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Critiques de Eddie Campbell (92)
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From Hell

En 1888, une série de meurtres atroces souleva l'opinion publique britannique jusqu'à mettre en péril l'équilibre politique du pays, la légende de "Jack l'éventreur" venait de naitre.

Cette affaire fit grand bruit dans le monde entier et inspira nombre d'oeuvres de fiction.



Mais des auteurs se penchèrent sérieusement sur le cas et tentèrent de donner une réponse au mystère de l'identité du tueur.

Ainsi, à simple titre d'exemples, l'américaine Patricia Cornwell et la française Sophie Herfort,publièrent des livres où le coupable était identifié.

Mais si les hypothèses -différentes- sont argumentées et vraisemblables, il semble bien que l'identité réelle du tueur reste un mystère.



Le graphic novel de Moore et Campbell propose une autre version de l'affaire où la politique tient une place non négligeable (je n'insiste pas pour ne pas trop en divulguer !)



A sa parution en 2000 j'avais été rebuté par le pavé, non par son épaisseur, mais par le graphisme d'Eddie Campbell, plus de 20 ans plus tard, je ne suis guère plus séduit, mais j'ai voulu tout de même tenter la lecture.



From Hell est une oeuvre monumentale, le travail d'Alan Moore est impressionnant, la société britannique de la fin du dix-neuvième siècle est étudiée et représentée avec détails, on comprend qu'une affaire comme celle de Jack l'éventreur a pu mettre en évidence la misère d'une partie des londonniens et montrer les failles et carences de la police et de la justice et même du gouvernement de Sa Majesté.



Je sors de cette lecture un peu mitigé, certes l'auteur de "Jerusalem" a produit une oeuvre dense et aboutie, mais je persiste à dire que le graphisme de ce roman graphique ne me plait pas beaucoup.

Mon impression et ma note auraient été meilleures si From Hell avait été un roman écrit.



PS : From Hell a fait l'objet d'une adaptation au cinéma, avec Johnny Depp et les regrettés Ian Holm et Robbie Coltrane, maintenant que j'ai lu le livre, je peux confirmer qu'il édulcore le propos de Moore qui n'a décidemment guère de chance avec les films tirés de ses oeuvres !
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From Hell

Auréolée de mystère et toujours irrésolue, l'affaire de Jack l'Éventreur (Whitechapel, Londres, 1888) est sans doute l'une des affaires criminelles qui ait embrasé toutes les passions. Celui qui était communément désigné sous le surnom de Jack The Ripper, n'a cessé de stimuler l'intérêt et l'imagination de nombreux écrivains ou réalisateurs. Tout comme Patricia Cromwell, Robert Desnos ou encore Stéphane Bourgoin, Alan Moore s'est également saisi de ce fascinant dossier. Son interprétation aussi documentée que fantasmée, tire son titre de From Hell, la lettre prétendument envoyée par le tueur à l'époque. Les thèses étoffées par Alan Moore se basent sur les faits historiques, politiques et sociologiques de cette inquiétante Londres de l'ère victorienne. A cette différence près que le génial scénariste y ajoute une bonne dose de mysticisme (cf. les références faites à la loge maçonnique par le biais de William Gull) et de conspirationnisme (cf. la conspiration royale). On rencontre notamment des personnages célèbres tels la Reine Victoria, Oscar Wilde, Frederick Treves (médecin extraordinaire de la Reine) et John Merrick (Elephant Man) ainsi que tous les acteurs impliqués dans l'affaire comme le médecin William Gull, le chef de police Frederick Abberline, Walter Sickert, John Druitt, le prince Albert Victor, ou encore le médium Robert Lees. Preuve probante de l'imagination prolifique et diabolique d'Alan Moore, From Hell livre une version machiavélique de l'affaire du Tueur de Whitechapel...



Indéniablement sombre et violent, le scénario déroulé par Alan Moore ne manque pas d'emporter son lecteur. Les graphismes noir et blanc d'Eddie Campbell ainsi que son coup de crayon tantôt précis, tantôt torturé, sont parfaitement adaptés aux intentions du scénariste : le travail de recherche documentaire, manisfestement méticuleux, offre un résultat des plus réalistes et certaines scènes sont d'une brutalité insoutenable mais c'est justement cela qui fait le génie de cette grandiose bande-dessinée. Que le véritable coupable des meurtres de Whitechapel soit démasqué ou non, peu importe : ce qui fait le succès de ce roman graphique réside véritablement dans son scénario et son traitement graphique. On notera par-ci, par-là quelques clins d'oeil à notre société moderne que j'ai trouvé originaux. A vous de les retrouver. Pour conclure, la lecture de From Hell n'est assurément pas recommandée à tout lecteur mais il s'agit bien là d'un chef d'oeuvre incontournable à lire et à relire...



On notera par ailleurs en fin d'ouvrage de nombreuses annotations aux chapitres de la bande-dessinée. Ils apportent sensiblement de précieuses informations bibliographiques et justifient les choix opérés par Alan Moore pour son intrigue. Personnellement, j'ai trouvé cette partie digne d'intérêt même si elle nécessite une relecture plus poussée des 575 p. de l'ouvrage. Parmi les références citées et recommandées par le scénariste, on remarquera d'ailleurs que l'auteur s'est pour beaucoup appuyé sur le travail de Stephen Knight JtR : The final solution. Voilà peut-être une nouvelle piste de lecture qui nous en dira probablement plus sur le processus de construction de l'oeuvre de Moore ? Si j'en ai l'occasion, je me pencherai sur ce titre.



