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Citations de Denis Hirson (15)


FRÔLEMENT DE PLUME

Dans la nuit un rêve te replie
momentanément contre moi
déployant un oiseau origami
dans la pluie en suspens, sur un arbre ployé.

Tu me frôles, caresse
de plume innervant mon dos.
Ta rêverie laisse une échelle
posée contre une maison de chaume.

Tu te retournes, à mi-chemin du sommeil
pour lire mes lèvres sombres et muettes.
Dans la montée lente de notre éveil
je suis l’arrière-goût du rêve, son parfum.


INGRID DE KOK
Poème traduit de l’anglais par Katia Wallisky
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LA POÉSIE CONJURE LA MORT

La poésie conjure la mort
bien qu’elle lui donne une chance de se venger.
La mort la saisit mais le poème va
un peu plus loin que la porte de la mort.

et j’en ai la preuve. Une fois, marchant
au milieu des taillis et des caillasses je trouvai
un peu plus loin que je n’avais pensé
aller, une source au timbre sonore.


SYDNEY CLOUTS
Poème traduit de l’anglais par Katia Wallisky
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CHANDELLE

Lis, mon frère, lis.
La cire fond vite.
Les ombres s’obstinent
et se moquent de tes pantomimes
riant à travers le ciment brut
en murmures de coulisse.

Lis, mon frère, lis,
bien que la cire fasse un tas
dans la soucoupe
et que les silhouettes de l’obscurité
s’allongent.

Lis, mon frère, lis.
Seule la mèche rouge brille maintenant.
Mais il ne fait pas encore nuit.
Rappelle-toi mon frère,
il ne fait pas encore nuit.


CHRYS VAN WYK
Poème traduit de l’anglais par Katia Wallisky
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Écrire n'est pas attendre

[...]
Cet après-midi-là, lors de la libération de Mandela, j'ai gagné un pays alors que je n'y étais plus.
Comment admettre auparavant, sans gêne, qu'on était sud-africain et blanc ?
Avec Mandela, la porte de l'Histoire s'ouvrait, avec
ses premiers pas et son vieux poing levé au ciel une
jeune géographie se révélait, palpitante de couleurs et rafraichissante comme la pluie.
Alors j'ai gagné un pays, mais la soute remplie de souvenirs du régime d'avant, ancré à Paris dans mes incertitudes, ce nouveau pays, je l'ai aussi perdu.
[...]
Au vieux jours de l'apartheid, dans les faubourgs
blancs de Johannesburg, on ne prononçait pas le nom
de Mandela. Des nappes de confort et de paresse, d'angoisse et d'amnésie s'interposaient entre nous et des milliers de détenus comme lui. J'en sais quelque chose.
Mon père en était un, pendant neuf ans et demi.

Denis Hirson.
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Une mort annoncée

Venue te voir
dire adieu
poser ma joue
sur tes cheveux.

Après t'avoir laissé
je traverse seule
en me tenant moi-même par la main.

Les feux en trois couleurs
me propulsent, m'avertissent,
m'arrêtent net

tandis que gravitent des mondes
enclos dans des voitures
où d'autres mères
tournent leur tête éclatante

vers quelque autre
enfant qui respire.

Ingrid de Kok, traduit de l'anglais par Jean-Pierre Richard.
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Le portail du jardin …



Extrait 1

Le portail du jardin n’en a plus pour longtemps. C’est à peine si le loquet tient encore ; un montant en bois, rongé par des termites, se retient à la clôture qu’il est censé soutenir. Sous le portail, le sol est si usé par les orages d’été que même un gros chat pourrait s’y faufiler.

Mais il n’y a personne au portail à l’heure qu’il est. De la fenêtre du salon, la seule créature visible est une pie qui bat les secondes avec sa queue, perchée sur le fil téléphonique au-dessus de la haie. Nous sommes le 30 novembre 1973. Je guette l’entrée et j’attends.

Dans le jardin, le soleil s’écrase contre l’herbe déjà sèche, les longues feuilles courbées des agapanthes et le citronnier qui n’a jamais poussé. Encore une voiture qui passe, marbrée sous l’ombre des platanes. Elle ne s’arrête pas. Plus j’attends, moins il est là. Le porche, couleur sang de bœuf, s’assombrit malgré l’éclat de la lumière.
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Affirmation

Le son de sa voix
tisse un chant dont le sens
dépasse les profondeurs de n'importe quel mot
qui pourrait essayer de le nommer
ou l'apprivoiser

Dans le son de sa voix
Je me souviens de chaque chose
Que je n'oublierai jamais

Si l'amour n'est pas tout
ce dont une personne a besoin
ça doit compter

Ici avec ma petite main sur
la tapisserie de la mémoire et mes reins
je me penche encore une fois sur le blues pour trouver
ma voix :
si j'ai tort de t'aimer
je ne veux pas avoir raison.

