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Citation de sonatem


Parfois du silence sur ma bouche se penche au dehors et je lui demande de prendre des nouvelles de tout ce qui dans ma vie s'étiole à l'ombre, derrière mon front, là où les rides se creusent pour que ma mémoire y tombe en pluie fine, du silence sur mes lèvres se penche et je cherche les mots les plus précis, minuscules et discrets, pour sertir les visages croisés, les gens et les silhouettes, d'une phrase qui les raconte sans éblouissement.

Mais souvent rien. Les visages m'échappent et je suis doublement abandonné. Seule, la phrase, dans sa lenteur physique, dans le rythme où s'usent enfin les fatigues retenues, celles où l'on n'a pas osé dire ni l'envers ni l'endroit du décor, seule la phrase dépose au bout des doigts un peu de présence, dans un fourmillement de plaisir qui ne mène nulle part, avec la conviction d'y aller franchement, comme dans les promenades où chaque détail s'annonce comme une révélation.
Et plus la marche avance, plus l'ivresse donne du relief à ce qui nous est donné, non plus comme un hasard des lieux, des arbres ou des prairies poussés là, en vrac, mais comme le sens enfin révélé de notre propre existence, alors qu'hier nous traversions ce même paysage sans rien ressentir, aucun trouble, aucune beauté, juste un amas de flaques, d'herbes et d'ombres posés là par inadvertance ou pour faire obstacle à notre élan du corps vers le ciel.


Quelque chose de tendre et de nuageux me dicte ces grumeaux de lumière collés à mes doigts. Tout y est décrit dans le moindre repli. Je n'ai qu'à suivre la montée naturelle des chuchotements.


pp. 41-2 & 50
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