E.S. Carter

J’étais plus qu’heureux de mon cadeau. Ce n’est pas comme s’ils pouvaient acheter quelque chose qui réaliserait mes rêves. En plus, je suis heureux d’être le maître de mon destin, parce que ne pas avoir encore réussi ne me décourage pas le moins du monde.

Peu de femmes peuvent résister à ce que je propose et celles qui le font se permettent de se rendre plus séduisantes. J’ai toujours adoré la chasse et voulu ce que je ne peux pas avoir. Peut-être que c’est pour cela que ma bellesœur Laura est encore si attirante pour moi. Elle n’a jamais craqué pour ma beauté évidente, préférant le studieux Josh,une chose que je n’arrive toujours pas à comprendre.

Nathan et moi sommes très similaires dans notre quête du sexe opposé. Nous n’avons pas d’ordre du jour fixé – sauf pour nous délecter d’autant de femmes possible – la seule différence est que Nathan penche plus en faveur des blondes alors que je n’ai aucune préférence. Si elles ont un corps ferme et un joli petit cul, je suis un homme heureux. Aussi superficiel que cela semble être, je ne cherche rien de plus qu’une nuit. Je reviens rarement une deuxième fois – trop compliqué et bien moins amusant par conséquent.

Dix-neuf. C’est le nombre de rejets que j’ai reçus des agents de casting et d’auditions ce mois-ci. Peut-être que mes parents ont raison – peutêtre que je me fais des illusions – et qu’il est temps de se réveiller.

Aucun homme sur Terre ne se plaindrait d’être réveillé par une nana canon lui faisant une fellation même s’il a à peine dormi la nuit dernière à cause de deux sœurs sacrément sexy et plaisantes.

Les mots sont futiles quand on répond à un homme comme lui. Il est simplet, un idiot si vous voulez. J’aime à penser à des hommes comme lui comme à des annonceurs démonstratifs. Alors, c’est exactement ce que je fais. Je démontre puis annonce en laissant mon Pretty Polly Killer parler pour moi quand je presse son canon contre sa tempe avant de poser le pied d’un air menaçant sur sa cheville bousillée.

Il aimerait penser qu’il est indéchiffrable. Mais il ne l’est pas pour moi. Je suis le chasseur qui a maîtrisé l’art de la patience et du contrôle.
Avant l’accident, je savais où nous nous dirigions, il était à moi pour que je l’utilise comme bon me semblait.
Nous le savions tous les deux. Nous le désirions tous les deux intensément.

Non. Je n’étais pas une putain. Les putains avaient des choix. J’étais un trou. Un réceptacle pour d’innombrables abus, à remplir à volonté par ce que mes propriétaires décidaient.

Dans le noir, rien ne pouvait me faire de mal. Je ne ressentais rien, je n’entendais rien, je ne voyais rien et mon sens le plus aiguisé, mon odorat, dont j’avais appris qu’il était différent des autres personnes, disparaissait jusqu’à ce que toute ma conscience se déconnecte. C’était comme si quelqu’un avait retiré la prise et que je n’avais plus l’énergie de fonctionner davantage que pour respirer.

Ma femme a appelé notre fille Alice en l’honneur de la fille du Pays des Merveilles, et je sais, je sais , que c’est un signe de sa part. Je souris et respire profondément, m’émerveillant de la paix que je ressens.

S’il ose me donner un ordre maintenant, je vais craquer. Je suis si proche d’être à bout que j’ai l’impression d’être au bord d’un abîme, regardant dans un puits sans fond. Seulement, je veux plonger dans ses profondeurs d’un noir total vers ma ruine. Et je ne peux pas. Peu importe à quel point les ténèbres sont séduisantes, je dois les combattre. Je dois me battre pour elle.
Alice. Alice. Alice. Je répète le nom de ma fille comme une prière. Je supplie son existence même de m’empêcher de commettre une erreur de laquelle je ne pourrais jamais revenir. Les yeux fermés, je souhaite avoir la force de vaincre.

