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Savants et ignorants de Daniel Raichvarg
Comme Louis XVI, Bonaparte eut le goût de chercher dans la physique des éléments permettant d'augmenter le faste de son couronnement. C'est la grande vogue des ballons, et le plus célèbre des aérostiers des fêtes publiques était Jacques Garnerin. On le sollicita pour mettre en place, le 16 décembre 1804, un "ballon perdu", un ballon sans guide, chargé d'aller porter, au gré des vents, la bonne nouvelle, celle du couronnement de Napoléon 1er. Pour ce faire, le ballon devait importer dans les airs, au milieu de trois mille verres de couleur et une inscription: "Paris, 25 frimaire ans XIII, couronnement de Napoléon Ier par S. S. Pie VII." L'opération se déroula comme prévu. Mieux même: par le fait de vents étonnamment favorables, le ballon alla jusqu'à... Rome, signe évident du destin, puisque, au même moment, Pie VII était à Paris et que, quelques années plus tard, Napoléon devait recevoir la couronne de roi d'Italie. Hélas, pour Garnerin, dans la banlieue de Rome, le ballon, perdant de l'altitude, s'accrocha au tombeau de... Néron. Comme le note l'aéronaute et spécialiste de l'histoire de l'aérostation Dupuis-Delcourt,, "les journaux italiens, qui n'étaient pas soumis à une censure aussi rigoureuse que les feuille françaises, racontèrent, innocemment la chose; [mais] certains y ajoutèrent des réflexions désobligeantes pour l'empereur". Ces réflexions vinrent aux oreilles impériales, et Garnerin fut remplacé, comme aérostier officiel, par Mme Blanchard. Éole vengea cependant Garnerin de se disgrâce: le ballon perdu lancé par Mme Blanchard pur célébrer la naissance du prince, le 20 mars 1811, s'arrêta avant Reims...
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