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EAN : 9782367600109
123 pages
Erick Bonnier (05/09/2013)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Comment sauver notre mère quand une maladie aliénante a volé toute vérité sur celle qu'elle fut? Que deviennent les rêves d'avenir quand cette mère ne se révèle plus à la hauteur de nos souvenirs d'enfant?
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'amour à mère

Devant la dépouille de sa mère, Victoire, incrédule face à cette mort, revient sur ce qu'aura été la relation mère-fille/fille-mère. Une lente et douloureuse introspection pour comprendre que cette mère devenue absente du fait de la maladie l'était déjà bien avant son apparition et comprendre que, malgré cela, l'amour de l'enfant pour sa mère pardonne à tous les manquements.

Il est bien difficile de parler d'un tel livre. Peut-être parce qu'il touche une corde sensible : celui du rapport à la mère. Et peut-être encore plus parce qu'il laisse en suspens dans l'air du temps un certain nombre de questions englouties avec la mère à jamais endormie.

Victoire, la narratrice a maintenant 25 ans et affronte en ce jour où il faut dire adieu la seule chose qu'il lui reste de sa mère : son souvenir.

Il y a bien sûr la mère qui depuis une dizaine d'années s'est éteinte, a oublié les uns les autres, elle-même. Une mère qui a été frappée de manière précoce par la maladie d'Alzheimer. On le devine oui le mal dont elle est atteinte car son nom n'est jamais prononcé. Les signes eux sont là et ne trompent pas : confusion, oubli, agressivité, dépendance. Une mère donc qui a pris toute la place, qui a effacé la fille adolescente, qui a plongé sa famille dans la tourmente. Une mère devenue inconnue, devenue cette Autre, une personne à apprivoiser, dont il a fallu s'occuper comme d'une enfant. Rôles inversés.

Et puis il y a, mêlé aux souvenirs de cette mère malade devenue si fragile, la mère aux mille visages du désamour. Une femme infâme, exigeante, dure, mal aimante envers ses enfants, son mari. Une image qui jaillit, quasi oubliée ou plutôt effacée par la maladie parce que celle-ci vous rend plus indulgents et vous apprend à aimer malgré les manquements et la rancoeur de ne pas avoir eu la maman que tout enfant est en droit d'attendre. Une image qui laisse des traces, qui ne laisse pas indemne et qui pourtant n'empêche en rien le manque, la détresse de la perte et qui n'empêche aucunement l'amour de s'exprimer et permet le pardon.

L'hiver au coeur est un roman mélancolique, difficile, chargé d'émotions qui se transmettent au lecteur et ne laissent pas insensible. Un roman porté par une belle écriture, sincère. C'est un roman qui conte la douleur, le manque, qui permet au deuil de se faire et qui résonne comme un cri porteur de tant de questions mais un cri d'amour qui au final libère.
Lien : http://quel-bookan.hautetfor..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« En perdant la tête tu t’es épargnée de nombreuses désillusions à mon sujet. Plus que tes rêves avortés j’aurais été ton grand échec. »
« Je t’ai détestée pour m’avoir volées ces années […] mais il me suffisait de croiser ton regard déboussolé pour regretter ces pensées. Il fallait que je renonce à connaître ce que la maladie ne permettait plus ».
« Réussirai-je à vivre sans toi, maman ? Sans toi ni cette Autre que j’avais fini par aimer comme ma mère ? Il restera un grand vide. De quoi le remplirai-je ? De moi ? Qui peut me dire qui est ce moi que je ne connais pas ? »
« Il n’a pas été facile de devenir une femme sans toi. Devenir la femme de sa vie n’est jamais simple mais c’est encore plus compliqué quand il manque la première, celle qui nous a donné la vie. La jeune femme que je croise chaque matin dans mon miroir possède un visage familier, mais je ne la connais pas. »
« Et toi qui semblait un corps sans âme, étais-tu encore parmi les vivants ou n’étais-tu qu’une vie en suspens ? »
« Mamie ne supportait de te voir te détériorer alors qu’elle était en pleine possession de ses facultés. Comment pouvais-tu être malade et elle non ? Que t’avait-elle légué de pourri, de mauvais pour te rendre aussi fragile ? »
« il est des assassinats silencieux et lents ; des infanticides méthodiques et froids qui ne requièrent pour seule arme que la négligence d’une mère, son différence. Il suffit de jouir du tremblement de son enfant quand elle s’amuse à hausser la voix jusqu’à la faire tonner, de ses airs perdus quand elle se détourne de lui, d’ignorer ses yeux qui l’implorent […] il lui suffit de ne pas trouver de temps pour lui, de ne pas s’occuper à le rendre heureux. »
« Mon existence facile et insouciante ne m’avait guère préparée à un tel tremblement de mère »
« Si elle avait de toi sa proie, nous étions ses victimes collatérales »
« Je choisis donc d’entrer en paix avec ton souvenir ? Où me conduirait le ressentiment si ce n’est à emprisonner l’hiver en mon cœur ? »
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Dalila Bellil présente son roman "Nos pères sont partis", paru aux Éditions Encre d'Orient en 2011.
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