AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de lafilledepassage


Ils voguent encore, et Médée s’inquiète qu’ils n’atteignent jamais Iolcos. Elle comprend à présent que ces hommes n’ont aucune envie de retourner à leur vie d’antan. Ils préféreraient emprunter des rivières vers des contrées plus froides, trouver le bout du monde, faire demi-tour et visiter l’Egypte, puis longer son rivage désertique. Ils affirmeraient avoir découvert tous les pays et tous les peuples, ils rétréciraient le monde à l’extrême et se l’approprieraient. Ils rapporteraient des récits de géants abattus et de montagnes sculptées, des rivières et de ruisseaux, les contours de la terre elle-même rappelant les lieux qu’ils avaient arpentés. Niant tous ceux qui avaient été avant eux, le long passé sombre, et s’appropriant aussi l’origine de tout. La fin devenue le commencement. Ce périple instaurerait les limites du monde.
Elle craint qu’il n’y ait plus rien pour eux, après cela. Une assemblée de rois, et que restera-t-il donc à faire ? Rien que des récits, le souvenir de chaque jeune femme, en détail, le son de sa voix, le parfum de son cou, ses yeux dans la lumière du couchant, une profondeur sans fin. Désirer toujours plus.
Tant qu’ils voyagent, ils peuvent retarder ce désir et la mort, aussi, et ce qu’ils sont ne change pas. Ils ne se sentent pas rapetisser. Alors pourquoi voudraient-ils rentrer ?
Commenter  J’apprécie          112





Ont apprécié cette citation (11)voir plus




{* *}