Enfin, malgré les sources innombrables sur le sujet, je recommande la lecture de l'article suivant : http://www.tueursenserie.org/spip.php?article8&artpage=1-2 sur le site Tueurs en série, site comme son nom l'indique, est spécialisé sur les serial killers. Je le trouve bien documenté. De plus, il propose en fin d'article une bilbiographie commentée sur différents ouvrages traitant du sujet. Passionnant.
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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From Hell

"From Hell" est un abime de noirceur, dont le titre est inspiré d'une lettre, reçue en 1888 par George Lusk, président du Whitechapel Vigilance Committee, et dont on ne sait toujours pas aujourd'hui si l'on peut l'attribuer à Jack l'Eventreur, ou pas.



Véritable mythe moderne, l'histoire de Jack l'Eventreur demeure toujours un mystère à ce jour, le meurtrier des cinq prostituées vivant dans le quartier de Whitechapel, à Londres, n'ayant jamais été identifié. Ce qui a évidemment contribué à ce que maintes hypothèses prospèrent jusqu'à aujourd'hui, ainsi que le fait que Jack est sans doute la première figure médiatisée du "tueur en série", tel que nous le concevons aujourd'hui.



Cette matière est donc du pain béni pour un auteur comme Alan Moore, qui tout en mettant en scène l'enquête de l'inspecteur Aberline, en profite aussi pour brosser un tableau des plus sombres du Londres victorien. Il reprend à son compte la théorie de Stephen Knight, dont je ne dirai rien pour ne pas déflorer l'intrigue.



L'œuvre n'est donc pas historique au sens propre, cela reste une fiction (l'auteur a d'ailleurs dit lui-même qu'il ne souscrivait pas plus que ça à la théorie de Knight, mais qu'il la trouvait intéressante d'un point de vue scénaristique), même si l'époque est très bien rendue. Mais il est vrai que cette vision de l'histoire a le mérite de permettre à Alan Moore de se laisser aller à ses penchants ésotériques. Il faut néanmoins mettre à son crédit la rigueur des recherches préparatoires (toutes les sources sont citées et Moore commente et explique ce qui relève des faits et de son imagination).



Une certaine critique sociale n'est pas absente de l'œuvre, dont "noirceur" et "mystère" restent les maitres mots, du début à la fin. Pour finir, je n'oublie pas non plus les superbes dessins, en noir et blanc, d'Eddie Campbell, dans une veine semi réaliste, qui rendent palpable la misère sociale, le fog et le charbon.







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From Hell

Jack L’Eventreur est à l’honneur, ceci en sa triple qualité 1) d’énigme historique ; 2) d’énigme maçonnique ; 3) d’énigme temporelle. Ces énigmes se recoupent et convergent vers la quatrième dimension. Comme disait Roger Caillois : « des sots se chargeront de tout expliquer par la quatrième dimension ». Déjà, mon correcteur orthographique ne sait plus ce qu’est un « sot », ensuite, Alan Moore n’en est pas un.





Qu’on regarde la bibliographie : toutes les théories rationnelles concernant Jack l’Eventreur ont déjà été élaborées. Résultat : nada. Alan Moore profite quant à lui de son statut batard de dessinateur de bande dessinée pour prendre ses distances avec l’obligation de véracité et s’aventurer sur des chemins plus audacieux de spéculation métaphysique. Il n’abandonne pas le souci historique pour partir à la cueillette aux marguerites mais croise toutes ses sources pour établir un schéma hypothétiquement vraisemblable avant d’extrapoler ses réflexions du singulier à l’universel.





Ainsi fait-il intervenir les francs-maçons dans l’histoire. Oui, ça fait un peu lourd, surtout que nous venons de parler de la quatrième dimension et que les jésuites mériteraient qu’on s’intéresse davantage à eux. Mais preuve qu’il est brillant, on pardonne tout à Alan Moore. Le mélange est audacieux, on frôle le mauvais goût mais lui échappant, ça devient dément. Voire, il faut relire plusieurs fois pour être sûr de bien comprendre. Rien à voir avec le dernier bouquin à la mode de Michel Maffesoli [sic]. Entre temps, la superposition macabre des espace-temps souligne pudiquement ce message essentiel, à savoir que la barbarie de Jack l’Eventreur n’a rien à envier à notre apocalypse de cacatoès.

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From Hell

Je ne vais pas passer par quatre chemins : j'ai souffert à la lecture de cette bande dessinée pour plusieurs raisons.

- La première : je l'ai lu après l'excellent Retour à Whitechapel de Michel Moatti qui était bien documenté, efficace au niveau du scénario et au style d'écriture fluide. Du coup, From Hell pâtit de l'ordre de mes choix de lecture.

- La seconde : les cinq cent pages m'ont paru bien indigestes. C'était horriblement long et verbeux. Je me suis même surprise à sauter tout un chapitre dans lequel Gull partageait sa vision franc-maçonnique de Londres avec son cocher tellement je me suis ennuyée.

