à la période durant laquelle vécut Charlotte de ses cinq ans à sa mort.

Il est heureux que toutes ces lettres aient survécu aux Brontë car elles permettent vraiment de connaître la vie, les pensées et les ressentis de cette singulière famille. Nous y trouvons des missives des sœurs de Charlotte, Emily et Anne, mais aussi de leur frère Branwell et de leur père. Cependant, la plupart sont de Charlotte qui survivra de quelques années aux trois premiers.

Il s'agit là d'une réelle incursion au cœur d'une vie isolée à Haworth avec son rude climat, à l'image de l'histoire très émouvante et difficile que fut celle des Brontë. Ce qui rend cette lecture si intéressante, c'est que Charlotte raconte énormément tout en ignorant qu'un jour ses lettres seraient lues bien des années encore plus tard. Elle écrivait vraiment sans crainte d'être lu par aucun autre que le destinataire. Alors, elle est d'un naturel qui nous permet de cerner au plus juste sa personnalité... Et quelle personnalité !

Charlotte aspirait à tant de choses ! D'un caractère passionné, elle connaissait souvent la frustration qui mêlée à la culpabilité lui provoquait bien des tourments. Elle ne souffrait pas du célibat mais supportait très mal la solitude, surtout lorsqu'elle se retrouva seule avec son père ayant grand besoin d'elle. Elle avait la chance d'avoir durant toutes ces années une grande amie mais qui malheureusement vivait bien trop loin pour qu'elles puissent se voir souvent.

C'est une Charlotte très touchante et émouvante qui nous est permis de connaître grâce à ses correspondances. Dotée d'une forte personnalité, elle a tout de même pu voyager un peu, à Londres notamment où la recevaient ses éditeurs. Elle pu faire également quelques séjours chez Elisabeth Gaskell, l'autrice de Nord et Sud. Appréciant respectivement leur oeuvre, elles étaient devenues amies. Elle séjournait régulièrement aussi chez Ellen qui passait parfois également quelque temps à Haworth ou elles partaient quelques semaines l'été en bord de mer.

Ces lettres sont une vraie mine d'or pour les admirateurs de la famille Brontë !

Un coup de cœur pour moi !
Commenter  J’apprécie          91
Lettres choisies de la famille Brontë

J'ai découvert un excellent podcast sur France Culture qui diffusait des extraits de la Correspondance de la famille Brontë, d'après le recueil de Constance Lacroix intitulé Lettres Choisies de la Famille Brontë, (1821-1855), publié en 2017 chez les Éditions Quai Voltaire :



Personnellement, des soeurs Brontë, j'ai lu plusieurs fois Jane Eyre de Charlotte et Les Hauts de Hurlevent d'Emily. Je ne savais pas qu'Anne avait écrit, entre autres, Agnès Grey…

J'ai beaucoup appris de cette écoute, tant sur la difficulté d'écrire et de percer en tant qu'auteure dans l'Angleterre du XIXème siècle, que sur une époque.



Dans ces lectures radiophoniques d'extraits choisis parmi les quelques 300 missives du livre, les lettres entre Charlotte et son amie Ellen Nussey ou encore ses éditeurs londoniens, prédominent ; Charlotte demeure le personnage principal de ces cinq épisodes et, d'ailleurs, la série prend fin avec son décès.

Charlotte est l'ainée : dans le premier épisode, en 1835, elle a 19 ans ; Branwell, 18 ans; Emily, 17 ans et Anne, 15 ans, et ils sont obligés de trouver du travail et de quitter la maison paternelle. Puis, dans la deuxième émission, à partir de 1839, tous, nostalgiques, sauf Anne reviennent à la maison, le presbytère de leur père, pasteur à Haworth.

Le troisième épisode commence en 1842 quand Charlotte et Émily vont travailler à Bruxelles comme enseignantes dans un pensionnat de jeunes filles. Elles espèrent s'y perfectionner suffisamment pour pouvoir fonder, à leur retour, leur propre école, projet qui n'aboutira pas. C'est là que Charlotte va tomber amoureuse, sans réciprocité, d'un professeur. Les deux soeurs reviennent à Haworth, Émily pour tenir la maison familiale et Charlotte par désespoir amoureux…

La quatrième émission est peut-être davantage axée sur les activités littéraires, quand les quatre soeurs publient secrètement leurs livres sous des pseudonymes masculins : Acton (pour Anne), Currer (pour Charlotte), Elly (pour Emily), à quoi s'ajoute le patronyme Bell (pour Brontë).

Enfin, dans la cinquième et dernière partie, nous revenons à la cellule familiale, de plus en plus réduite. Branwell, Emily puis Anne ont été emportés par la tuberculose à quelques mois d'intervalle. Charlotte et son père s'isolent alors dans un terrible chagrin dont seuls le travail et le mariage de Charlotte avec Arthur Bell Nicholls viendront à bout.



J'ai été frappée par la discrétion, l'humour et la grande humilité de Charlotte. Ainsi, par exemple, quand elle évoque son tempérament dépressif, son état profondément mélancolique, elle parle d'hypocondrie… Elle est aussi la plus volontaire et la plus opiniâtre des trois soeurs, celle qui prend leurs carrières littéraires en mains.



Nous plongeons dans l'intimité et le quotidien des Brontë, une famille sans doute un peu hors-norme, vivant à Haworth : un père pasteur, qui a élèvé seul ses enfants après le décès de sa femme, jamais remarié, et autour de qui la fratrie s'est toujours retrouvée. Les scènes de la vie de tous les jours alternent avec des réflexions lucides sur le monde littéraire ou la place des femmes dans la société. Durant sa courte existence, Charlotte s'est rarement éloignée de la cure de Haworth et a veillé tour à tour son frère et ses soeurs dans leurs derniers instants. Sa vie est teintée de devoir et de mélancolie, de concessions et de renoncements.

Les lettres de son frère Branwell ne plaident pas en sa faveur et mettent en avant ses excès, sa vanité, son égocentrisme, ses débuts prometteurs et sa déchéance finale… C'était vraiment le fardeau de la famille, assumé cependant.

