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4.82/5 (sur 14 notes)

Nationalité : Canada
Né(e) à : Hull , le 4 octobre 1956
Biographie :

Poète, Diane Régimbald a fait ses études universitaires en études françaises à l’Université de Montréal. Elle a publié son premier recueil, La seconde venue, en 1993. Elle a collaboré à diverses revues dont Trois, Estuaire, Moebius, Ruptures, Tessera, Osiris, Art le Sabord et Brèves littéraires. Elle a participé à des lectures publiques, notamment au Salon du livre de l’Outaouais, au Festival international de la poésie de Trois-Rivières et au Marché francophone de la poésie de Montréal. Elle est membre du Centre québécois du PEN international, de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois et de l'Académie des lettres du Québec.

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Au plus clair de la lumière - par Diane Régimbald (Les Éditions du Noroît, 2021) Réalisation & voix : Diane Régimbald


Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Diane Régimbald
Où?
     
Où est la parole ouverte aux chemins des ombres ?
Celle qui révèle l'espace
éclaté de la langue, des langues
jusqu'à la tête du cœur. Où étais-je donc
aujourd'hui à chercher du poème une feuille
morte sur les écrits des arbres ébréchés ?
Ma parole inutile. Une parole déjà
des mots qui résonnent et qui
frappent le long de l'échine.
L'épuisement du vent dans le ventre
lunaire. La fatigue comme un tombeau
sans appel. Un vent persistant réveillait
en moi le secret sauvage d'une promesse enfouie.
Mais il n'y avait rien. Qu'un coup de pétard,
un moteur vrombissant, des cris
d'enfants, le bourdonnement d'une mouche,
le clapotis de l'eau, le sifflement
d'un homme. Il y avait des millénaires d'attentes
dans les yeux de l'errance des femmes
et des hommes. Ils faisaient des enfants. Pour peupler
la terre et combler l'attente. Tenter l'amour.
Transmettre la beauté des choses, de langues qui
hurlent et rigolent, d'une attraction des éléments
et des mystères qui les accompagnent. Où
suis-je, dis-je, mille ans plus tôt dans les pas
de celui qui tremble ? Où suis-je à chercher
les déchirements des hommes et les pansements
des femmes ? Où suis-je à tenter de comprendre
la déroute sans fin du monde ? Où suis-je non loin
de ta folie à vouloir prendre le large ? A rêver un ailleurs ?
Où suis-je dans l'orbe, tournant tournant
dans la voix qui chante ? Dans la voix qui
recueille les ondes. Dans la voix d'une femme
qui marche vêtue de robes et de jupons les bras
chargés de couleurs trouvées tout au long des chemins.
Où se cache le secret des roses ? Dans la nuit
des tourments ? Un bouton fleurit dans un tremblement
d'ouverture, une éclosion d'une douceur
infinie, finement parfumé, permet la mort
d'un instant sublime. Où s'ouvre la joie
comme clameur du souffle ? Entre les pierres
pousse la mousse où je dépose mes pieds
dans tes langues. J'entends les musiques de tes pays
clôturés par le babil des lois
et je berce le don que tu as d'aimer.
Il n'y a que la musique pour bercer
la terre au monde simple des jours et des nuits.
Dans ce tournoiement, il y a le rêve rôdeur
du chant soul d'une femme noire qui porte
le nom des heures de labeur qui creusent, sa voix
déraille dans les artères lunaires et
fait pleurer la terre et le ciel.
Où suis-je à entendre cette vibration de la solitude
infinie de notre venue au monde ? Que faisons-nous ici ?
Dans le rêve commun qui nous lie ?
Des jours passent et nous marchons
seule et seul à chercher le lieu de l'existence
comme si l’ailleurs de la terre était son attraction
non révélée, sa volonté de puissance.
Où suis-je à capter les rumeurs écervelées
de nos enfantements ? Un monde construit
de béton nous apparaît parfois bien fragile.
Vouloir être aussi grain de sable qu'un grain
de sable et entendre le crissement des pieds
sur le sable salé des larmes.
Il n'y a pas d'yeux dans le regard que des trous
d'amour à panser de pommade. La musique tourne
sur les paupières et cherche son vibrato
sur le battement des cils. On prend l'enfance
comme territoire de mémoire et on frotte
ses yeux qui piquent de s'endormir
toujours dans l'épuisement des millénaires
de batailles perdues. Où dormons-nous
la tête lourde d'ennui, où rêvons-nous
communément à notre espace identitaire ?
Il fait trop chaud ou trop froid. Je me couche
sur un lit de fougères et je vois la ville
dans le ciel qui bâille. Il y a des ailes attachées
à la ville, des visages de prés et elle s'envole...
Où vivons-nous ? Où sommes-nous ?
À chercher les chemins inexistants.
À errer sans rien voir. Les yeux regardent
et perdent la vision des choses.
Que devons-nous être au monde ?
Devons-nous ouvrir les doigts et laisser
nos mains faire les empreintes sur la pierre ?
Que reste-t-il du mouvement des traces ?
Les sillons creusés enregistrent les sons
et les images de nos mémoires collectives
à la dérive de l'ordre des choses. Ainsi dans le corps
de la pierre je vois le ventre d'une femme
et les cornes d'un bouc, j'entends
la clameur des rencontres. Une offrande
de plis, un réseau de sillages. Une multitude
de voix dans la communauté des langues.
Des glissements de langues. Là bouge
chaque fibre des nerfs. La tension érige les murs.
La danse des voix rythme les corps.
Par l'errance de l'âme se crée la danse du monde
sur les fleuves insondables. À l'œil nu, les pas se font
devant et derrière. Dans le cercle des corps
les paroles se meuvent. Le brouillard s'élève des sueurs.
Les tissus se déchirent. Les robes et les langes
deviennent lambeaux. Inutiles.
Les sangs coulent. La terre est torrent.
Les larmes déchirent la mer et creusent
des grottes sous-marines. Des voiles sont tissés.
Il n'y a plus d'entendement ni de lumière.
C'est l'asphyxie. Lorsqu'il n'y a que ténèbres et deuil
des corps, l'amour revient et prend le phare.
Verrons-nous à revenir de nos morts ?
Chaque pore appelé à transmettre
ses horizons génétiques dans la fatalité
qui nous croise, qui nous fait porter le fardeau
de nos vies. Chaque trace d'histoire, un péril.
On voudrait que les incarnations n'aient plus l'odeur
rance de peuples déchus. Au seuil d'une porte naît
un enfant qui pleure. Orphelin, saura-t-il trouver
d'où il vient ? Sa mère disparue ?
Où s'en vont les douleurs et les blessures
que porte la vie ? À l'aurore, lors du réveil
d'un peuple, y aura-t-il suffisamment de la langue
pour qu'il y ait croisement des sens,
compréhension des cœurs ? Avec un battement
d'ailes, des âmes reprennent la farandole
du monde. On entend le rire acre de la chouette.
Le soleil dort encore.
Mais lorsque la musique revient
dans les maisons et les jardins, que l'errante
cueille le blé et distribue ses bouquets de couleurs,
une odeur de miel de verge d'or traverse les prés,
les eaux coulent bleues et vertes,
la terre reprend ses ocres, son humus et ses pierres,
et dans les villes, on entend les klaxons
des voitures, le brouhaha des voix et des ventilateurs ;
on s'éveille au jour avec une soie sur les paupières
et du safran sur les doigts. Alors seulement
malgré l'incertitude qui nous lie et quelques racines,
une question nous vient parmi toutes les questions
sur l'éternel recommencement des choses.
Une question enfantine et sucrée qui éclate
dans la bouche et offre un baume à la langue.
Où trouverais-je une pêche à croquer ?
Where can I find a peach ?
Donde ?
Wo?
     
