« En perdant la tête tu t’es épargnée de nombreuses désillusions à mon sujet. Plus que tes rêves avortés j’aurais été ton grand échec. »
« Je t’ai détestée pour m’avoir volées ces années […] mais il me suffisait de croiser ton regard déboussolé pour regretter ces pensées. Il fallait que je renonce à connaître ce que la maladie ne permettait plus ».
« Réussirai-je à vivre sans toi, maman ? Sans toi ni cette Autre que j’avais fini par aimer comme ma mère ? Il restera un grand vide. De quoi le remplirai-je ? De moi ? Qui peut me dire qui est ce moi que je ne connais pas ? »
« Il n’a pas été facile de devenir une femme sans toi. Devenir la femme de sa vie n’est jamais simple mais c’est encore plus compliqué quand il manque la première, celle qui nous a donné la vie. La jeune femme que je croise chaque matin dans mon miroir possède un visage familier, mais je ne la connais pas. »
« Et toi qui semblait un corps sans âme, étais-tu encore parmi les vivants ou n’étais-tu qu’une vie en suspens ? »
« Mamie ne supportait de te voir te détériorer alors qu’elle était en pleine possession de ses facultés. Comment pouvais-tu être malade et elle non ? Que t’avait-elle légué de pourri, de mauvais pour te rendre aussi fragile ? »
« il est des assassinats silencieux et lents ; des infanticides méthodiques et froids qui ne requièrent pour seule arme que la négligence d’une mère, son différence. Il suffit de jouir du tremblement de son enfant quand elle s’amuse à hausser la voix jusqu’à la faire tonner, de ses airs perdus quand elle se détourne de lui, d’ignorer ses yeux qui l’implorent […] il lui suffit de ne pas trouver de temps pour lui, de ne pas s’occuper à le rendre heureux. »
« Mon existence facile et insouciante ne m’avait guère préparée à un tel tremblement de mère »
« Si elle avait de toi sa proie, nous étions ses victimes collatérales »
« Je choisis donc d’entrer en paix avec ton souvenir ? Où me conduirait le ressentiment si ce n’est à emprisonner l’hiver en mon cœur ? »