Il est plus petit que les autres, votre bateau, envoya un kått dont les vêtements avaient ouvert leurs portes à l'excès pondéral.
_ Oui, il l'est, répondit Onzi avec courtoisie.
_ Ils l'ont fait à ton image, lâcha-t-il, le visage plein de méchanceté.
_ Je préfère, pas toi ? rétorqua Onzi. Parce que s'il avait été fabriqué à partir de la tienne, même la forêt de Skök entière n'aurait pas suffi pour le construire.
Le bateau avait une taille légèrement réduite par rapport aux drakkars habituels, mais plus large avec une coque plus haute. Il avait de l'allure. Son bois aux nuances assombries lui donnait du caractère, les têtes de dragon aux yeux sertis de verre volcanique et sculptées avec précision inspiraient la crainte. Sur les flancs, de longues tresses aux teintes dorées apportaient beaucoup de cachet.
_ Hnùtukast ! cria un kått à l'embonpoint puissant.
_ Oui ! Bataille d'os !
Une grande partie des gens attablés se mirent à lancer les restes osseux de leurs écuelles en bois à travers la halle. En peu de temps, les déchets se répandirent dans l'immensité de la pièce, passant d'une table à une autre. Les cris de bataille fusaient à tel point que l'on pouvait croire à une attaque dans l'enceinte du village.
Effectivement , l'épée du Jarl Ragnoll n'était pas qu'une simple lame. Cette relique était transmise à Brisepierre de Jarl en Jarl, jadis crée par le forgeron Skap, l'un des plus éminents que le village ait connu. Même Brokk, que sa renommée précédait, ne se sentait pas à son niveau.
La particularité de cette épée était que ces coups jouissaient du poids d'un marteau, du tranchant d'une hache et de la légèreté d'une dague. Elle portait le nom d'Absolue.
- Ils font vraiment la paire, ces deux-là, déclara Gyda à la vue de Borri, le corps en arc-en-ciel et le visage dans la boue.
Onzi s'amusa de la situation puis soupira. Le fait de devoir le sortir de là, le nettoyer un minimum et l'installer dans sa couche le fatiguait d'avance. Il se détourna de la porte pour s'approcher de Borri. Gyda le stoppa net de son bras.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Tu vois bien... On ne va pas l'abandonner comme ça.
- Tu ne vas pas le réveiller, quand même, regarde-le... Il dort comme un bébé.
Onzi hésita et laissa parler sa fatigue.
- Ouais, tu as raison, ce serait cruel.