Anne et Emily sont plus discrètes et plus conventionnelles. Emily ne recherche manifestement pas la moindre reconnaissance de son talent.

Les lettres du révérend Brontë mettent en avant une éducation à la fois sévère et protectrice, mais cependant bienveillante.



Bien souvent, les recueils de correspondance sont des mines d'or pour les chercheurs en littérature… Si, parfois, il arrive que certains ouvrages soient soporifiques ou pédants, d'autres ont le mérite de rendre vivant et intime le quotidien de celles et ceux qui se sont livrés dans leurs échanges épistolaires… C'est le cas ici avec une plongée captivante dans l'intimité et la créativité des soeurs Brontë : aucun ennui, beaucoup de naturel.

Je vous recommande aussi ce feuilleton radiophonique, magistralement adapté sur une belle musique composée et interprétée par Floriane Bonanni.

Quant au livre de référence, je le place dans mes intentions de lectures.



https://www.facebook.com/piratedespal/

https://www.instagram.com/la_pirate_des_pal/



#lesglosesdelapiratedespal

Commenter  J’apprécie          71
Lettres choisies de la famille Brontë

Pour la première fois, les lettres de la famille Brontë sont traduites en Français. Etant une véritable quiche en Anglais, je suis ravie de pouvoir enfin les lire !



Ce recueil rassemble surtout des lettres de Charlotte adressées à son amie d'enfance Ellen Nussey, à ses éditeurs devenus de véritables amis mais aussi à Elizabeth Gaskell. On peut également trouver des écrits du Pasteur Brontë qui nous permettent de découvrir un homme moins austère que le portrait habituel qui dressé de lui dans les biographies de ses filles. Quelques lettres nous montrent la déchéance et les nombreux égarements de Branwell. Les lettres de Charlotte témoignent de son désespoir vis-à-vis de ce frère devenu un fardeau pour tous. Les écrits d'Emily et d'Anne sont malheureusement peu nombreux : quand Emily vivait à Bruxelles, elle laissait à Charlotte le soin d'écrire à leur famille.



Quelle joie de se plonger dans les esprits et la vie quotidienne de cette famille unique ! Cette lecture m'a permis non seulement de me remémorer des choses que j'avais déjà apprises lors de la lecture de biographies mais aussi de percevoir les sentiments précis des membres de la famille lors d'événements. La pudeur de Charlotte laisse certaines zones d'ombres que j'espérais voir un peu "éclairées" par ses lettres. Elle se refuse à parler de son amour pour M. Héger et reste très discrète sur l'écriture et la création de Jane Eyre, des Hauts de Hurlevent ou d'Agnès Grey.



Les lettres de Charlotte sur la maladie, le décès d'Emily et d'Anne sont bouleversantes. Les descriptions de la maison vide le sont tout autant. Préparez bien votre petit coeur pour lire ces instants de vie.



On découvre en étant un peu gêné l'admiration sans borne de Charlotte pour Emily qu'elle surnomme "le soleil" de la maison mais aussi ses remarques un peu condescendantes vis-à-vis d'Anne qu'elle juge faible. Peut-être que cette impression négative que j'ai eue ne tiens qu'à moi. Si vous avez-lu ces lettres avez-vous ressenti la même chose ?



On admire surtout la force et le courage sans faille de Charlotte, vivant seule avec son père, continuant à écrire, oubliant son propre bonheur, alors qu'en six mois elle a perdu ses sœurs et son frère.



Dernier délice de cette lecture: refaire dans mon esprit mon voyage à Haworth d'il y a quelques années en tournant les pages de ce recueil.
Lien : http://lecottageauxlivres.ha..
Commenter  J’apprécie          70
Lettres choisies de la famille Brontë

Traduites et annotées par Constance Lacroix



Pendant un mois, je me suis plongée dans la correspondance de la famille Brontë, traduite pour la première fois en français - l'occasion de refaire mentalement le voyage à Haworth d'il y a deux ans. Trois cents lettres, écrites entre 1821 et 1855, en grande majorité celles de Charlotte, qui dialogue avec son amie de toujours Ellen Nussey, ou son éditeur, entre autres. Mais aussi quelques unes d'Emily, de Anne et de Branwell ou de leur père, le révérend Patrick Brontë.



Ces lettres furent ma lecture de chevet, chaque soir. C'est avec plaisir et émotion que l'on se retrouve plongé dans l'intimité de cette famille devenue mythique. Des personnes réelles devenues des personnages. Parce que finalement, ce recueil épistolaire se lit comme un roman polyphonique, sous l'ascendant de Charlotte qui était sans doute la plus sociable de la famille et qui a survécu à son frère et ses soeurs.

On est frappé par l'isolement de cette famille qui semble vivre en huis clos, recluse, et dont les lettres sont, semble-t-il, pour Charlotte, outre un moyen de dialoguer, aussi une manière de s'évader. Si elle ne reproche pas ouvertement à son amie Ellen de ne pas être venue la visiter, sa déception est à peine voilée : "Nous vous avons longuement et ardemment attendue, ce mardi où vous nous aviez promis une visite - je me suis usé la vue à vous guetter par la fenêtre, armée de mon lorgnon, et parfois même le nez chaussé de besicles."

Pourtant, si dans un premier temps, Emily et Charlotte sont parties jusqu'à Bruxelles pour se former, avec dans l'idée d'ouvrir à leur retour leur propre pensionnat pour jeunes filles à Haworth, leur dessein sera contrarié et elles renonceront définitivement.

C'est l'écriture qui prend le relais pour de bon, mais voilée de secret, avec une première publication conjointe des trois soeurs, en 1846, sous des pseudonymes masculins.

