Ce recueil comporte 10 parties (8 correspondant à des tomes déjà publiés + 2 séquences inédites). Eddie Campbell raconte des anecdotes de sa vie au travers d'un personnage dénommé Alec MacGarry.
The King Canute Crowd (130 pages) - Le jeune Alec exerce le métier de découpeur de tôle dans une PME et noue une amitié durable avec un cariste dénommé Danny. Ce métier manuel lui laisse tout le temps de cerveau nécessaire pour réfléchir à son art (la bande dessinée). Cette partie décrit des scènes plus ou moins courtes dans lesquelles les personnes fréquentant le même pub (rebaptisé "King Canute") interagissent. Le lecteur est ainsi amené à suivre Alec dans ses conversations avec les uns et les autres, au cours d'arrangement de déplacement d'un point à un autre quand le nombre de véhicules est limité, d'arrangements pour le couchage quand on dort par terre chez quelqu'un d'autre, au cours d'un voyage en France pour la journée, d'un mariage, de rencontre avec des femmes, à l'aide d'une petite vieille à rentrer chez elle, etc.
Graffiti Kitchen (50 pages) - Alec a une relation plus suivie avec une femme plus âgée et il continue de rencontrer ses potes et de faire de nouvelles connaissances. Il prend conscience que la seule constante dans sa vie, c'est lui, les autres ne sont que de passage autour de lui. Cette histoire constitue un essai d'un différent style graphique qui évoque fortement Jules Feiffer (Je ne suis pas n'importe qui !).
Shorts (8 pages) - Cette partie comprend 2 histoires courtes, l'une sur l'arrivée d'un petit ami dans une famille dont le père évoque celui d'Alec, l'autre sur la sexualité. Il s'agit de 2 expérimentations.
How to be an artist (110 pages) - Le titre est assez explicite, Eddie Campbell raconte comment il estime être devenu un artiste. Or Campbell n'est pas le premier venu : il faisait partie de la bande dessinée indépendante en Angleterre quand Alan Moore a commencé à devenir un scénariste prépondérant (suivi de peu par Neil Gaiman et beaucoup d'autres). Le lecteur assiste de l'intérieur à la genèse de cette génération d'auteurs qui bénéficie d'un engouement d'une ampleur sans précédent pour les comics matures aux États-Unis. Campbell y parle de ses influences en tant qu'artiste, mais aussi de l'état de l'édition des comics à l'époque avec le développement de l'autoédition (Peter Laird et Kevin Eastman pour les Teenage Mutant Ninja Turtles puis Tundra, Dave Sim pour Cerebus, Steve Bissette pour son anthologie Taboo, etc). Cette partie donne le point de vue de la mode pour les comics qui a commencé avec Watchmen et Maus, du point de vue anglais. Cette partie m'a passionné.
Little Italy (35 pages) - Eddie Campbell regroupe quelques histories courtes datant de son installation en Australie. Il y a en particuliers 4 pages consacrées à l'histoire vraie du cadavre d'une jeune femme que la police a bien du mal à identifier ("The pyjama girl"), une télé qui ne fonctionne pas et quelques anecdotes sur son beau-père.
The dead muse (12 pages) - Eddie Campbell évoque le travail d'autres dessinateurs de comics photocopies et quelques anecdotes de sa vie ordinaire.
The Dance of Lifey Death (50 pages) - Campbell fait le tour du monde pour assister à des conventions et retrouver d'anciens amis. Il effectue un séjour dans une immense villa d'un médecin australien et commence à parler de son intérêt pour les vins, entrecoupé de quelques anecdotes avec ses enfants et de son travail d'artiste.
After the Snooter (160 pages) - Campbell vit correctement de ses bandes dessinées, il a vieilli (la quarantaine) et il traverse une légère crise existentielle. Il prend conscience de sa mortalité, il se demande si son penchant pour le vin ne prend pas des proportions trop importantes et il a enfin suivi les conseils de Dave Sim (il est de venu son propre éditeur). Il prend également conscience de l'impact qu'à eu "From Hell" sur sa vie et son psychisme.
Fragments (inédit, 34 pages) - Cette partie est essentiellement composée d'un projet avorté sur la nature de l'humour. Campbell prend également conscience que son sens de l'humour s'émousse avec l'âge et les responsabilités.
The years have pants (inédit, 34 pages) - Campbell explique le titre de son ouvrage et raconte quelques anecdotes plus récentes de sa vie.
