Citations de Dominique Godfard (14)
Je partage l’opinion de Laura Morante qui déclare : « La vraie tragédie n’est pas de vieillir mais de ne plus être capable de voir la beauté qui nous entoure. »
« On ne peut s’empêcher de vieillir, mais on peut s’empêcher de devenir vieux. « (Henri Matisse)
Mon Dieu, il va encore falloir vous expliquer que hormis Jacquot, nous ne connaissions pas grand monde, que nous ignorions le pays auquel était attachée la Bessarabie, (...) Au-delà, aurions nous contesté ce coup de tampon fatal auprès d'un employé bien décidé à rayer le nationalité roumaine pour la remplacer par un tampon de 'citoyenne soviétique' ? En l'ignorance des conséquences, sans doute pas. Je vous parle souvent des gens pauvres, de leur temps accaparé par d'interminables journées de travail, mais pas seulement ! A l'époque, c'étaient des gens timides, plus enclins à s'effacer devant la volonté d'un agent administratif qu'à la contrarier.
« Je trouve que les adultes qui ne lisent jamais rien vieillissent mal. Quelles que soient leurs qualités par ailleurs. Même ceux qui voyagent, qui ont des pratiques culturelles, comme on dit. J’ai l’impression qu’ils sont mutilés. » Elle [Danièle Sallenave] précise : « Vivre sans lire, ce sera toujours vivre. Mais vivre comme un corps sans âme. Comme un arbre sans la sève et le vent. »
(…) le corps médical indqua qu’elle ne pouvait plus vivre seule, malgré les soins journaliers de quelques auxiliaires de vie à domicile, et nous résolûmes de lui annoncer qu’elle serait hospitalisée en maison de santé dans le Lot-et-Garonne… pour quelque temps ! Le mensonge, justifié par le désir d’échapper aux hurlements et crises de nerfs qu’elle n’aurait épargnés à personne (pas même à elle-même), n’en était pas moins une immense lâcheté qui me revêtit des habits de Judas pour longtemps et peut-être pour toujours ? C’est la raison pour laquelle je voudrais insister sur les tonnes de culpabilité qui écrasent les accompagnants d’une vieille personne qu’on place en Ehpad de force ou par ruse, sur ce déchirement qui consiste à « abandonner » le parent devenu trop lourd à porter comme l’on se débarrasse d’un objet qui ne fonctionne plus trop bien et devient encombrant…
Léa examine longuement son visage dans le miroir contre lequel elle colle son nez avant de reculer brusquement comme pour surprendre une tare qu'elle n'aurait pas saisie dans la revue de détail. Qu'a-t-elle de différent, cette figure ? Et de nouveau le bout de son nez frôle la glace à la recherche du trait sémitique, propre au Juifs et tel qu'on le représente caricaturalement... Non ! elle n'a pas un nez crochu, non ! elle n'a pas des yeux de grenouille !
(...) souvent, les grandes utopies comme les grandes idées, sont des paravents derrière lesquels on se dissimule, faute d’avoir d’autre moyen de se montrer intéressant.
J’ai dans mon cercle d’amies rapprochées un assez grand nombre de femmes qui n’ont pas eu d’enfants : Gisèle, Teolinda, Sophie, Kate, Betty…. Et je m’aperçois que toutes, âgées de plus de 85 ans et même à la périphérie des 90 ans, mènent un combat acharné et très efficace contre le vieillissement. Mais quelle pêche, mes aînées ! Faut-il en conclure que l’habitude de s’occuper de sa seule personne, l’application forcenée qu’on y met puisqu’en l’absence de progéniture, on ne peut trouver de l’aide qu’auprès des amis ou des relations, rendraient plus efficace et plus fort… qu’en définitive, un souci permanent de soi aurait des vertus conservatrices de l’ordre de celles d’un congélateur ou de la saumure ?
(…) pour Gustave Thibon : « Bien vieillir : (c’est) gagner en transparence ce qu’on perd en couleur. »
Un détail qui a son importance : les prix de l’euthanasie ne sont pas franchement donnés, environ 10 000 euros, déplacement et hébergement non compris. Les pauvres n’ont qu’à aller se jeter à la baille.
Comme l’affirme si justement Charles Gounod : « Ce qui vieillit en nous, c’est le logement. Le locataire ne vieillit pas. »
François Cheng dans son ouvrage intitulé « De l’âme » indique que dans la conception hindouiste de l’âme, on ne dit pas de l’homme qui meurt qu’il « rend l’âme » mais qu’il « abandonne son corps »…
Comme l’indique Antoine Compagnon : « Vieillir offre du moins un avantage : c’est que l’on ne mourra pas d’un seul coup, mais peu à peu, bout par bout. »
Comment vous faire comprendre que nous vivions en osmose, repliées sur nous-même, à l'écart du monde ? Votre imagination bute sur le quotidien de quatre fourmis laborieuses, avant tout préoccupées de gagner leur pitance, enfermées dans un périmètre très restreint autour du deux-pièces de l'avenue d'Italie.