Et puis, c'est Jane Eyre, publié en 16 octobre 1847 sous le pseudonyme utilisé par Charlotte : Currer Bell. Un succès immédiat, un roman plébiscité par Thackeray. Currer Bell, un auteur mystère qui suscite la curiosité, les supputations les plus folles sur son identité, même si l'identité d'une femme ne fait pas de doute. "Si Thackeray s'enquiert à nouveau de l'identité de Currer Bell, dites-lui que c'est, et cela doit rester, un secret jalousement gardé pour la bonne et simple raison qu'elle ne mérite pas d'être révélée - fait qui n'aura pas échappé à sa perspicacité.", écrit Charlotte.

Charlotte cachera même à sa meilleure amie être l'auteur de Jane Eyre. C'est assez étonnant.



Ces lettres nous plongent, à leur manière, dans les salons littéraires anglais de l'époque. Ainsi apprenons-nous que Charlotte n'appréciait guère Jane Austen, qu'elle lui préfère la Française George Sand ! En revanche, elle est littérairement très proche d'Elizabeth Gaskell, avec qui elle entretient une correspondance : "J'ai lu En visite à Cranford avec un de ces plaisirs qui vous semblent toujours de trop courte durée. J'aurais voulu que le texte fut deux fois plus long."



Si Emily, Charlotte et Anne sont des génies littéraires qui se cachent, Branwell, lui, a tout de l'artiste imbu de lui-même, d'une manière assez délirante. J'avoue qu'il ne m'a guère été sympathique. Instable, fragile, il plonge dans l'alcool, l'opium et autres stupéfiants. Charlotte déplore à de nombreuses reprises son attitude et désespère dès 1845 : "Mes espoirs sont au plus bas en ce qui concerne Branwell. Je crains parfois qu'il ne parvienne jamais à rien de valable." Il rend la vie impossible à sa famille, extorque de l'argent à son père en menaçant de se suicider s'il ne lui donne pas satisfaction.



Pourtant, son décès brutal, en septembre 1848 laissera les Brontë dans une grande mélancolie. 1849, année terrible qui verra disparaître Emily deux mois après son frère. Puis ce sera Anne. La mort qui frappe comme une malédiction : "Les jours de cet hiver sont traînés, sombres et pesants, comme un convoi funéraires; depuis septembre, la maladie ne s'est pas éloignée un instant de la maison - c'est étrange - il n'en était pas ainsi jadis - et pourtant tout ceci, je le soupçonne, était en marche depuis des années(...)".

Des pages très émouvantes, notamment la lettre de Patrick Brontë : "J'ai connu, à la vérité, plus que mon lot d'afflictions dernièrement - mais telle était la volonté du Seigneur - et le devoir m'ordonne de me résigner. Mon unique Fils s'est éteint, suivi de près par une fille que j'aimais tendrement. Les larmes sont permises au milieu de tels maux, puisque le Christ lui-même pleura son ami défunt (...)". Ou celles de Charlotte, la seule survivante à ses cadets :

"Le 24 septembre, mon unique frère (...) mourut - d'une mort qui nous frappa bien brutalement. L'avant-veille, il s'était encore rendu au village. Ce fut un coup terrible. Il n'était pas même enseveli que je tombai malade. Je fus prise d'une fièvre nerveuse, qui me rongea sourdement, me laissant sans force. Je fus lente à me rétablir, et ce fut alors que ma Soeur Emily - que vous avez côtoyée jadis - contracta une inflammation pulmonaire - une pleurésie se déclara - nous vécûmes deux mois dans une torturante alternance d'espoir et de crainte : enfin le 19 décembre - elle mourut.

A peine la tombe se fut-elle refermée sur Emily qu'Anne, ma plus jeune soeur, la seule qui me restât, présenta à son tour des symptômes qui nous jetèrent dans les plus vives alarmes. (...) Ma pauvre soeur est partie en paix pour sa dernière demeure. Elle est morte ce lundi. (...) Le spectacle des chambres vides, qui jadis abritaient les êtres les plus chers à mon coeur - et où désormais planera éternellement - je crois - l'ombre de leurs derniers instants."



Charlotte écrivait à Ellen en lui disant : "Je suis certainement vouée à finir vieille fille, Ellen - je ne peux espérer d'autres occasions. Qu'importe, je me suis résignée à ce destin dès l'âge de douze ans"; elle se mariera le 29 juin 1854 au vicaire de son père, Arthur Bell Nicholls, mais meurt en mars 1855, à l'âge de 39 ans, renonçant à tout traitement sur le mal qui la ronge. Une vraie femme libre.



Ainsi se referme la porte du presbytère de Haworth, où infusait à l'insu de tous, le génie littéraire de trois soeurs, marqué du sceau de la tragédie.



Ces Lettres choisies sont une invitation à (re)lire toute l'oeuvre des Brontë et à faire le voyage à Haworth, que je vous recommande.
Lien : http://milleetunelecturesdem..
Commenter  J’apprécie          62
Lettres choisies de la famille Brontë

Il y a des auteurs, telles les Sœurs Brontë, Jane Austen et bien d’autres qui nous passionnent tant que chaque éléments de vie nous semble un petit trésor qui nous rapproche de leurs histoires respectives. Étant plus qu’avide d’en apprendre davantage sur Charlotte, Emily et Anne mais également sur les autres membres composant cette famille ainsi que leur sphère familiale, j’ai été ravi de d’apprendre qu’il existait un recueil d’authentiques lettres rédigées de leurs mains. Alors, c’est avec entrain mais néanmoins profond respect suite à la saisissante préface formulée par Laura El Makki, auteure de la biographie Les Sœurs Brontë : La Force d’exister, que je me suis lancé dans cette anthologie, se dévoilant un véritable trésor à posséder.



En effet et comme le rappelle la biographe, il est à noter que cette lecture se rapproche de l’intime et que nous, lecteurs, n’étions nullement les récepteurs de ces dernières missives. C’est donc avec pudeur et discrétion que j’ai parcouru les quelques 310 lettres mis en ma possession et qui m’ont permis de me rapprocher de cette famille tout en changeant mon regard en vers celle-ci. Bien souvent présentée sous un jour maudit, quelque peu morbide parfois, j’ai été étonné de l’enthousiasme et la soif de vie débordant des, à la fois doux et vifs, caractères de chacun des membres de ce clan. Un clan dont les liens se dévoilent des plus infaillibles et manifestes et dont la mort prématurée de la matriarche, Maria Brontë, se dévoile l’épisode cruel et douloureux mais essentiel à cette touchante et poignante unité.