- La troisième : je n'ai absolument pas aimé les dessins en noir et blanc. Le hachage de coups de crayon me paraissait aussi violent et dérangeant que certaines scènes. En effet, cette bande dessinée n'est pas à mettre entre toutes les mains soit par la présence de scènes de sexe assez crues (en même temps, From Hell dépeint aussi la vie de prostituées à cet époque donc il faut s'y attendre), soit par les scènes de violence insoutenables qui ont pour point d'orgue le meurtre de Mary Jane Kelly.

- La quatrième : je l'avais déjà écrit lors de ma chronique de Retour à Whitechapel, je ne soutiens absolument pas la thèse du complot royal ou franc-maçonnique qui aurait fait du Dr Gull, le Médecin de la Reine Victoria, l'assassin de Whitechapel. Je rappelle juste qu'il avait 72 ans à l'époque des faits...

- La cinquième : je trouve le prix de cette bande dessinée un peu élevée et pas très abordable. Heureusement pour moi, je l'ai emprunté à la bibliothèque. Je suppose qu'il faille le justifier par le grand nombre de pages (576, ce qui est assez exceptionnel) et le poids (1,5 Kg). Concernant ce dernier point, elle n'est d'ailleurs pas simple ni à transporter, ni à maintenir lors de sa lecture.



Vous allez me dire : il n'y a vraiment rien de positif tout de même dans cette bande dessinée? Elle a reçu plusieurs prix! En effet, je peux mettre en valeur l'immense travail d'Alan Moore. On sent que l'auteur a dû faire un nombre conséquent d'heures de recherche (les appendices, à la fin de la bande dessinée, le prouvent d'ailleurs). Et on sent aussi que l'auteur a bien travaillé son scénario, c'est évident. Maintenant, From Hell ne restera pas dans les annales pour moi, c'est juste une question de goût. Toutefois, si la période vous intéresse ainsi que l'affaire de Jack l'Eventreur, n'hésitez pas non plus à l'ouvrir!
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From Hell

ABANDON !



Après deux mois et demi à faire de nombreuses tentatives, je renonce.

J'avais très envie de le lire, le sujet m’intéresse beaucoup mais rien à faire, pas moyen d'entrer dedans, pas moyen d'accrocher à l'histoire.

La police minuscule rendant les dialogues pénibles à lire n'a sans doute pas aider...

Je retenterai un jour. Ou pas !
Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Le jour où ça bascule

Certaines maisons d'édition ont une identité forte qui les démarque des autres, les fait sortir du lot. C'est indéniablement le cas des humanoïdes Associés. C'est ce qui m'a donné envie de lire cette anthologie publiée à l'occasion des 40 ans des Humanos. Le principe de cette anthologie : près d'une quinzaine d'auteurs proposent une histoire sur le thème du "jour où ça bascule". Un bon thème, suffisamment large pour laisser libre cours à l'imagination des auteurs mais tous ne m'ont pas séduite. Le bilan est mitigé.



Certaines histoires sont à mon avis dénuées de tout intérêt, ne racontent strictement rien et ne sont pas spécialement intéressantes visuellement. Je ne vais pas m'appesantir sur ces récits creux et vides. Je préfère évoquer ce qui m'a plu.



Certains récits proposent de bons scénarios. C'est le cas de "Mission en solo" de Naoki Urasawa qui a une chute inattendue (en tout cas j'ai été surprise) et drôle.

Le dessin du "Non-croyant" de Bob Fingerman ne m'a pas plu. En revanche, cette histoire d'un athée se retrouvant en enfer et arguant au diable que de toute façon il n'y croit pas est assez savoureuse.

Avec "I want to believe", Boulet fait du... Boulet. Ni plus, ni moins. C'est amusant, le trait est agréable mais rien de surprenant quand on a déjà pas mal lu l'auteur. Mais si on l'apprécie, on passe un bon moment.

"L'enfant" de Bastien Vivès est une de mes histoires préférées du recueil. L'auteur propose un récit surprenant, original et particulièrement bien mené, servi par son trait si personnel.

Frederik Peeters propose l'histoire la plus courte du recueil et en même temps la plus dingue. En 2 pages "Laïka" explose à la gueule du lecteur.

Si certains récits bénéficient de scénarios efficaces, d'autres se démarquent visuellement, tout particulièrement les auteurs japonais. C"'est le cas d'Atsushi Kaneko dont le "Screwed me donne furieusement envie de m'intéresser à lui, notamment à "Soil".

"Tengu" de Katsuya Terada avec ses couleurs pétantes et son découpage audacieux m'a également bien tapé dans l’œil.

Mais mon histoire préférée est "Fish" de Keichi Koike. Si le scénario est très obscur, je n'ai pas compris grand chose à cette histoire complètement barrée, très psychédélique, visuellement c'est vraiment magnifique. Il y a quelque chose de fascinant, d'hypnotisant dans son trait, dans sa façon de composer une image. Ce récit plutôt expérimental me donne envie de lire ses mangas "Ultra heaven" et "Heaven's door".



Si j'ai détesté quasiment la moitié des récits (et la post-face insupportable dans sa façon de tout intellectualiser), cette anthologie m'a permis de découvrir des auteurs que je ne connaissais pas et auxquels je vais m'empresser de m'intéresser. C'est là l'intérêt de ce genre de recueil. Mission en partie réussie donc.