Je vois la lutte se jouer sur le visage de Jason. C’est quelqu’un qui donne des ordres, pas quelqu’un qui les reçoit. Alors, ça me choque quand il obéit et se traîne plus profondément dans la forêt, utilisant les arbres comme soutien. Sa jambe blessée est un obstacle contre lequel il lutte constamment pour le surpasser, et pour une personne avec un handicap, il arrive quand même à bouger. Sa détermination ne faiblissant jamais malgré le terrain sous nos pieds qui devient plus compliqué à négocier.

Je n’ai jamais été attiré par la puissance. Ne l’ai jamais désiré pour moi, encore moins été attiré par elle chez quelqu’un d’autre, mais sur Luke, c’est davantage un besoin de dominance et de contrôle. Elle est tout autant une partie de lui que la couleur de ses yeux et le ton pâle de sa peau sans défaut. Sur Luke, la puissance est un narcotique, une drogue addictive qui emplit mes sens et me fait en désirer davantage comme un junkie sans cervelle.

Des insultes juvéniles sont indignes d’un homme qui souhaite intimider quelqu’un qu’il sait être un danger pour sa santé.

Les ivrognes m’écœurent. La faiblesse me dégoûte.
Si vous ne pouvez pas contrôler vos envies, si vous les laissez diriger, vous dessinez la parfaite cible sur votre dos pour vos ennemis, un centre pour votre destruction. Je ne deviendrai jamais faible. C’est la seule chose en laquelle j’ai foi.

La seule chose qui me retient est ma fille. Le besoin que j’ai de la garder en sécurité a pris la place de ma conscience. Je suis tout ce qu’elle a, et le seul qui puisse s’assurer qu’elle vive la vie qu’elle mérite. Si je finis mort, haché en minuscules morceaux par Luke Hunter parce que ma queue a commencé à penser pour mon cerveau, je ne serai d’aucune utilité à Alice, et je refuse de l’abandonner sur cette terre sans protection. J’ai fait tomber trop d’hommes puissants avec leurs familles pour la laisser se débrouiller toute seule. Elle serait un agneau à l’abattoir, et je sacrifierais tout ce que j’ai pour assurer sa sécurité parce qu’elle est tout ce qui est bon dans ce monde couvert de sang, et je suis déterminé à ce qu’elle le reste.

Je n’avais pas ressenti ce choc enivrant et addictif de désir depuis si longtemps. Je n’avais pas voulu le ressentir. Pas depuis que je l’ai perdue. Pas depuis que je les ai perdus tous les deux. Je vis pour Alice maintenant. Personne d’autre. Elle est la raison pour laquelle j'existe. Celle pour laquelle je jure d’obtenir vengeance, et, dans le même souffle, pour laquelle je sauve ceux que je sauve.
Alice est à la fois ma rédemption et mon châtiment.
Sa mère était mon cœur.
Son frère était mes os.
Ensemble, ma famille était mon âme, mais tout ce qui me reste maintenant, c’est Alice. Je n’ai aucune place pour qui que ce soit d’autre. Mon torse résonne du rire des fantômes et de l’amour d’une petite fille qui pense que son papa peut décrocher la lune.

Défier un homme comme Luke Hunter est dangereux. C’est mortel de le regarder de la manière dont je sais que je le fais et l’ai fait depuis la première fois où nous nous sommes rencontrés. Et c’est purement du suicide de le provoquer comme je l’ai fait au cours des dernières semaines.

Je n’ai jamais prétendu être un homme avisé, Luke. Mais je suis un homme, et je sais ce que je veux et ce que je suis disposé à abandonner pour l’obtenir.

Chaque homme a un côté sombre. On doit simplement trouver la clé. C’est impossible qu’il soit allé profondément dans les entrailles d’un monde dont la plupart des gens refusent de croire l’existence tellement il est répugnant sans qu’une partie n’ait déteint sur lui.