     
Revue Brèves littéraires no 66, Hiver 2004, p. 37-41.
https://id.erudit.org/iderudit/4844ac
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Traverse les frontières sans permission
risque le jeu du passager de tous pays
persiste à offrir ta langue méconnue
frôle l’arrêt de   mort   oriente le
chemin tire l’air de ton voyage les sacs
de nuisance tombés prends le fruit
oublié dans ta poche     savoure-le
-son jus coule dans ta gorge – porte
avec toi le chagrin des racines meurtries
foule la terre étrangère   donne-lui de ta
chair   mêle-la à tes veines   révèle-lui
ton sang

constate redoute corromps sonde réveille cause répartis renais
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                8



Souffle tes désirs  jusqu’à ce qu’ils
jaillissent par vagues au bout du silence
éveille tes os au   tressaillement des
muscles chevauche  les  parois des
monts pour bondir élastique   tendre
les arcs – les flèches ciblent le feu des
reins des paumes la langue s’emmêle
au velours des salives dans le détroit
de la bouche  -  sauve les dégâts les
pertes n’épargne pas la peur   d’être
ensevelie perméable à un possible retour
baigne-toi au plus profond des eaux

tremble sidère enjambe rue fusionne protège calfeutre
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Puise les larmes des pensées - elles
sécrètent l’amertume   d’une   eau
blanche - entends le refrain de misères
-il te hante comme parfois l’espoir
de disparaître - imagine   qu’il n’y a
rien d’inatteignable même ta nudité
ignore les vétilles   qui s’incrustent se
morcellent en   s’enfonçant dans ta
peau déjà atteinte des blessures d’hier
traverse le corridor ancien – passage
long patin de cire il mène au mirage
de grands espaces

extrais fracasse tranquillise remue déconcerte enlumine fixe mime
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il restera une clairière vide un corps étendu dans le coin gauche
à l’orée du bois
sans vie qui rayonne
une fine lumière / rosée sur le corps de la morte / prendra tout
ce sera la morte / rêvée la morte / en moi la descendante
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C'est en rêvant de la chair
des cerises de terre en bol de peau
que Désir s'est offert
des sentiers gravés d'aisance
buissons chargés d'amours en cage
lanternes pour éclairer la faim
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l’essence d’être fille
reprendra le terrain
la mère en moi courbera la tête
mais n’effacera jamais
sa tâche

qui de plus coupable qu’elle
pour affronter les batailles ?
pour dire oui
à ce qu’elle tait

ce désir toujours de voler
de prendre les airs
corps ouvert
à l’échappée
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Tu voudrais passer au travers du mal le fendre le dévoyer mais tu sais que nos liens sont nos chaînes nos distractions nos fuites qu’ils se font se défont nous serrent nous enserrent nous libèrent nous amènent dans la mort
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Ta bouche ouverte
un arbre planté dans tes yeux

le bleu de ta langue

la nuit
des forêts.

Une ombre oubliée de l'enfance
un oiseau mort
trouvé parmi des feuilles
mortes sur le chemin
ouvre le livre.
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Tu chasses de ta mémoire
les desseins fortuits
de notre amour
Nous sommes entourés d’ombres
qui se heurtent à nous
aux endroits mêmes où rien ne s’oublie
que le temps manqué
où nos corps s’achèvent
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