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From Hell

Vision ésotérique et hallucinée du Londres de l'époque victorienne, lors de la chasse lancée contre Jack l'éventreur, ce roman graphique culte d'Alan Moore, adapté mollement au cinéma en 2001, est un "must-have read".

Ici Jack the Ripper, selon une thèse bien connue, n'est autre que le médecin de la reine Victoria. Alan Moore nous convie à suivre les errances franc-maçonniques et ésotériques du docteur Gull, en parcourant et jalonnant Londres de ces meurtres rituels. On suit également l'histoire des prostituées assassinées, et un nouveau schéma se dessine, la magie noire est à l'oeuvre, et Jack l'éventreur, le docteur Gull, est son instrument, tranchant et précis : il met fin au 19ème siècle, assassine ce siècle des lumières, et souhaite la bienvenue à l'avènement de l'ère sombre, le naissant 20ème siècle...
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Le remarquable et stupéfiant Monsieur Léotard

"Le remarquable, stupéfiant Léotard évacue ses intestins vigoureux "

D'emblée la lecture fait réagir les zygomatiques!



Dans les voltiges acrobatiques de Monsieur Léotard, ce sont les portes du cirque itinérant et la société des forains qui s' entrouvrent, nous promenant dans leurs artifices au tournant des deux siècles.

Découpées en épisodes sur fond d'événements historiques, les tribulations rocambolesques de la troupe les confrontent au siège de Paris de 1870, à l'incendie du cirque d'hiver, au vol de la Joconde, au naufrage du Titanic...



Un vrai plaisir!

J'ai vraiment dégusté cette fantaisie absurde, pleine de talent d'écriture et de graphisme. Les aventures sont délicieusement décalées, les planches magnifiées par des aquarelles légères et subjectives, agrémentées de petits dessins cocasses au coin des pages. Les auteurs s'invitent même discrètement dans le récit, comme certains hors-textes explicatifs, historiques ou incongrus.



Un beau cadeau de la dernière Masse critique de Babelio et des éditions Cà et Là.
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La coiffe de naissance

Après s’être déjà énormément dévoilé –mais de manière indirecte- dans ses plus grandes œuvres (La créature du marais, V pour Vendetta…), Alan Moore révèle quelques pans autobiographiques de sa personnalité. Le texte de La coiffe de naissance, écrit à l’occasion d’un spectacle donné pour son 42e anniversaire, est ici repris et illustré par Eddie Campbell qui effectue un travail tout en nuances et en inspirations. Au milieu de ses propres dessins, tout de noir et blanc vêtus, se glissent Jérôme Bosch, Billy Stockman Tjapaltjarri ou Hokusai, comme de brefs appels à une communion élargie.





En se focalisant sur la coiffe de naissance –une fine membrane qui recouvre la tête du bébé à la naissance et sur laquelle sont imprimés les traits de son visage-, Alan Moore cherche à nous révéler l’importance des détails. La coiffe devient l’allégorie des masques que nous empruntons dans nos existences pour limiter la casse et renforcer l’intégration sociétale –mais à quel prix ? La mise au rebut de sa personnalité, les imitations de débuts de vie factices, la perte de son identité profondes, sont des thèmes qu’Alan Moore aborde avec une naïveté qu’on lui connait peu et sur un mode poétique désabusé, sans tragédie ni éclats. La traduction aurait-elle fait perdre de sa noblesse à Alan Moore –de cette noblesse lyrique qu’on lui connaissait dans la créature du marais ? Malgré ces défauts de style qui donnent l’impression de lire le plaidoyer mécontent d’un adolescent qu’on aurait privé de sortie, émergent parfois des vérités profondes qui réussissent à bousculer notre assurance de lecteur pour nous interroger.





Et puis le langage se déconstruit peu à peu. Alan Moore revient à ses plus jeunes âges, retranscrit les premières frayeurs et les premières blessures. A notre tour de retourner sur notre enfance et de nous souvenir des abandons et de la survenue de la mort. Serait-ce à ce moment-là que nous avons commencé à nous fuir ? Régression, régressions… nous inscrivons à nouveau notre visage à l’intérieur de la coiffe de naissance, et plus loin encore, nous remontons le long de l’échelle de l’évolution. Du microscopique au macroscopique, la coiffe de naissance inscrit l’individu à la fois dans son insignifiance mais aussi dans la grandeur de son appartenance au phénomène de la vie.





Parce que ce récit est autobiographique, il se fait moins fulgurant que les pures œuvres de fiction d’Alan Moore. Ici, il prend la pose même s’il s’en défend –peut-on éternellement se passer de sa coiffe de naissance ? Et cependant, le résultat parvient encore à nous troubler d’une manière toute personnelle. En parlant de lui, Alan Moore réussit brillamment à parler de tous…
Lien : http://colimasson.over-blog...
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From Hell

Il y a trois ans, j'ai fait un exposé en anglais pour la fac sur Alan Moore et, dès lors, j'ai eu envie d'en apprendre davantage sur cet auteur et sur ses œuvres, d'autant plus que j'avais adoré V pour Vendetta. C'est pour cela que j'ai acheté From Hell, que j'ai mis longtemps à sortir de ma PAL.