Une unité qui pousse encore davantage à l’attachement et à l’empathie. Moi qui était déjà plus que sensible à la mélancolie entourant les drames rythmant la vie de cette famille, j’ai été plus que sensible face à toute cette force de sentiments et d’abnégation de toutes et tous au profit des autres, si ce n’est le torturé, Branwell, le seul et unique frère. Ainsi, chaque être de ce cocon se révèle à travers les détails des lettres édifiées par chacun et peaufine les portraits déjà établis de ces derniers par les biographies leurs étant dédiées.



Ainsi, je n’ai eu aucune difficulté à retrouver la tempérance d’Anne, l’altruisme de Charlotte ou bien encore la fougue d’Emily. A elles trois, les romancières offrent de vives et fortes émotions à travers ces différents écrits et quand bien même je regrette l’absence de lettres rédigées des cadettes, je suis ravi d’avoir pu lire, avec intimidation et retenue, quelques traces de leurs passages sur terre. Moi qui craignais le troncage réalisé par Constance Lacroix, à qui on a confié le délicat soin de traduire ces prestigieux vestiges, je suis plus que ravi et enchanté du résultat. Sans monotonie et avec un certain rythme, les lettres défilent et dévoilent une fresque historique et culturelle aussi riche que vivifiante. En effet, qu’il s’agisse des lettres dédiées aux mondanités du quotidien entre Charlotte, ses frères et sœurs mais aussi sa chère et tendre amie Ellen et d’autres correspondants encore comme Elizabeth Gaskell par exemple, mais également des lettres spécifiques à l’univers littéraire, je me suis nourris de chacune d’elles, m’ayant offert un mélancolique voyage débordant d’humilité et d’altruisme.

Une incursion aux émotions paradoxales mais saisissantes et parfois assez troublantes. Entre mon attachement envers cette famille que j’ai redécouvert dans la plus stricte intimité et le fait de me sentir par moments indiscret, je dois bien admettre que cet exercice de lecture me restera longtemps en mémoire.



C’est pourquoi et aussi touchante qu’intimidante, la lecture de ce recueil a été un véritable coup de cœur. A la fois chanceux et intimidé, j’ai rencontré une aimante famille dont la soif de vie et la résilience forgent le respect et l’attachement et offrent une vive leçon d’humilité. Ainsi, je ressors plus qu’honoré d’avoir pu découvrir leurs nombreuses correspondances, me laissant un précieux et intimiste trésor à lire et relire sans modération.
Lien : https://mavenlitterae.wordpr..
Commenter  J’apprécie          40
Lettres choisies de la famille Brontë

Ce livre reprend les nombreuses lettres qu’écrivaient les sœurs Brontë mais c’est surtout la correspondance de Charlotte que nous suivons.

Ses principaux interlocuteurs sont sa meilleure amie Ellen, ses éditeurs et dans les dernières années Elizabeth Gaskell (également grande romancière de cette époque).

Les lettres évoquent leur métier d'écrivaine mais surtout leur vie privée.

Et la vie de la famille Bronté est une tragédie en soie puisque tous les enfants décéderont avant le père dont 3 enfants en 9 mois de temps. On perçoit d’ailleurs, dans les lettres de Charlotte, un avant et un après suite à ces trois décès.

Charlotte souffrira de dépression où mélancolie comme on disait à l’époque et elle ne s’en relèvera jamais totalement. La santé de son père deviendra aussi sa grande préoccupation et le moindre rhume sera source de contrariété.

Au niveau caractère, Charlotte est assez avant-gardiste quand à la place de la femme dans la société mais surtout dans le mariage. N’oublions pas que les sœurs ont publié leurs livres sous un pseudo ne comportant pas de prénom afin de ne pas dévoiler leur identité.

Ce livre permet d'être au plus prêt de la famille Brontë et à la fin j'avais vraiment l'impression de les avoir connu.

Commenter  J’apprécie          40
Lettres choisies de la famille Brontë

Je voue un culte et éprouve une certaine tendresse pour Charlotte, Emily et Anne Brontë. Si Jane Eyre et Les Hauts de Hurlevent font partie de mes romans préférés, j’apprécie lire autour de ce que fut le quotidien de ces sœurs de génie. J’avais ainsi adoré découvrir Les sœurs Brontë à 20 ans (de Stéphane Labbe) ou encore Le monde du dessous (recueil de poèmes et de proses). Après les écrits imaginaires relatifs aux mondes de Gondal et de Gaaldine, place aux lettres ! Avec ce recueil, Constance Lacroix nous propose une plongée dans plus de trois cents lettres (toutes rédigées entre 1821 et 1855). J’ai tout simplement adoré découvrir cette petite pépite, qui constitue une mine d’or pour ce qui est de nous offrir des informations directes quant au vécu des Brontë, mais aussi quant aux conditions de vie extrêmement dures d’alors. Cette lecture a pour moi été un gros coup de cœur.



Un quotidien austère et monotone. Le climat venteux des landes du Yorkshire. Le manque d’argent et la maladie. Grâce à ces lettres, le lecteur découvre la vie difficile d’une petite paroisse située dans le nord de l’Angleterre. L’éloignement entre Haworth et les grandes villes ne facilite pas non plus la tâche lorsque l’on souhaite trouver du travail ou encore se faire un nom. La fratrie Brontë ne va pourtant pas baisser les bras, et puiser dans son imagination pour voyager et s’évader du quotidien.



