Ils cherchèrent les moyens de passer par un autre chemin que celui où les espagnols, bien retranchés, les attendaient. Mais il n'y en avait aucun ; car toute la ville (St Pierre) était environnée de raquettes et de torches épineuses, en sorte qu'il était impossible d'y passer, surtout à des gens qui étaient nu-pieds et qui n'avaient qu'une chemise et un caleçon. Ces épines sont plus dangereuses que les chausse-trappes dont on se sert à l'armée pour gâter les pieds des chevaux ou pour empêcher les soldats de monter à l'assaut.
Toutes ces difficultés ne firent qu'augmenter le courage de l'Olonnais ; comme il se vit réduit à forcer les Espagnols s'il voulait être maître de la ville ou à s'en retourner sans rien entreprendre (ce qu'il était bien résolu de ne pas faire), il anima ses gens et leur dit :
- Mes frères, point de quartier ; plus nous en tuerons ici, moins nous en trouverons à la ville.
Ensuite, il les mena au combat dans le dessin de vaincre ou de périr.
(Dans "Chirurgien de la Flibuste" de A. Oexmelin)