Dans cette histoire, nous sommes en 1888, à Whitechapel, un quartier pauvre de Londres. Une série de meurtres sanglants visant uniquement des femmes prostituées va secouer la population et faire parler les médias. Le criminel va être surnommé Jack l'Éventreur en raison d'un courrier envoyé d'un inconnu qui se vante d'avoir commis ces meurtres et qui se présente comme tel. L'identité de Jack l'Éventreur est encore aujourd'hui un mystère. Alan Moore et Eddie Campbell nous proposent ici leur version de l'histoire, où la politique tient une place importante.



J'ai eu besoin de quelques jours pour achever cette lecture, tant elle était dense. Autant en terme de contenu que d'illustrations, mais également en raison de son propos. En effet, Alan Moore revient sur la série de meurtres, commis par Jack l'Éventreur, ayant eu lieu à la fin du 19ème siècle et aborde cela de façon très politique. Tout d'abord, la société britannique de l'époque est largement détaillée. Ensuite, les prostituées sont tuées suite à une conspiration orchestrée par la Reine Victoria. Et, enfin, ce roman graphique parle évidemment de la pauvreté et du traitement des femmes - notamment pauvres - dans la société.



C'est une œuvre monumentale, assez fouillée et parfois fouillie, si bien qu'il n'est pas simple de s'y retrouver tant c'est labyrinthique. J'ai fait l'erreur de lire les notes seulement à la fin et ma compréhension du texte aurait sans doute été différente si j'avais eu toutes les informations en main au fur et à mesure.



Le bémol, c'est les illustrations d'Eddie Campbell, auxquelles je n'ai vraiment pas adhérées. Elles sont entièrement en noir et blanc et très fouillies. Ça brouille davantage l'intrigue - sans doute est-ce volontaire - et ça rend la lecture assez ardue.



Même si je n'ai pas réussi à accrocher pleinement aux illustrations, c'est un comics que j'ai beaucoup aimé. Il y a un aspect historique important puisque cela reprend les crimes de Jack l'Éventreur, mais beaucoup d'éléments sont romancés. Le scénariste s'est même autorisé un aspect ésotérique. Au-delà de l'horreur des événements racontés, c'est surtout un livre social qui raconte la société britannique du 19ème siècle.
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From Hell

Comment parler d’un pavé pareil ? En commençant pas le début, sans doute.



1888, tout Londres frémi sous les coups de couteau d’un envahisseur : Jack The Ripper. Tout le monde ? Oui ! Sauf l’assassin, bien entendu, qui lui résiste encore et toujours à la police…



Qui a tué les 5 prostituées entre le 31 août et le 9 novembre 1888 ? Et bien, cette bédé vous offre une réponse et un coupable.



Mais attention, Allan Moore s’est inspiré de la théorie folle de Stephen Knight publiée dans "Jack The Ripper : The final solution", donc, ne prenez pas ce coupable pour argent comptant.



Les dessins sont en noir et blanc, il y a des tas de dialogues à lire et j’en suis venue à bout après une grosse semaine de lecture, le tout fractionné, sinon, ce serait indigeste tant il y a une multitude de détails à ingurgiter car l’auteur ne se contente pas de nous raconter les meurtres, il nous offre aussi une plongée dans le peuple de l’abîme.



Si le coupable désigné dans ce livre est bidon (à savoir William Gull, le médecin de Victoria), le reste ne l’est pas, notamment la description des meurtres et le vie merdique dans les bas-fonds de Londres, à celle époque. Le tout étant bien mis en page.



Dans les appendices, l’auteur nous détaille tout cela plus en profondeur, et souligne que lorsque Campbell a dessiné l’intérieur d’un Workhouse, c’était le véritable Workhouse de Marylbone !



On sent, derrière les dessins, que les auteurs se sont renseignés, ont potassés leur sujet et cela donne un réalisme à cette plongée en eaux troubles, dans cette fange de laissés-pour-compte, dans ce peuple des abîmes que tout une partie de la ville ne voyait pas.



Le résultat étant que, malgré l’impossibilité pour cet homme d’être le coupable, le tout est tellement bien amené que ça passe comme un couteau bien aiguisé dans la poitrine d’une des victimes de celui qui signa "Jack The Ripper" la lettre "Dear Boss".



Malgré tout, faut s’accrocher, les dessins en noir et blanc, hachurés, parfois, ne sont pas toujours des plus agréables pour les yeux et la visite du Londres en version métaphysique est assez fastidieuse (mais elle éclaire le côté zinzin de Gull).



Heureusement qu’il y a les pages explicatives en fin d’ouvrage, elles ont éclairé ma lanterne, surtout en ce concernait une partie de jambes en l’air, en allemand, et la vision, par l’épouse, d’un flot de sang sortant d’une église. Le Mal venait d’être conçu.



J’ai bien aimé aussi le dernier appendice "Le bal des chasseurs de mouettes" qui nous laisse voir toutes les théories fumeuses et tous les coupables désignés au fil des années.



C’est sombre, violent, noir, pas de lumière, pas couleur, c’est du lourd quand bien même le livre met en scène ne théorie fumeuse de Knight, celle-là même qui avait été reprise dans "Murder by decret", c’est à dire le complot royal et maçonnique.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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From Hell

Il y avait longtemps que j'avais envie de lire la BD d'Alan Moore sur Jack L'Éventreur, pour être précise depuis que j'ai vu le film avec Johnny Depp. Je n'ai pas vraiment aimé le film mais il a su chatouiller ma curiosité.