Comme j’ai aimé me plonger dans ces lettres ! Certaines sont drôles, d’autres se font remplies d’espoir ou emplies d’une tristesse infinie. En les lisant, je serai passée par toute une palette d’émotions. En cette première moitié du XIXe siècle, garder la santé semblait être une des premières préoccupations d’alors. Ne pas tomber malade. Se remettre d’un simple rhume (ce qui aujourd’hui nous semble plutôt banal, et sans grand danger). Souhaiter un prompt rétablissement à ses proches. Ces éléments reviennent très régulièrement dans les lettres de Charlotte. Je me suis alors surprise à imaginer des conditions de vie que jusqu’ici je n’imaginais pas être aussi rudes à cette époque.



Je pense n’avoir qu’un seul regret en ayant lu ce recueil : que les lettres rédigées par Emily et Anne n’aient pas été plus nombreuses. Le lecteur en découvre cependant deux ou trois. Face à ces quelques écrits, on se plaît alors à imaginer une Emily très timide, presque sauvage, qui n’aime pas particulièrement prendre la plume pour correspondre. Son ton se fait direct, sans fioritures. Comme je me l’étais imaginée, Anne apparaît au contraire plus calme, plus sage.

Les écrits de Charlotte sont donc majoritaires. La romancière correspond alors énormément avec son amie Ellen Nussey (avec qui elle gardera un lien toute sa vie), avec ses éditeurs londoniens, ou encore avec Elizabeth Gaskell. J’ai été frappée de découvrir une femme, qui face aux nombreux deuils traversés, reste lucide et ne se plaint jamais. Dans les moments d’abattement, Charlotte parviendra toujours à rebondir. En plus de faire preuve d’une grande d’intelligence, et parfois d’un certain humour (qui transparaît dans ses lettres), il semblerait donc qu’elle ne manquait pas de force de caractère. Si j’ai été émue par les décès d’Emily et d’Anne, de toutes les correspondances présentes dans ce recueil c’est celle entamée avec Ellen Nussey qui a ma préférence. Charlotte se confie en effet énormément à son amie (elle évoque ses projets littéraires, leur célibat respectif, ou encore sa dépression et ses moments de profond abattement). Il y a un ton amical, familier, qui demeure touchant.



Avec ce recueil, j’ai également apprécié en apprendre davantage sur les pensées et ressentis de Charlotte Brontë face à son mariage avec Arthur Bell Nicholls, vicaire de Patrick Brontë, ou encore sur ses nombreux voyages à Londres (la romancière y aurait rencontré Thackeray en personne !).



En bref, cette lecture marquera certainement mon année 2017. Ce recueil offre une photographie de la vie de famille des Brontë, mais aussi un portrait de Charlotte en tant que femme de lettres. Année après année, on avance aux côtés de cette famille unie. Passionnant ! Si j’ai été un peu déçue par la rareté des lettres d’Emily et d’Anne, le lecteur en découvrira pour autant deux ou trois. Branwell n’est pas non plus oublié, tandis que Patrick Brontë transparaît sous les traits d’un père aimant. Je conseille vivement ce recueil à toutes les personnes qui apprécient le travail des sœurs Brontë, mais surtout à celles qui seraient curieuses d’en savoir plus, en accédant à une sphère plus intime.
Lien : https://labibliothequedebene..
Commenter  J’apprécie          30
Lettres choisies de la famille Brontë

Je voue une admiration et une adoration particulières pour Charlotte, Anne et Emily Brontë. Après cette lecture, cette sensation n’a fait que se renforcer. Ce recueil est une vraie pépite ainsi qu’une mine d’informations directes. On découvre la vie difficile d’une petite paroisse de la partie nord de l’Angleterre. La météorologie, le paysage, la maladie, l’éloignement de grandes villes ne font pas d’Haworth un endroit propice à l’épanouissement. Et pourtant, la fratrie Brontë va puiser dans son imagination pour surmonter leur condition. Les lettres de Charlotte sont majoritaires. Cette dernière est extrêmement clairvoyante sur sa situation de femme. Dans les moments d’abattement, elle arrive toujours à rebondir. De la peine, de la joie et de l’émotion avec ce bel ouvrage.
Lien : https://danslemanoirauxlivre..
Commenter  J’apprécie          30
Lettres choisies de la famille Brontë

Il y a quelque chose de dérangeant à ne lire qu'une partie des lettres. Vous aimeriez, vous, lire un roman d'épistoles avec pour seules lettres celle d'un unique destinataire ?

La traductrice ajoute certes des notes pour que l'on ne soit pas perdu, mais elles sont en fin de lettre, souvent sur une autre page, parfois déjà notifiées avant, et ça m'a vite agacé de faire des allez-retour.



J'aurais préféré lire les retours d'Ellen (là j'ai eu l'impression que Charlotte régnait son amitié, s'empressait de décourager son amie au moindre soupirant, vieillefillepowa) (sympa la copine), et encore plus ceux des éditeurs et Messieurs de Londres (comment réagissaient ils ? Quels termes, quelle chaleur/réserve y avait il dans leurs courriers). Voir si seule Charlotte s'embarquait dans des emberlificotés transports ou si c'était la règle de l'époque.



J'ai toutefois admiré l'esprit de Charlotte, ses critiques et avis littéraires, son souhait d'être un homme comme les autres, la difficulté d'être femme et reconnue, d'être femme à cette époque, la soif des nouvelles expériences et nouveaux contacts. La solitude/malchance/mélancolie de toute cette famille qui transparaît dans les courriers. Ainsi que les petits maux quotidiens (elle aurait fait un redoutable contact de réseau social !!).



Commenter  J’apprécie          30
Lettres choisies de la famille Brontë





Lettres choisies de la famille Brontë (1821-1855) a été publié le 13 avril 2017 par les éditions La Table Ronde, dans la Collection Quai Voltaire. C’est une lecture qui a été très importante à faire pour moi et qui sera certainement l’un de mes plus beaux moments de lecture de 2017. Ces lettres, qui n’avaient encore jamais été publiées en France, ont été traduites et annotées par Constance Lacroix et nous permettent de nous immerger véritablement dans la vie des Brontë. La traduction nous donne souvent des indications très importantes avant certaines lettres clés si bien qu’il est possible de s’y retrouver sans être un spécialiste de la famille Bronte pour autant.

