Grand amateur de romans de chevalerie , j'y ai aimé l'omniprésence du merveilleux (comme d'ailleurs dans les contes et plus tard la fantasy qui s'en inspira) .C'est à l'étude de cet aspect qu'est consacré ce petit essai. Sept chapitres: L'imagination religieuse/Le merveilleux et la guerre/La mythologie antique/Les lais bretons, contes merveilleux/Le mythe et la merveille dans les romans bretons du XIIème siècle/Aspects du merveilleux au XIIIème siècle/Légendes populaires et ésotérisme courtois à la fin du Moyen-âge/La mise en scène du merveilleux
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Comment critiquer une oeuvre telle que ce Livre du Graal ?
C'est un texte réunit en français pour la première fois sous cette forme, une version dite courte d'un ensemble de contes qu'un (plusieurs ?) auteur(s) a tenté d'unifier, de rassembler, de christianiser pour lui donner une cohérence, un début et une fin, du Christ au Graal, à l'avènement du parfait chevalier (et non, ce n'est pas Lancelot !).
Un temps imaginaire mais très ancré dans la France du XIIIeme siècle et ses préoccupations.
On retrouve par exemple ici une introduction (rédigée à posteriori), Joseph d'Arimathie, qui veut ancrer toute la suite dans le monde chrétien, sous le patronage de Jésus et de dieu, avec un départ laborieux tant il ressemble à un cours de théologie, professé certes par un très bon catéchèse !
Ensuite l'histoire démarre avec le Merlin, version complètement christianisé d'une série de légende celtes (et donc païennes et druidiques) qui annonce la venue du Roi Arthur, héros central de cette geste.
Il se passe là des batailles fabuleuses, épiques, avec des armées prodigieuses et des exploits qui ne le sont pas moins: géant démembré, chats immenses occis, armées entières renversées par la force de quelques uns, hommes en armures et bêtes caparaçonnées coupés en deux d'un seul coup d'une arme merveilleuse, tout y est ! Sans oublier les tours de Merlin, toujours là pour aider son ami Arthur !
Le style est un peu différent de celui des romans d'aujourd'hui pour ce premier véritable récit en prose de la langue française, les répétitions y sont plus nombreuses et les structures des combats très ritualisées, donc avec assez peu de suspense. On retrouve un peu l'ambiance des combats de l'Illiade, avec d'assez longues descriptions et énumération mais qui passent toutes seules de façon assez magique.
Malgré son format c'est donc un livre que je recommande fortement, pour le plaisir et aussi parce que malgré tout il représente une des sources de la littérature française !
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Lecture assez difficile car au début c'est très long, répétitif et on ne voit pas tellement où ça nous mène mais l'écriture est fabuleuse et sans qu'on s'en apreçoive tranquillement l'histoire se dessine et notre patience est récompensée. Une épopée commence et lorsque j'ai terminé le premier tome je n'ai pu m'empêcher d'entamer le second immédiatement. Je lui accorde une très bonne note pour la beauté de l'écriture.
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Et voilà le dernier tome du roman fleuve du Graal !
La Quête s'achève, les héros doivent affronter leurs démons, la tragédie s'organise et prend fin.
On a au sein même de ce tome trois type différents de récit. On retrouve Lancelot pour la fin de ses aventures, celles de son fils, de Perceval. De ce côté là c'est encore de la chevalerie et des combats ;
puis vient la partie à nouveau un côté très théologique, un peu comme dans le Joseph d'Arimathie (Tome 1), puisque les chevaliers doivent devenir célestes pour accomplir la dernière quête !
Enfin vient la dernière partie, tragique où le monde d'Arthur s'effondre, complètement.
Trois styles différents donc, et on ressent sur la fin comme une presse, une urgence, les épisodes s'enchaînent très vite, même trop si l'on veut savoir ce que font réellement Perceval et Lancelot durant cette période ! Pour cela il faudra se retourner vers Chrétien de Troyes (ou la version longue de ce livre du Graal -qui doit vraiment être très longue !) car ici, tout cela passe à la trappe ! En parlant de trappe, la christianisation du roman et des aventures des chevaliers n'est pas toujours très habile, et on s'en vient à la regretter car elle nuit parfois au récit et à sa force: en effet la magie est expurgée et la moralité des personnages trafiquée pour coller aux préceptes catholiques ; mais bref, c'est ainsi que nous est parvenue cette légende fabuleuse !
La fin est elle aussi, terrible, on se dit que le prosateur a voulu en finir, pressé par le temps tant les épisodes tragiques et mortels se suivent rapidement. D'un coup Arthur fait tout de travers, ne suit plus les conseils, tout comme son neveu Gauvain, et le monde se déchaîne contre eux. Pour de vrai. La table ronde est finie, tous meurent au combat, ou peu de temps après. C'est moche, c'est la fin d'une époque, sans doute ce que retrace historiquement ces légendes, le passage d'un monde à un autre et les déboires qui vont avec...
Tous ces combats, ces luttes, ces souffrances, pour ça. Bon.
Le style d'écriture, conservé assez fidèlement dans la traduction, est médiéval, forcément, assez répétitif dans les tournures (un peu comme ce que l'on peut lire dans l’Iliade ou le Roland Furieux par exemple) mis cela ne m'a pas gêné, au contraire, j'ai adoré le rythme que cela donne et la dynamique particulière que cela implique dans le récit. il est évident qu'il faut aimer le côté épopée, épique, et longuet de la chose. Mais après tout, on balaye des centaines d'années d'histoire à travers ce Livre, avec quelques focus sur des personnages précis, et quelques omissions dans cette version raccourcie...
Bon, donc, c'est un "roman" fabuleux, qui finalement se lit très bien, avec du rythme (on le dirait parfois construit comme une série !), du drame, de l'héroïsme en veux-tu en voilà, de la courtoisie, un souffle épique génial ! Un must read !
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Ce deuxième tome du Livre du Graal est très centré sur le personnage de Lancelot du Lac et les quêtes qui gravitent autour de lui: la Douloureuse garde, la guerre contre Galehaut, la souffrance de Guenièvre, etc., ...
Très peu de liturgie et de théologie, à l'inverse du premier tome, et c'est tant mieux, bien plus d'aventures merveilleuses, de coup d'épée, de joutes héroïques et d'amour courtois !
Ca ressemble vraiment à un roman chevaleresque ! On se régale ! Le style est très répétitif en surface, mais en fait cela passe très bien, le talent du narrateur/prosateur est tel que récit coule, fluide, grace à des ellipses, la multiplicité des récits et personnages qui s'entrecroisent, se rencontrent, luttent, s'aiment et se haïssent dans des quiproquos sans cesse plus chevaleresques !
On sent parfois aussi la christianisation du récit, collation de légendes plus éparses et surtout païennes, la grande oeuvre d'agrégation et de mise au pli du credo de ce gigantesque chant de la chevalerie !
Bref, une continuation passionnante de ce roman fleuve que j'ai hâte de continuer !
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La partie sur Joseph d'Arimathie est un peu difficile à suivre. On a l'impression de relire la bible. A partir de Merlin, on revient un peu plus dans les univers grand public.
Je regrette que les annotations de lectures soient renvoyées en fin de tome car cela coupe un peu le fil.
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