La taille du bouquin et son prix ont été un frein majeur jusqu'à ce qu'une bonne âme me prête son exemplaire (c'est beau l'amitié).

Je me suis donc attelée à cette lecture à la mi-novembre et j'ai enfin terminé. Quand je dis « enfin », c'est avec un vrai bon gros soupir de soulagement.



Que cette lecture fut pénible ! J'ai failli abandonner plusieurs fois tant je me suis ennuyée.

D'abord, le graphisme est d'une laideur indescriptible. Le dessin est hachuré, le trait n'est pas net. Parfois c'est tout bonnement illisible.

Je n'ai pas été choquée par le gore des scènes de tueries ou le naturalisme des scènes de sexe mais les plus sensibles risquent d'être mal à l'aise devant ces corps mutilés et profanés. D'autant que, et je me répète, les dessins sont vraiment moches.



À cela s'ajoute une police d'écriture minuscule qui rend la lecture extrêmement pénible. Limite on devrait fournir une loupe avec le bouquin.



Voilà pour la forme. Concernant le fond, c'est à peine mieux puisque Moore nous ressort la vieille théorie inepte du complot royal. Le Docteur Gull a massacré cinq prostituées pour faire plaisir à la Reine Victoria. Moore saupoudre cette stupidité d'une petite dose de franc-maçonnerie et de folie.



C'est lourd ! Certains passages sont à crever d'ennui comme la promenade ésotérique dans Londres.

Je ne vous cache pas avoir sauté des pages sinon je n'aurais pas pu en venir à bout.



La fin de la BD est comique (c'est pas fait exprès, c'est con) et les explications fournies par Moore laissent penser que lui-même savait pertinemment que son scénario n'était pas clair (comme une scène de cul en allemand dont l'explication m'a fait tomber la mâchoire de stupeur).
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From Hell

Voici un ouvrage incontournable pour qui est très motivé : Jack l'Eventreur vu par le grand Alan Moore!

Bon, c'est très (très) long, c'est très (très) noir, c'est même très (très) glauque! Mais quel travail!! Chaque élément est documenté, référencé avec une précision chirurgicale (désolée, je n'ai pas pu m'en empêcher). D'ailleurs, de nombreuses notes renvoient à une importante masse d'information historiques reprisent en fin d'ouvrage et qui expliquent les choix narratifs décidés par Alan Moore.

Le dessin est pour moi parfait et adapté au sujet : haché, noir mais je comprend que tout le monde n'adhère pas.

L'histoire est bien menée, bien rythmée quoique évidemment complexe.

Certes, les théories principales de Moore : la famille royale et les francs maçons sont rejetés par la plupart des ripperologues mais c'est tellement bien présenté (et argumenté) qu'on se prend finalement à être convaincu par la plupart des arguments avancés par l'auteur. Bon, évidemment, quand il part dans des hypothèses métaphysiques, on a un peu plus de mal à le suivre...mais pouvait-on attendre autre chose de Moore (qui est sorcier en plus d'être un auteur de génie)?
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From Hell

Lu en anglais et version colorisee. C'est la première fois que j'ai la sensation de plonger dans un long roman en lisant une BD. Plus de cinq cents planches, dont certaines resteront à jamais gravée dans les mémoires. Le style du dessin, proche de l'expressionnisme allemand, convient parfaitement. On découvre Londres à l'époque victorienne grâce aux mœurs, aux pubs, à l'argot véritable. La classe dirigeante se mêle rarement avec la faune de Whitechapel. C'est l'histoire de cette rencontre, de ce choc qu'Allan Moore raconte à travers les figures de Gull et d'Abberline. C'est une belle occasion de s'interroger sur l'origine des mythes, qui transcendent les époques, grâce à des séquences hallucinatoires, suggérant les horreurs futures du 20e siècle. Enfin, il ne faut pas rater les notes d'Allan Moore, les coulisses de l'œuvre, qui témoignent du grand travail de recherche entrepris.
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From Hell

From Hell emprunte son titre à une lettre reconnue comme authentique de Jack l’Eventreur et adressée à la police à l’époque de ses « frasques ».

Enième variation sur « Notre père à tous », dirait volontiers Hannibal Lecter entre deux bouchées de viande et la larme à l’œil ! Enième, peut-être, mais prodige scénaristique d’Alan Moore, graphiquement retranscrit avec une ténébreuse maîtrise par Eddie Campbell.

Ici, c’est la piste d’un prince héritier du royaume qui est choisie, lequel se serait entiché d’une fille de rien, Annie Crook. On règle donc le problème en haut lieu, avec célérité et discrétion. L’histoire pourrait s’arrêter là, mais certaines amies péripatéticiennes d’Annie, prises à la gorge – elles n’ont encore rien vu ! – par des racketteurs malfaisants du quartier de Whitechapel, riche en engeance de cette espèce, entendent profiter de ce terrible secret au sang bleu pour obtenir des espèces sonnantes et trébuchantes. On confie donc la corvée de « nettoyage » au médecin royal, sir William Gull, un mystique qui va se découvrir un talent de tueur en série.

