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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
HABITUDE : elle est d’une grande douceur au héros et source de tourments quand elle est contrariée. Les nouvelles chambres, comme celle du Grand-Hôtel, par exemple, dégagent « un arôme irrespirable ». Le personnage aura pourtant plaisir à la retrouver ensuite, quand l’habitude aura chassé l’hostilité du premier soir, de même que la chambre qu’il occupe à Doncières pour laquelle il rentre « par plaisir » à l’hôtel, quelques jours après son arrivée. Nostalgie de la chambre-cocon de Combray ? Toujours est-il que le héros a besoin d’une sensation de familiarité avec les lieux, qui ne doivent pas être de simple contenants destinés à protéger du froid ou de la vue des autres. Il veut les investir, y prendre ses marques. Il a ainsi plaisir, lors de son second séjour à Balbec, à retrouver le lift et les clients habitués du Grand-Hôtel, et à ressentir à l’hôtel de Flandre à Doncières une impression de familiarité, comme s’il était chez lui. L’habitude joue aussi son rôle dans le domaine amoureux : le héros éprouve un plaisir calmant à savoir Albertine sous son toit à Paris, et Swann découvre un profond bien-être à imiter les habitudes d’Odette, renonçant à ses anciens plaisirs au profit de ceux, pourtant plus communs, de sa maîtresse.
Mais l’habitude, plaisir tentant mais pernicieux, est parfois considérée comme lénifiante. En effet, le narrateur évoque parfois « le plaisir trop reposant de faire la montée d’un hôtel connu » et la nécessité de retrouver le plaisir des « premières fois ».
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ARCHITECTURE : la passion de Proust pour cette forme artistique, qui a orienté la structure de « La Recherche », se retrouve mise en abyme dans l’œuvre. Les plaisirs liés à l’architecture sacrée sont les plus nombreux et débutent avec l’église de Combray, cœur du bourg auquel tout ramène et dont le porche, le clocher, l’abside, la crypte ou les vitraux sont l’objet de longues digressions. Église familière qui rappelle les doux moments d’enfance et restera un archétype que le narrateur évoquera à plusieurs reprises dans la suite du roman. Suivront celle de Saint-André des Champs, da Balbec, de Doncières, de Saint-Jean de la Haise, le campanile de Saint-Marc à Venise…
Les châteaux, souvent ruinés, comme celui de Guermantes dans « Du Côté de chez Swann », procurent quant à eux le plaisir de nostalgiques rêveries sur le temps passé, ou le frisson du mystère comme lorsque le héros se trouve face au donjon de Roussainville, par exemple.
Certains bâtiments parisiens engendrent eux aussi son plaisir, largement représenté, de la contemplation. L’éclairage de la lune les transfigure souvent, comme les palais de Gabriel, pourtant peu appréciés en plein jour. Les prestigieux monuments de la capitale, admirés lors de promenades en voiture, ou les luxueux hôtels particuliers, ne sont toutefois pas placés plus haut sur l’échelle des plaisirs que les modestes constructions à la campagne. L’attitude du héros calque en cela celle d’Elstir qui trouve autant de plaisir à peindre un bâtiment scolaire sans intérêt qu’une glorieuse cathédrale.
Mais le goût de l’architecture se niche aussi parfois dans les métaphores inattendues : les formes curieuses et variées des glaces qu’Albertine réclame à son compagnon à Paris, faites dans les meules anciens qui ont toutes les formes d’architecture imaginables, sont rapprochées de temples, d’églises ou d’obélisques…
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TOUCHER : tout en s’endormant, le héros, au tout début de « Combray », éprouve déjà les plaisirs tactiles. Il appuie « tendrement ses joues contre les joues de l’oreiller » et jouit de la chaleur de son corps qui ne craint plus le froid au contact du nid douillet qu’il s’est fabriqué avec une extrémité de châle, un coin de l’oreiller ou le bout des couvertures. […] Plus tard, dans le lit de sa chambre à Balbec, il réitère ce plaisir en cherchant à épouser les draps avec toutes les parties de son corps. Et le contact de la serviette raide et empesée avec laquelle, dans cette même chambre, il tente vainement de se sécher, même s’il ne lui procure pas de plaisir immédiat, sera tout de même (associé à la joie de découvrir la mer sous ses fenêtres) une des trois sensations épiphaniques majeures rappelées par la réminiscence à la toute fin de l’œuvre. […]
Les plaisirs tactiles, même s’ils ne sont pas directement liés à une scène sexuelle entre amants, à ses préliminaires ou à son anticipation mentale, affichent toutefois souvent cette connotation. Ainsi, Mme Verdurin demande à Swann de toucher « à pleines mains » les parties en bronze qui ornent les dossiers de ses sièges à Beauvais, pour mieux en apprécier la douceur de la patine, prétendant qu’ « il n’y a pas une chair comparable à cela ». Un invité souligne alors que la Patronne « pelote » les bronzes tandis que le narrateur décrit Swann en train de les « palper ».
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VOYAGE : le héros de « La Recherche » voyage peu, les déambulations sont plutôt chez lui d’ordre mental. Il rêve de Florence, mais ne s’y rend pas, et cette rêverie de voyage constitue en soi un plaisir. Lorsqu’il accomplit enfin le déplacement tant attendu vers Venise, après la mort d’Albertine, en place des plaisirs artistiques ou des rencontres de belles Vénitiennes qu’il se promet, c’est avant tout une exaltation liée à la superposition mentale de la cité des Doges et du bourg de Combray qu’il éprouve. Ici encore, il y a plaisir, mais plaisir décalé, transféré. Quant à ses autres séjours en dehors de Paris, (comme ceux à Balbec ou Doncières) on ne peut à proprement parler de voyages, eu égard aux courtes distances parcourues. Pourtant, le plaisir est au rendez-vous, lié à sa très rapide faculté de dépaysement.
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