Afin de vous éviter certaines déceptions, je préfère vous prévenir dès à présent : la majorité des missives qui vous sont présentées ici sont de la plume de Charlotte.



En effet, sur plus de 300 lettres (et 600 pages), on ne trouve que deux ou trois billets de la part d’Emily, des lettres courtes, qui vont droit au but, d’une sobriété peu étonnante. Quelques lettres d’Anne, d’une douceur et d’une sagesse sans commune mesure. Lettres choisies de la famille Brontë vous permettra aussi de découvrir ou de redécouvrir un pan de la personnalité de Branwell, ce frère adulé dont on attendait beaucoup mais qui a brûlé ses cartouches bien avant l’heure. Le révérend Patrick Brontë n’a pas été oublié et semble être à mille lieues à lieues de l’image sévère et acariâtre qu’on a parfois voulu lui donner. En réalité, c’est un père aimant qui transparait derrière les mots qu’il a laissé.



Le gros de l’ouvrage est constitué des lettres de Charlotte. Elle s’adresse à quelques connaissances puis à des hommes de lettres et à des éditeurs (des passages très intéressants pour qui souhaite en apprendre plus sur son travail, l’évolution de ses manuscrits et l’accueil que leur a réservé le lectorat d’alors). Il y a même un ou deux des fameuses lettres qu’elle a écrit à son fameux Mr Héger, le professeur dont elle tomba amoureuse et qui fut à l’origine de tant de souffrances. Sa correspondante la plus régulière reste néanmoins son amie Ellen Nussey avec qui elle avait l’habitude de discuter de tout et de n’importe quoi, notamment de leur célibat respectif. Ce sont les lettres que j’ai trouvé les intéressantes car ce sont des lettres d’une amie à une autre, vous voyez ce que je veux dire ? Charlotte y a un ton amical et familier particulièrement touchant.

La peinture d’une vie de famille



De lettre en lettre, d’année en année, c’est toute une peinture d’une famille qui nous est donnée à voir. Avec ses bons moments, ses voyages (notamment le fameux séjour à Bruxelles) et ses drames. Vous vous doutez que les lettres écrites par Charlotte comprennent une bonne dose de mauvaises nouvelles, notamment à partir des morts de Branwell et d’Emily. Lui qui part en un jour, consumé par ses excès et elle, qui traine sa maladie pendant des mois et refuse de voir tout médecin. Elle ne s’y décidera que lorsque cela sera trop tard. Mais finalement, alors qu’Emily a ma préférence, c’est la mort d’Anne qui m’a la plus émue. J’ai dû stopper ma lecture une petite heure car les lettres qui suivent son décès, ces lettres où Charlotte raconte le vide de la maison familiale quand elle revient au bercail (Anne Bronte meurt durant un séjour à Scarborough, ce qui n’était une surprise pour personne étant donné son état de santé) sont pleines de pudeur mais en même temps, particulièrement déchirantes et je vous mets au défi de les lire sans verser quelques larmes ! Par la suite, elle confiera souvent ses passages de dépression à son amie Ellen. L’attachement ente le père et sa dernière fille n’en semblera que plus fort : étant tous les deux de constitution fragile, ils semblent constamment craindre que l’autre suivre le reste de la famille dans la tombe. Imaginez l’ambiance ! Notamment la fois où, un peu malade, Charlotte ne rentre pas à la maison le jour convenu : on a l’impression que Patrick Brontë en devient à moitié fou !

Le portrait de femmes de lettres



L’écriture est présente du début à la fin de l’œuvre. Cela commence avec Branwell qui écrit à divers hommes de lettres afin de leur présenter ses récits en vue de récolter un avis, des remarques et peut-être même, la publication dont il rêve. Puis Charlotte prend le relai. Elle se voit d’abord découragée dans ses projets puis l’aventure Bell se chargera de sceller son destin, mais aussi ceux de ses sœurs qui, ont le sait, auront quand même le mérite d’écrire quelques grands classiques de la littérature britannique ! Non mais quelle famille, vraiment !



Toutes les lettres en lien avec l’envoi des manuscrits, les corrections, les publications et tout le secret derrière les sœurs se cachent sont plaisants à découvrir du côté de Charlotte. De nature réservée (bien qu’étant franchement la plus sociable des trois sœurs), elle semblait plutôt bien le vivre, ses séjours à Londres la mettant visiblement dans des états de fébrilité sans doute peu agréables. Les fans d’Elizabeth Gaskell apprécieront certainement de connaître les prémices de l’amitié littéraire qui unira les deux femmes.

En bref,



Porté par la merveilleuse plume de leurs auteurs, Lettres choisies de la famille Brontë se dévore comme un roman à plusieurs voix et m’a permis d’avancer, année après année, aux côtés d’une famille qui a toujours été très chère à mon cœur. Je conseille VIVEMENT cet ouvrage à celles qui ont lu les soeurs Brontë, celles qui les adorent et à celles qui sont curieuses d’en savoir plus, de pénétrer une sphère plus intime.


Lien : http://cellardoor.fr/lettres..
Commenter  J’apprécie          30
Lettres choisies de la famille Brontë

Les lettres constituent une plongée dans une vie d’austérité, de privations, de solitude, parfois d’exaltation, et donnent aussi de vivants portraits des écrivains de l’époque.
Lien : http://www.lemonde.fr/livres..
Commenter  J’apprécie          30
Lettres choisies de la famille Brontë

Ce recueil réunit pour mon plus grand bonheur plus de trois cents lettres de la famille Brontë, principalement de Charlotte.



Ce livre étant très dense, j’ai pris le temps de découvrir et de savourer cette correspondance qui regorge de détails sur la vie et l’intimité de cette famille de renom.



Ces lettres sont pour la première fois traduites en français et sont classées chronologiquement avec un bref rappel du contexte évoqué au début de chacune de ces correspondances.



Cet ouvrage nous permet de découvrir une autre facette de cette famille et j’ai été rapidement immergée dans leur quotidien.



