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Citation de fbalestas


En imagination, elle avait un courage sans bornes. Sa voix se déployait dans la rue, emplissait tout l'espace, imprégnait les gens comme une substance adoucissante, purifiante ; en imagination, elle choisissait de chanter un registre suraigu pour les surprendre d'emblée par la hauteur du son, puis s 'abandonner sans vergogne à cette ivresse narcissique qui la plongeait dans un léger brouillard, un vertige de plaisir qui la faisait décoller du plus profond d'elle-même jusqu'à des hauteurs vertigineuses. Mais elle avait fini par choisir Suzanne à cause de la voix chaude, désarmée et triste de Leonard Cohen, et parce qu'il lui serait plus facile, du moins au début, de chanter dans une langue étrangère.
Mais très vite la voix se casse : elle a attaqué trop faiblement, avec hésitation. Pourtant, dans son plan si élaboré, le chant était la seule chose dont elle était sûre. Mais c'était plus difficile qu'elle ne l'avait imaginé. Chanter dans la rue c'était se montrer jusqu'au fond d'elle-même. Elle fait un effort pour surmonter le trac, mais c'est encore si loin de ses rêves fous, quand la rue retient son souffle dès le premier son, que le laveur de vitres de Burger King interrompt ses tristes mouvements circulaires et le marchand de jus de fruits arrête sa machine en plein beuglement de carotte pressée... (...) Elle règle sa respiration et réprime le vertige qui soudain entraîne sa voix, elle oses lever les yeux, jeter un coup d'œil au petit rassemblement, un dizaine de personnes autour d'elle... (...) Tamar sourit intérieurement, son professeur lui manque, elle gravit pour elle les marches imaginaires depuis la gorge jusqu'à l'oiseau secret au centre du front.
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