Passé cette accroche – qui, je l’espère, n’éventre pas trop l’intrigue ! –, From Hell est de ces albums – ou séries dans ce cas – du Neuvième Art qu’on peut exhiber comme un trophée, en criant à tue-tête et non sans fierté : « Je l’ai lu ! »

En noir et blanc – il ne pouvait en être autrement –, avec des planches qui épousent parfaitement les aspérités de l’histoire – je pense aux scènes particulièrement violentes de meurtres –, cette bande dessinée est une plongée dans les bas-fonds, tous les bas-fonds : ceux de Londres comme ceux de l’âme. Sans oublier le thème de la folie, développé notamment à travers la schizophrénie sanglante de Gull, dont l’exposé métaphysique lors d’une promenade en calèche dans la ville est un morceau de bravoure.

Qu’on adhère ou pas à la thèse d’un complot visant à mettre la poussière princière sous le tapis, peu importe, car l’identité du tueur apparaît rapidement comme secondaire. Ce que n’ont, hélas, pas compris les frères Hugues, quoique tout ne soit pas à jeter dans leur film.

From Hell dépeint sans fard la fin du règne de Victoria, loin des dorures de l’empire. En empruntant cette piste, les auteurs exposent ainsi une Angleterre bien peu reluisante. C’est un miroir à deux faces : d’un côté le monde de la gentry et de l’autre les égouts d’une société dont les élites méprisantes n’ont jamais été approchées par le baiser de la Veuve – petit nom donné à la guillotine pendant la Révolution !

Enfin, Moore et Campbell, et c’est tout à leur honneur, dédient leur œuvre aux victimes de l’Eventreur. Ces filles, nées en bas plutôt qu’en haut, sous un règne où l’injustice sociale prenait tout son sens, méritent qu’on se souvienne de leur supplice. Car délirant ou conscient de ses actes, Jack l’Eventreur les a bel et bien massacrées. Il n’était pas un personnage de fiction à la fascination duquel on peut s’abandonner avec une délectation malsaine, quel que soit l’intérêt qu’il peut légitimement susciter.

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From Hell

J'ai tout d'abord été interpellé par ce titre et bien sûr par le sujet de ce roman graphique qui est vraiment très gros, mais j'avoue que les dessins m'ont vraiment rebutés dès le début, les dessins étant vraiment pas très beaux à mes yeux et le noir et blanc comme choix les font ressortir encore plus hideux à mes yeux.



Mais au final j'ai mis du temps à m'y habituer mais au bout de la moitié du roman graphique je trouve qu'il s'adapte au final particulièrement bien au récit et à cette ambiance tellement glauque et sordide ou se déroule l'action.



Je dois avouer cependant ne pas avoir appris un grand nombre de choses sur le sujet cependant pour moi il était intéressant de voir le sujet traité sur un autre support après les livres et les films. Surtout que ce roman graphique a eu de multiples prix littéraires.



Il s'agit d'un roman graphique vraiment très fourni, il nécessite plusieurs jours de lecture surtout à la fin avec les pages écrites ou l'auteur nous explique plusieurs points sur les chapitres précédents, ce roman graphique étant vraiment plus que documenté.



L'intégrale pèse son poids et il est du coup difficile de resté longtemps sur cette lecture.



Les aspects politiques et économiques de la période sont particulièrement bien montrés dans ce roman graphique.
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From Hell

Qu'est ce que j'ai pu avoir peur d'entreprendre la lecture d'un tel pavé de 600 pages et de surcroît en noir et blanc ! Quelques avis me faisaient frémir d'avance car je suis un lecteur très attaché aux qualités esthétiques d'une oeuvre et plutôt grand public. Oui, cette bd avait alors tous les inconvénients pour me déplaire. Je sais qu'on ne doit pas juger une oeuvre avant de l'avoir lu.



Une vieille connaissance, grand amateur de bd, qui m'avait jadis initié à des lectures plus adultes que les Tintin et autres Astérix, m'avait lancé une espèce de défi: "tu ne seras jamais un véritable collectionneur de bd si tu ne possèdes pas From Hell !" Bigre !



Qu'avait 'elle de spéciale pour susciter une telle admiration ? Je n'en suis pourtant pas à mes premières lectures ! Voilà que je me précipite pour l'acheter dès le lendemain puis je l'a fais trôner dans ma nouvelle bibliothèque flambante neuve (ou dois-je dire son extension). Les mois passent... Je délivre près de 200 avis sur ce site. Tout est bon pour lire autre chose. Mais je suis blasé par toutes ces lectures qui ne m'apportent que rarement des satisfactions. Les avis négatifs se multiplient à une vitesse grand V.



Un beau jour, car ma bibliothèque d'entreprise étant indisponible pour cause de rénovation, je me lance enfin dans l'aventure Greetings from Hellville. Je commence cette lecture tant redoutée et repoussée... Mais, c'est le coup de foudre immédiat malgré une première partie très difficile dans son approche. Je ressens véritablement la quintessence de ce que la bd peut offrir de meilleur. C'est à la fois sublime et intelligent ! Il faut dire que je désespérais de retrouver une oeuvre culte. Alan Moore devient pour moi l'un de mes meilleurs scénaristes ayant déjà noté Le Culte des Ténèbres son oeuvre Watchmen.