Charlotte m’a notamment marquée par son isolement et sa solitude à Hayworth dont la priorité est de veiller sur les siens. Heureusement, sa relation avec sa très chère amie Ellen Nussey, que l’on découvre par le biais de nombreux échanges, lui redonne le sourire même si les visites se font rares.



Figurent également dans ce recueil des lettres envoyées par Charlotte à son éditeur mais aussi des lettres écrites par Anne, Emily ainsi que par leur père.



Année après année, on vit au gré des événements heureux mais également malheureux qui traversent la vie de la romancière notamment avec la disparition tour à tour de son frère et de ses sœurs.



Les traits de la personnalité de Charlotte se dévoilent au fil des lettres et celle-ci apparaît très protectrice, mais également souvent mélancolique voire dépressive.



Un recueil épistolaire passionnant et très riche qui nous offre une autre vision de la famille Brontë, en particulier de Charlotte. Un ouvrage destiné à tous les amoureux de littérature qui donne envie de remettre le nez dans les célèbres romans des soeurs Brontë.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
Commenter  J’apprécie          32
Lettres choisies de la famille Brontë

Au plus près des écrivains : la correspondance. Les lettres réunies dans ce recueil – les plus nombreuses sont celles de Charlotte – permettent de découvrir un autre visage de la famille Brontë. Loin des héros ou héroïnes romantiques.

Ces lettres accordent une place importante à la condition féminine. Dans cette première moitié du 19ème siècle, une jeune femme pour gagner sa vie ne peut être que gouvernante ou au mieux institutrice dans un pensionnat. Cette expérience vécue par les trois sœurs : Charlotte, Emily et Anne les a profondément marqué. Déception de ne pas être reconnues pour leur culture. Mépris de leurs employeurs. La condition féminine, c'est aussi le mariage. Charlotte ne croit pas à l'amour passion. Une femme doit être exigeante sur les qualités de son futur époux . Ces qualités, franchise, sincérité, affection lui permettront de le respecter, de l'apprécier et peut être de l'aimer. Mais Charlotte revendique le droit pour les femmes célibataires et cultivées de ne pas être mises au ban de la société et de pouvoir mener une vie active.

Dans ces lettres, Charlotte crie sa solitude. Enfermée dans Haworth, elle n'aspire qu'à partir,à connaître le monde et du monde. Elle est l'opposée d 'Emily qui ne se sent bien que dans sa solitude et ses landes venteuses. Charlotte étouffe, elle se révolte, elle supplie son amie Ellen Nussey de venir lui rendre visite. Les séjours au bord de la mer ou à Londres lui permettent de retrouver le moral et de tenir.

C'est la publication de ses livres qui va lui permettre enfin de rompre son isolement. Les nombreuses lettres à ses éditeurs témoignent de sa joie d'être publiée mais aussi de ses goûts littéraires. Elle n'aime pas Jane Austen. Elle semble déconcertée par le personnage de Thackeray dont elle apprécie les romans. Elle devient une amie très proche de Elizabeth Gaskell. Elle souhaite que ses livres soient lus et critiqués en tant qu'oeuvres littéraires et non comme des romans écrits par des femmes. Les oeuvres des soeurs Brontë sont publiées sous un nom d'emprunt .

Ces lettres sont habitées par la présence de la mort. Anne, Emily, Branwell disparaissent. Charlotte erre dans une maison désormais déserte. Bouleversant

Une lecture passionnante. La découverte d'une femme particulièrement attachante, Charlotte Brontë, la «  prisonnière «  de Haworth.

Commenter  J’apprécie          30
Lettres choisies de la famille Brontë

Plongée passionnante dans la vie de la famille Brontë. Leur correspondance est touchante et bien sélectionnée, et les notes très utiles pour éclaircir le contexte.



Effectivement elles auraient pu être placées en bas de page et non à la fin du volume, mais avec un second marque-page on s'en sort.



On voit autant le quotidien de la famille, les amitiés, les plaisirs et les déceptions personnelles que l'aspect professionnel de leur vie, et les difficultés rencontrées et surmontées par les sœurs pour être publiées.



Bon, c'est pas un spoiler, la fin du recueil est mélancolique, ils n'ont pas vécu bien longtemps dans cette famille. Mais on ne s'ennuie pas une seconde pendant cette jolie immersion dans le début du 19e siècle anglais.
Commenter  J’apprécie          20
Lettres choisies de la famille Brontë

Ce n’est pas tous les jours que l’on peut se réjouir d’un inédit des sœurs Brontë ! Au milieu du Yorkshire, entre les murs austères du presbytère d’Haworth, les membres de la famille Brontë ne cessèrent de s’écrire tout au long de leur vie. Dans un quotidien dédié à l’étude et à la religion, ces lettres témoignent de l’intimité d’une fratrie unique dans l’histoire de la littérature. Portées par la voix de Charlotte, ces 300 lettres forment le portrait de femmes sensibles et intransigeantes, qui composèrent à elles-seules trois inoubliables chefs d’œuvres à la beauté sauvage - Jane Eyre, Agnes Grey et Les Hauts de Hurlevent. Cette édition soignée leur rend un juste hommage !
Commenter  J’apprécie          20
Lettres choisies de la famille Brontë

Un beau livre qui procure une lecture émouvante. Les écrits rendent compte de la vie quotidienne de la famille Brontë . Charlotte a une plume magnifique dès son adolescence qui transparait dans ses lettres.
Commenter  J’apprécie          20
Lettres choisies de la famille Brontë

À notre époque et avec nos nombreuses applications de messagerie, les écrits épistolaires peuvent paraître dépassés. Je leur trouve un certain charme désuet que j’ai bien souvent fantasmés à travers les films et romans qui en font état. Avant l’arrivée du téléphone, les lettres étaient la manière la plus efficace et rapide de rester en contact/donner des nouvelles/se confier à quelqu’un…



Après le coup de cœur que fut La Recluse de Wildfell Hall, il me fallait rester dans un environnement familier. Ce recueil de correspondances est donc tombé à pic puisque je n’ai pas eu à quitter tout de suite la Famille Brontë. Je souhaitais vraiment en savoir plus sur la célèbre fratrie et ces lettres ont assouvi ma curiosité.