Keorapetse Kgositsile, traduit de l'anglais par Michèle Métail et Katia Wallisky.
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Enfance à HEIDELBERG
Je suis né dans une maison où les ancêtres
étaient suspendus aux murs.
Les jours de chaleur
ils en descendaient et marchaient en silence
dans les couloirs frais
de la maison obscure, lentement
comme à l'intérieur d'un ventre...
Andries Walter OLIPHANT
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Le portail du jardin …



Extrait 3

Mon père, grandeur nature pour la première fois depuis tant d’années, bascule svelte et étranger dans nos vies ; mon père que j’ai remplacé vient maintenant m’embrasser. Je suis contre lui, enfoui dans sa bonne odeur d’olive et de cuir. Je suis avec lui sous le nectarinier ; son sourire est épanoui, mûr, le mien encore crispé.

Il entre par la porte et le parquet tangue sous son pas hésitant, irrégulier ; les murs se penchent, un pilon de cuivre vibre dans son mortier. Dans la cuisine il rencontre Jane, la femme noire, qui a été comme une mère pour ses enfants pendant tout se temps. Elle sait que c’est un adieu, mais la chaleur de sa présence n’en est pas altérée. On nous a donné trois jours pour plier bagage et prendre le large.
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A quatre-vingt cinq ans, l'esprit de ma mère

[...]
alors je me dis que, à quatre-vingt cinq ans,
l'esprit de ma mère est un château en ruine.

Le temps a remonté son pont-levis, réduit ses bastions.
La balustrade est éboulée et elle penche.

Pourtant on peut encore fouler ces remparts émerveillée.
Des fois quand elle parle, le fantôme d'une bannière vole.

Le temps ne peut cacher ce qui naguère se tenait là,
ou sa gloire.
[...]

Finuala Dowling, traduit de l'anglais par Katia Wallisky et Denis Hirson.
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Le nouveau pays

Dans le creux tendre de nos paumes,
dans nos poignées de mains,
caché entre callosités et cicatrices
c'est là que nous trouverons notre pays.

Kelwyn Sole, traduit de l'anglais par Katia Wallisky et Denis Hirson.
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Le portail du jardin …



Extrait 2

Je me replie à l’intérieur. Aucun bruit. La maison est astiquée, impeccable ; elle brille comme une jeune mariée. Ma mère a chargé la table de mets fins pour le petit déjeuner, fruits, fromages et confitures. Il est midi passé quand j’entends claquer des portières de voiture.

Il avance sur le sentier du jardin, les bras légèrement écartés. Sa veste frémit sur les bords, la terre une corde raide sous ses pieds, et la traversée difficile. Est-ce qu’après tout ce temps nous allons enfin nous rejoindre ? Mon père, et à son côté ma mère, pâle d’anxiété et de joie. Derrière eux le portail, refermé sur les valets de l’État.
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Ange

à l'instant où tu ne t'en sors plus
un ange arrive

est-ce un ange de paradis
quand tu remontes la rue des Réclamations
et que tu prends le virage en pleine confusion

est-ce un ange de tristesse
ou un ange d'été qui t'accompagne
dont le chant est le bruit des abeilles

à l'instant où tu ne t'en sors plus
où tu ne t'en sors vraiment pas
arrive un ange

Robert Berold. (traduit de l'anglais par Katia Wallisky et Denis Hirson)
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Pays de chagrin et de clémence
[...]
que fait-on de l'ancien
qui pue ferme dans le nouveau
sournois le vieux virus équipe les nouvelles valves
comment reconnait-on l'ancien
avec son racisme et sa vase
son invariable pronom possessif
quel est le passé du mot haine
le symptôme du sang maltraité
de la douleur qui ne voulut point devenir langage
ne sut devenir langue

que fait-on de l'ancien
comment devient-on soi même parmi les autres
comment devient-on un tout
comment se libère-t-on par la compréhension
comment faire le bien
comment couper proprement
quand la langue bascule-t-elle dans la tendresse
la joue dans le pardon

un instant
une ligne qui signale : à partir d'ici
les choses seront différentes
parce que tous nos mots gisent les uns
à côté des autres sur la table
frissonnant de couleur humaine
on se connait bien
le crâne l'odeur le sang de l'autre
nous savons le son le plus profond
des reins la nuit
nous devenons lentement l'un l'autre
à nouveau
nouveaux
et cela commence ici.

Antjie Krog. (traduit de l'afrikaans par Georges-Marie Lory)
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Il était étendu avec elle
Mais elle s'échappa de ses bras étrangers
Pour se cacher dans une ombre
Elle se camoufla avec des feuilles
Alors il se fit oiseau
Elle se précipita dans l'humilité d'une vache
Alors il se fit taureau beuglant
Elle s'étendit en silence dans un champ de blé
Alors il se fit moissonneur
Elle glissa loin de lui
Comme l'eau sur les pierres
Alors il construisit une arche
Elle captura la nuit
Alors il brilla sur elle comme la lune
Elle se hâta d'entrer dans une gaine d'os
Et dans un doux habit de chair,
Alors il se fit homme.

Éva BEZWODA
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