L'histoire est non seulement très originale mais elle est illustrée par un style graphique très intéressant. Je me suis mis à aimer ce dessin car il nous permet de faire preuve d'imagination pour relier toutes les scènes entre elles. Je ne pensais pas que je pouvais atteindre ce stade un jour. J'ai ressenti une véritable fascination visuelle par ce trait d'une extrême délicatesse qui parvient à restituer la beauté ou la laideur naturelle du vivant. Il faut simplement en retirer la substantielle dimension. Ce n'est pas à la portée de tout le monde.



Greetings from Hellville est le passage obligé pour tout lecteur qui aime passionnément un tant soi peu la bande dessinée. Pour moi et c'est purement subjectif (quoique !), il y a eu un avant et il y aura un après Greetings from Hellville. C'est un véritable rite d'initiation pour un lecteur. J'espère pouvoir me relever car une telle qualité scénaristique ne se rencontre pratiquement jamais. C'est un véritable chef d'oeuvre qui m'a transporté dans un univers au-delà des limites. C'est terriblement jubilatoire!



La trame imaginée par l'auteur est réellement captivante. Les décors sont habilement suggérés par des variations d'ambiance. Ce récit regorge de trouvailles intelligentes.



Greetings from Hellville apporte une nouvelle résonance aux règles de base qui bâtit les fondements mêmes du genre policier. Etant titulaire entre autre d'un DEA de sciences criminelles, j'ai pu grandement apprécier cette enquête difficile, les fausses pistes qui se sont multipliées, l'autopsie de la vie de ce tueur intemporel.



Un seul mot réussit finalement à bien résumer mon état d'esprit à la fermeture de cet album : culte !
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From Hell

From Hell, une autopsie de Jack l’éventreur, une retranscription du fait divers le plus connu et le plus énigmatique ? Pas réellement, il s’agit plutôt de l’examen minutieux et approfondi de la société victorienne, inique et corrompue, à l’aube d’un vingtième siècle qui viendra tout bouleverser, notamment pour la cause des femmes et de leurs droits.



From Hell, c’est avant tout une exigence, d’Alan Moore qui fournit là un travail scénaristique d’une ampleur incroyable et d’un souci d’exactitude absolu, et d'Eddie Campbell dont le graphisme en noir et blanc transpose avec talent un récit foisonnant de détails.

Conséquemment, il y a pour le lecteur un effort à fournir, un coup d’entrée en quelque sorte, pour dépasser le cap des cent premières pages d’un ouvrage qui en comporte quand même plus de cinq cent… Mais l’exercice en vaut la peine, comme par exemple endurer le chapitre consacré à l’histoire franc-maçonnique de la ville de Londres, car les références qui y sont faites par la suite participent à l’engouement qui grandit au fil des pages.



Une fois donc dépassé l’aspect impressionnant et massif de l’œuvre, une fois le décor planté depuis le palais royal jusqu’au quartier mal famé de Whitechapel, on suit avec un intérêt croissant et tendu les parcours du médecin royal William Gull et de l’inspecteur en chef Frederick Abberline. Le premier, prenant prétexte d’un chantage exercé par un groupe de femmes du peuple auprès de la Couronne, décide de les éliminer pour protéger la Couronne tout en assouvissant ses fantasmes de pouvoir et de domination. Le second, un homme du peuple, se trouve plongé à nouveau dans les bas-fonds londoniens qu’il désirait oublier pour mettre la main sur ce terrible tueur en série.



From Hell, un livre fascinant, monumental, écrasant et surprenant.

Indéfinissable comme mon ressenti.

5 étoiles.
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Le remarquable et stupéfiant Monsieur Léotard

Jules Léotard fut l'inventeur du trapèze volant et des collants moulants qui portent son nom. Remarquable et stupéfiant, il le fut mais pas longtemps puisqu'il meurt à la page onze de cette sublime BD que j'ai eu le privilège de recevoir lors de l'opération Masse Critique.



Ce bouquin est un petit bijou : il est inventif, drôle et d'une grande beauté.

On suit une troupe de cirque menée par Etienne Léotard, le neveu fictif de Jules. Du Paris assiégé par l'armée Prussienne, en passant par le Londres de la Reine Victoria, jusqu'à l'Exposition Universelle de 1889 et le naufrage du Titanic, la troupe d'Etienne vit des aventures riches en émotions.



Le rythme est soutenu et l'action est menée tambour battant. Cependant, il y a aussi des moments de tendresse et de poésie. Et aussi beaucoup d'humour.



Mais ce qui m'a le plus enthousiasmée, ce sont les dessins d'Eddie Campbell. Je ne connais pas le reste de son œuvre (et je vais vite combler ce manque) mais là, mes potes, je me suis régalée. Les aquarelles sont toutes plus belles les unes que les autres et les dessins fourmillent de détails. Je me suis perdues pendant des heures dans chaque pages. C'est d'une richesse et d'une inventivité réjouissantes. J'ai adoré les petits dessins dans les marges, le style des publicités qui rappellent les vieilles affiches et encore plus le journal d'Etienne.



En plus, le livre en lui-même est superbe : la couverture est joyeuse, les pages sont en papier glacé épais, la mise en page est soignée... C'est du nanan.



Je ne peux que vous recommander ce livre. Si vous avez des cadeaux de dernières minutes à faire, n'hésitez pas à l'offrir, il fera des heureux.



Quant à moi je renouvelle mes remerciement aux équipes de Babelio et de Çà et là pour cette superbe découverte.

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