La lecture de correspondances fait toujours naître en moi des sentiments contradictoires. J’ai une certaine gêne avant d’en commencer car ce sont des textes évidemment très personnels. J’ai toujours l’impression – à juste titre – de lire des mots qui ne m’étaient pas destinés, ce qui va peut-être à l’encontre de la volonté de leurs auteur·e·s.



Il y a à ce propos dans les Lettres choisies de la Famille Brontë, plusieurs missives où les destinataires pressent leurs confidents de garder secrète ladite lettre, d’en rayer des passages sensibles, voire de la brûler après lecture. Il est alors légitime de se demander si les Brontë ne se retournent pas dans leurs tombes à chaque page tournée de ce recueil !



Après tant d’années et la mort des intéressés, il peut y avoir prescription et la question morale ne plus se poser. D’autant que rien n’est plus efficace pour connaître quelqu’un que d’avoir accès à ses correspondances les plus personnelles. Ces lettres foisonnent également de nombreux renseignements sur le 19ème siècle et plus particulièrement de l’Angleterre à l’époque victorienne.



La correspondance des Brontë enfin traduite !



Figures emblématiques de la littérature anglaise, les soeurs Brontë sont aujourd’hui mondialement connues. Elles ont réussi à se faire un nom, le leur, elles qui avaient tout d’abord publié sous des noms d’emprunt masculins. Vivre de sa plume en tant que femme à l’époque n’était pas chose aisée. Cela n’a pas empêché le succès de Jane Eyre dès sa publication qui est aujourd’hui devenu un classique, au même titre que Les Hauts de Hurlevent ou encore le (trop) méconnu La recluse de Wildfell Hall.



Malgré cela, personne n’avait encore transposé en français la correspondance échangée par la famille. Constance Lacroix remédie à ce manquement avec plus de 300 lettres traduites. Choisies avec minutie, elles sont classées par ordre chronologique. L’intention de la traductrice – comme elle l’écrit elle-même dans la préface – a été de privilégier une dimension intimiste en peignant avec le plus de détails les sentiments de leurs auteur·e·s.



En plus de tout ce travail afin de rassembler le tout de façon cohérente, Constance Lacroix a joint aux lettres de nombreuses notes. Et pour le côté pratique, elles se trouvent à la fin des missives et non en fin d’ouvrage, détail non négligeable ! De même, au début de chaque nouvelle lettre, une courte introduction replace dans le contexte ce qui va suivre, ce qui facilite grandement la compréhension.



Tout est mis en oeuvre pour que le lecteur ait tous les outils pour profiter au maximum de ces correspondances !



Le recueil rassemble la correspondance de la famille au grand complet : le père, le frère Branwell et les trois sœurs. Il est fabuleux de pouvoir entrer dans l’intimité de la famille. Cependant, la plupart des lettres sont celles de Charlotte, l’aînée. Cela s’explique car c’est elle qui a vécu le plus longtemps et dont on a retrouvé ou conservé le plus de lettres. Son évolution est d’ailleurs notable. Elle est toute jeune fille lors de son premier billet puis gagne peu à peu en maturité et sagesse.



Par ailleurs, nous pouvons suivre tout le travail d’édition qui est fait autour des romans des sœurs Brontë et c’est passionnant ! On a l’impression de vivre la sortie de Jane Eyre de l’intérieur et d’y participer…



Ces lettres sont un excellent moyen de rendre compte de la difficulté de la vie de l’époque. L’état de santé et les maladies (tuberculose, cancer, thyphus…) sont omniprésents dans les écrits et avec eux la mort qui emporte prématurément bien des membres de la famille, ainsi que leurs connaissances. Toutes les épreuves qu’elles ont dû subir aident à comprendre leurs œuvres et personnalités.



Les réflexions décrites relèvent bien souvent de la condition féminine et plus particulièrement de celle des gouvernantes ou des femmes malheureuses en mariage.



Le tout se lit comme un roman passionnant dans lequel on a hâte de connaître la suite. L’ouvrage prend fin à la mort de Charlotte, ce qui est une double peine pour le lecteur. Et pourtant on le sait, on s’y attend mais c’est comme si on n’y était pas préparé tant on s’est attaché à la romancière.
Lien : http://ivredelivres.com/lett..
Commenter  J’apprécie          20
Lettres choisies de la famille Brontë

Une préface intitulée « note d'intention » présente la démarche de la traductrice qui a réuni ces lettres en laissant la plus grande place à Charlotte qui s'est exprimée davantage que ses sœurs. Nous apprenons aussi qu'elle s'exprimait parfois en français, son style a été adopté par la traductrice pour être plus fidèle et proposer un ensemble homogène.

L'ensemble des lettres produites couvrent la période « 1821-1855 » et sont regroupées par année. Ainsi nous suivons chronologiquement la vie de la famille Brontë. La traductrice, en début de chapitre, précise le contexte entourant la missive.

Le lecteur parcourt ce recueil au cœur de l'intimité et des malheurs de la famille Brontë : la mère partie tôt d'un cancer, les sœurs séparées puis malades, le frère qui peine à se faire connaître comme artiste. Charlotte résiste et veille sur tout ce petit monde tout en écrivant le grand roman « Jane Eyre » sous pseudonyme. Sa vie passe au second plan, elle refuse des propositions de mariage.

Quelques lettres sont écrites par Emily, Anne ou par le père, le tout donne un magnifique témoignage de cette famille d'artistes.

Je vous recommande ce recueil épistolaire qui donne envie de se replonger dans « Jane Eyre », ma version préférée est la traduction française de Dominique Jean chez Folio Classique : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-classique/Jane-Eyre
Lien : http://www.despagesetdesiles..
Commenter  J’apprécie          21




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Constance Lacroix (63)Voir plus


{* *}