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Critiques de Dan Wickline (1)
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The freeze

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il comprend les épisodes 1 à 4, initialement parus en 2018/2019, écrits par Dan Wickline, dessinés, encrés et mis en couleurs par Philip Sevy. Il contient également les couvertures originales de Sevy, ainsi que la couverture variante réalisée par Raffaele Ienco, et 16 pages comprenant les postfaces rédigées par Wickline pour les 3 premiers épisodes, le courrier des lecteurs du numéro 4, et des planches à différents stades de réalisation de Sevy. Il se termine avec les 11 premières pages de Infinite Dark Volume 1 de Ryan Cady & Andrea Mutti.



Dans un futur très proche, 6 individus armés pénètrent dans un lycée. Les élèves, le personnel enseignant et le personnel administratif sont figés, immobiles. L'un des individus repère la jeune femme qu'ils sont venu chercher. Un autre la touche et elle reprend conscience. Ils s'en vont en courant et montent à bord d'un hélicoptère, poursuivis par d'autres individus armés. L'un d'eux est touché à l'épaule, mais ils arrivent à partir. La jeune femme revenue à la conscience demande qui ils sont : l'un d'eux se présente comme étant Ray Adams. Il se rappelle comment il s'était réveillé normalement quelques semaines plus tôt, à 05h55, avait petit-déjeuné, s'était habillé, s'était occupé de sa mère dans son fauteuil roulant et était parti au travail comme d'habitude. Arrivé au boulot, il s'était rendu dans le bureau de monsieur Stout pour régler un problème informatique, en fait une simple prise débranchée. Quand il s'était relevé tout le monde était immobile, figé dans la position dans laquelle ils étaient. Dehors, un énorme carambolage s'était produit du fait de la perte de conscience des conducteurs. Au bout d'une demi-heure, il avait conclu que le phénomène était bien réel, une sorte de gel (freeze) de la population.



Par mégarde, Ray Adams avait touché la peau de Lisa, une collègue de bureau et celle-ci avait repris conscience. Il lui avait fait prendre conscience de l'état des autres collègues. Lorsqu'elle avait touché Daisy une autre collègue enceinte, rien ne s'était produit. Ray Adams avait alors touché Daisy et elle avait repris vie. Ils avaient reproduit la même expérience avec Daisy et monsieur Ordway : à nouveau seul le toucher d'Adams l'avait réveillé. À ce moment, Daisy avait été saisie de crampes et les 3 autres l'avaient emmenée en urgence dans un hôpital où Adams avait réveillé un médecin. Celui-ci avait pu sauver Daisy, mais elle avait perdu son bébé car il était toujours figé. Une fois ce constat effectué, Lisa avait indiqué qu'elle emmenait Ray Adams pour aller éveiller sa sœur. Monsieur Ordway avait fait le constat que son téléphone portable fonctionnait toujours, ainsi qu'internet et les réseaux sociaux, mais qu'il n'y avait aucun post depuis des heures.



Dans le volume imposant de comics indépendant, celui-ci peut attirer l'œil du lecteur par sa couverture savamment construite : un doigt pointé vers le bas, et une courbe évoquant des battements de cœur. Les couvertures des épisodes 2, 3 et 4 reprennent le même motif d'un avant-bras tendu vers le bas, mais avec un accessoire différent à chaque fois : du sang, un crucifix, puis un scalpel. Le lecteur peut donc être intrigué par ces dessins mystérieux, et feuilleter l'intérieur. Il observe des dessins dans un registre réaliste et descriptif, propres sur eux, et étoffés par une savante mise en couleurs. Phillip Sevy représente un monde propre sur lui, des individus normaux évoluant dans des lieux détaillés. Le lecteur observe des acteurs aux traits de visage différenciés, à la morphologie et aux origines ethniques variées. Ils disposent de tenues vestimentaires adaptées à leur position sociale et professionnelle, et changent même de tenue au fil des jours. Il remarque que Maria porte un teeshirt avec l'inscription There are always five, et se demande s'il doit s'interroger sur une signification particulière. La narration visuelle s'avère être d'un bon niveau. Le jeu des acteurs est de type naturaliste, sans recours à une exagération dramatique. Le lecteur peut voir la tendresse dans le baiser que Ray dépose sur la joue de sa mère, le soulagement de trouver une autre personne éveillée quand il étreint Lisa, son embarras quand il doit s'adresser à une population d'une centaine de personnes, etc.



