Les éditions érès lancent "Les lundis d'érès", le nouveau rendez-vous
d'échanges et de débats avec nos auteurs en écho avec l'actualité
en visio sur Zoom - GRATUIT -
avec
Corinne le BarsPascale Molinier
et Dominique Lhuilier
La nouvelle classification internationale des maladies (CIM-11), entrée en vigueur le 1er janvier 2022, ne range toujours pas le burn-out parmi les maladies mais le définit comme un phénomène lié au travail. C'est donc un traumatisme secondaire qui est infligé aux victimes de cette forme paroxystique de mal-être touchant les travailleurs. Dans le livre "Réussir son burn-out, récits de résistantes", 7 femmes racontent pourtant leur chute vertigineuse et leur lent processus de rétablissement. Une résilience qui a pu se déployer grâce à leur participation à une intervention sociale de groupe puis à un projet commun d'écriture de leurs épreuves respectives, avant la création d'une association venant en aide à d'autres personnes en souffrance, étape ultime de leur reconstruction.
Retrouvez l'ouvrage ici : https://www.editions-eres.com/ouvrage/4850/reussir-son-burn-out
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(...) Puis elle remarque que la foule se déchire. Les uns après les autres , souvent avec difficulté, des hommes et des femmes se fraient un chemin pour venir déposer une rose blanche devant la clôture. Ils sont de plus en plus nombreux à se pencher au-dessus du trottoir, mais de moins en moins à trouver de place pour leurs fleurs piquantes , alors ils commencent à les empiler. Mamie a dit que le fleuriste en avait commandé six cents pour l’occasion.Six cents c’est moins que mille mais c’est beaucoup quand même pense le petit bout de femme qui assiste à la scène.
“Un nombre impressionnant de boutons venus fleurir la mémoire de celle qui raccommodait les vies” reprend maintenant Monsieur le Maire alors que le flot de fleurs se tarit.
De très longues minutes se sont écoulées.Juliette est restée en tête de cortège avec ses quatre grands-parents . Ils lui paraissent aujourd’hui encore plus grands qu’à l’habitude, comme s’ils se faisaient un devoir de se dresser devant la foule . Encore plus affectueux également , comme de grands oiseaux de basse-cour couvrant leurs deux poussins du regard. Mais Juliette est lasse : elle tire Papy vers le jardin pour qu’il entre avec elle dans la maison (p 19)
Plus on se fixe des contraintes, plus ça libère l’écriture
Le Président du Conseil départemental s'installe près du micro et attend que son assistante vienne le prévenir de l’arrivée du Préfet. Il a parlé quelques minutes hier soir au plus haut représentant de l’Etat dans le département et il sait que ce dernier va lire à l’intention des agents un message de condoléances signé de la Ministre déléguée en charge de l’autonomie.
Glissant la main au fond de sa poche pour se donner une contenance, Patrick entend le bruit que fait le froissement du papier au contact de ses doigts et se sent rassuré. Pourtant il sait que les phrases du discours qu’il va prononcer n’y suffiront pas. Car celle qui circule aujourd’hui dans toutes les bouches est un leitmotiv que rien ni personne ne pourra arrêter : Eva était une travailleuse de l’ombre pour un public de l’ombre.
Cette phrase a quelque chose d'incongru voire de choquant ,pense Patrick au moment même où son assistante entre dans la salle ,car elle associe étrangement la victime et son bourreau dans un même constat d’injustice. (p 29)
Je ne peux pas retourner sur mon lieu de travail. [...] J'en fais encore des cauchemars... La mule, que l'on pouvait charger plus que nécessaire, car elle râlait un peu mais avançait quand même, s'est tout d'un coup écroulée.
La société m'a appris que je suis une héroïne, qu'elle applaudit, mais ne paie pas.
"Nul n'est irremplaçable." [...]
Et quand mon corps a tout donné, quand mon cerveau a été vidé et rendu inutilisable, quand la moindre de mes cellules a été essorées pour en utiliser jusqu'à la dernière énergie, j'ai été remplacée par une autre éponge, plus propre, plus neuve.
Les gens qui ont le besoin ou l’envie de faire un récit de soi ont toujours quelque chose de difficile à raconter, des blessures de la vie.
Elles étaient anormalement fortes, elles sont devenues anormalement fragiles