Payot - Marque Page - Daniel Cordonier - Le feminin du temps
[quitter femme et enfant pour sa maîtresse ?]
Je me sens comme un poisson qui a toujours vécu dans un bocal et à qui on offre la liberté dans l'océan. Je ne supporte plus de me cogner aux parois de l'aquarium, mais j'ai trop peur de l'immensité des flots.
Écrire, c'est une manière de contrôler le temps. Voilà pourquoi j'avais conseillé à votre père de le faire. Je pensais que ça l'aiderait à calmer ses angoisses. L'auteur crée sa propre durée. Il manipule la façon dont les scènes se succèdent. Dans son récit, il devient maître de l'écoulement des heures et des jours. C'est une sensation exaltante, parce qu'on donne vie à une nouvelle temporalité en mettant bout à bout la description de quelques instants.
(p. 235)
Je me sens toujours très démuni quand Otto [ami homosexuel] évoque sa vie amoureuse. D'abord parce qu'il m'en parle peu. Je sais juste qu'il n'a pas trouvé de compagnon pour partager sa vie. Mais surtout parce que je me sens incapable de lui donner le moindre conseil. Je ne connais rien à l'univers des amours entre hommes. Je sais juste que c'est au moins aussi compliqué qu'avec les femmes.
Certains psychologues pensent que le petit enfant prend conscience du temps à travers l'intervalle entre deux moments. Celui où il ressent une envie, comme boire, manger, se faire câliner. Et celui où cette envie est satisfaite.
- Einstein s'est surtout intéressé aux objets massifs comme les planètes et les étoiles. Il a par exemple montré que la force de gravité engendrée par une très grande masse peut modifier le chemin de la lumière. De son côté, la physique quantique s'occupe de l'infiniment petit. Dans ce monde microscopique, la gravité n'a pratiquement pas d'influence car les objets ont des masses très faibles. Ce sont les trois autres forces qui jouent un rôle majeur.
- Alors où est le problème ? Vous n'avez qu'à utiliser Einstein pour tout ce qui est gros et la physique quantique pour les petites particules, et tout le monde est content.
- Nous l'avons fait. Mais il existe des objets qui sont à la fois infiniment petits et infiniment lourds. On les appelle des trous noirs. C'est la conséquence de l'effondrement sur elles-mêmes de certaines étoiles. Pour les décrire, on doit employer les deux théories à la fois. Et ça ne fonctionne pas. Les formules se contredisent ou donnent des résultats impossibles.
Ce serait tellement rassurant si l'univers nous envoyait vraiment des signes sur la voie à suivre. Mais la condition humaine fait de nous des aveugles condamnés à avancer en tâtonnant sur le chemin de la vie. La seule lumière que nous pouvons espérer vient de l'intérieur.
Il était convaincu que la peur de l'incertitude représentait la source principale des malheurs de l'humanité. Selon lui, les personnes qui ne supportaient pas le doute devenaient des proies faciles des idéologues qui proposaient des explications toutes faites. Il avait toujours insisté sur la nécessité de se questionner sans répit afin de débusquer les démons.
Elle m'a initié à la part la plus subtile et le plus fondamentale de la beauté, celle qui naît de la rencontre entre un regard et un instant vivant.
... selon certains théologiens, Dieu a besoin des hommes pour devenir lui-même.
En matière d'éthique je suis résolument du côté de Platon et de Kant [...]. Ils estiment que le bien en soi existe, et que nous devons tenter de l'atteindre.