Dès la scène d'ouverture, le lecteur peut voir l'investissement de l'artiste dans la représentation des environnements : les sorties d'aération sur la toiture terrasse, le carénage de l'hélicoptère, la rangée de casiers dans les couloirs du lycée, les tables et les chaises dans la salle de classe, le tableau, la hotte d'extraction au-dessus de la paillasse. Par la suite, Phillip Sevy représente également l'aménagement de la salle de bains de Ray, ses placards de cuisine, les bureaux en espace partagé, la vingtaine de voitures du carambolage s'étant produit sous ses fenêtres, une vue de dessus d'une métropole où il ne manque pas un seul immeuble, la cité de San Marino avec l'urbanisme et l'architecture spécifique des bâtiments, ou encore un poids-lourd avec un chargement de cadavres éventrés. L'approche très précise des dessins fait que ces cadavres n'ont rien de gore, il n'y a même pas de trace de sang. Pour autant le lecteur mesure bien l'horreur de ce spectacle macabre et ce qu'il signifie pour la petite communauté. Sevy réalise lui-même sa mise en couleurs, et il adopte également une approche naturaliste, en jouant sur les nuances pour rehausser le relief des surfaces détourées, mais uniquement avec 2 teintes, sans effet lissés de dégradé. Cela aboutit à une narration visuelle facile à lire, sans impression d'être surchargée, avec un niveau de détails adapté à chaque image.



En entamant cette histoire, le lecteur ne sait pas trop sur quoi il va tomber. Il comprend rapidement que la civilisation s'est effondrée, sans explication claire, tout le monde se retrouvant figé et privé de conscience, sauf un homme. Mais en fait le récit commence quelques temps dans le futur, alors que Ray Adams et plusieurs autres effectuent une opération commando pour récupérer une personne bien précise. Visiblement, ils sont poursuivis par un autre groupe mystérieux qui reste non identifié. Ce fil narratif se trouve très brièvement rappelé en début de chaque épisode, et en fin du quatrième. Il s'agit donc pour le scénariste de donner un avant-goût des choses à venir, mais en fait le principal du récit débute quand Ray Adams constate la survenance du Gel et qu'il se retrouve seul être humain encore conscient. Par la force des similitudes, le lecteur se dit que le scénariste n'est pas loin de reprendre le récit du réveil de Rick Grimes dans The Walking Dead, les zombies en moins. Mais en fait, Dan Wickline se démarque rapidement de cette influence puisque monsieur Ordway constate que le réseau électrique, le réseau téléphonique et le réseau internet fonctionnent toujours, et sont donc toujours alimentés. Lorsqu'un personnage découvre que le Gel a affecté tout le monde, vraisemblablement à l'échelle planétaire, le lecteur comprend qu'il doit consentir une forte dose de suspension d'incrédulité pour croire qu'il puisse en être ainsi alors que plus personne n'effectue d'opération de maintenance.



Le scénariste focalise son récit non pas sur la reconstruction du monde, mais sur les choix à effectuer pour reconstituer une société. Ray Adams devient l'individu le plus important de la communauté puisqu'il est le seul à pouvoir réveiller les humains. Du coup, il devient un enjeu stratégique, mais aussi un enjeu spirituel. Quel sens donner au fait qu'il soit le seul dont le toucher rend la vie ? Le scénariste développe également un autre fil narratif sur le thème de la sécurité. Qui réveiller en fonction des besoins de la communauté (médecin,

Ingénieur, technicien, agriculteur) et comment s'assurer de leur probité ? Or voilà que surviennent plusieurs meurtres au mode opératoire très particulier. Effectivement, Phillip Sevy & Dan Wickline réussissent à créer une ambiance très particulière, avec ces quelques individus évoluant dans un monde presqu'intact, encore peuplé des autres humains mais figés dans l'instant du Gel. Le lecteur se laisse porter par l'enquête sur les meurtres, ainsi que par le comportement de la population vis-à-vis de Ray Adams, sans trop savoir où cela le mène, en s'interrogeant sur le sens de certaines scènes qui ne semblent pas se rattacher directement à l'intrigue, comme la visite de Lisa et Maria au technicien dans la centrale électrique.



Intrigué par la couverture, le lecteur découvre les 4 premiers épisodes d'une nouvelle série. Il apprécie immédiatement les qualités de la narration visuelle : des dessins clairs et propres montrant des individus normaux dans des environnements vairés et détaillés. Il accepte que le récit se déroule sur deux fils chronologiques différents, même si finalement celui suivant Ray Adams depuis le Gel s’avère suffisamment intriguant par lui-même. Il ajuste le degré de suspension consentie d'incrédulité au scénario et savoure cette forme de thriller policier d'anticipation. Arrivé à la fin de l'épisode 4, il reste sur sa faim, ayant l'impression que rien n'a abouti et que ce premier tome ne forme pas un chapitre satisfaisant. Entre 3 et 4 étoiles, avec l'envie de revenir pour découvrir la suite.
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