Campbell est un professionnel de la bande dessiné avec un parcours singulier et éclectique : une illustration de la vie de Jack l'Éventreur selon Alan Moore (From Hell), d'autres collaborations avec Alan Moore (A Disease of Language, en anglais), une variation sur les dieux grecs (Bacchus, en anglais), une adaptation de pièce de théâtre (Black Diamond Detective Agency, en anglais) et un récit mettant en scène un auteur de théâtre (The Playwright, en anglais).
Le charme de cet ouvrage repose sur 2 spécificités. Cette autobiographie n'est jamais pesante car Eddie Campbell travaille les expériences de sa vie pour les présenter sous un jour qui mélange le quotidien avec une dose d'autodérision très british, une pudeur également british et avec la mise en avant du caractère agréable de la vie et des découvertes faites à tout âge (aucun auto-apitoiement à l'horizon, pas de narcissisme existentiel). Il sait trouver un équilibre précaire entre les petits plaisirs de la vie et une vision qui n'est pas née de la dernière pluie. Pour autant il n'adopte jamais un ton cynique ou blasé. Le deuxième attrait est d'assister au développement d'un artiste qui sort des sentiers battus et est à la périphérie de la grosse industrie des comics. Enfin la lecture de ces 600 pages m'a permis de mieux comprendre la construction du style graphique adopté par Campbell qui m'avait fortement dérouté lors de la lecture de "From Hell".
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Il s'agit d'un ouvrage qui sort de l'ordinaire, en format 2/3 de comics, écrit dessiné, peint par Eddie Campbell. Il vaut mieux avoir lu The Years Have Pants.
Le prologue est constitué d'une courte page de texte, adornée d'une petite illustration. Eddie Campbell explique qu'il a perdu la foi dans son art. Ce n'est pas simplement une angoisse de la page blanche, mais plus un dégoût de l'activité de créateur de bandes dessinées. L'artiste a donc disparu et sa famille engage un détective privé pour le retrouver. Il commence par inspecter un site de stockage sur le sol duquel reste un dessin s'apparentant à un gribouillis d'enfant. La conversation entre le détective et l'épouse met en évidence qu'il n'y a aucun indice quant à la cause de sa disparition, mais qu'il effectuait des recherches sur un compositeur dénommé Johann Schobert dont les partitions de clavecin influenceront le jeune Mozart. La narration passe de 2 pages de texte à une bande dessinée illustrée en aquarelles pour narrer la mort de Schobert. Puis le récit repasse à une page de texte pour s'attarder sur le rangement maniaque et particulier des CD de Campbell. Vient ensuite une anecdote en aquarelle sur un achat de préservatif avorté par son fils. Quand tout à coup intervient une page contenant 3 comic-strips de 2 cases chacun, le premier relatif à un couple, le deuxième à des difficultés à cuire des spaghettis, et le troisième dans lequel l'acteur engagé pour jouer le rôle d'Eddie Campbell dans cette BD se plaint de son travail. C'est à ce moment là qu'Eddie Campbell choisit un mode de narration vraiment inattendu : le roman-photo sous la forme d'une succession de buste de sa fille (Hayley) en train de siroter un demi au café, en répondant aux questions du détective.
Promis, je n'ai rien inventé, c'est ce que le lecteur découvre dans les 10 premières pages de cet ouvrage hors du commun (et c'est un euphémisme). Premier constat : il vaut mieux être familier avec le parcours artistique d'Eddie Campbell transcrit par ses propres soins dans l'autofiction "The years have pants". En effet Campbell reprend un certain nombre d'éléments développé précédemment : l'idée du double de fiction (poussé jusqu'à la limite de l'absurde avec un acteur interprétant l'auteur), ses activités annexes précédentes (portraitiste pour les audiences judiciaires), ses voyages à l'étranger pour participer à des conventions de comics (avec toujours un petit souci matériel), sa tentative avortée de BD sur l'humour, etc. Il en développe également d'autres comme la part d'arbitraire dans la notoriété d'un artiste, ou la question de l'immortalité d'une oeuvre d'art. Il évoque également le concept de vision d'artiste, d'une manière aussi pragmatique qu'élégante.
Déjà, dans ses derniers comics d'Alec (son double de fiction), Eddie Campbell avait développé un savoir-faire exceptionnel pour évoquer sa vie d'artiste au travers d'anecdotes de sa vie de tous les jours, en tant que père de famille, ou mari, ou résidant australien, etc. Il a l'art et la manière de parler de son parcours d'artiste, sans avoir l'air d'y toucher, tout en maintenant une forme d'ironie légère qui prouve sa saine capacité à prendre du recul et à relativiser. Pourtant, en supprimant son propre personnage de cette autofiction, Campbell réfléchit à ce qu'il va laisser après lui (thème plus narcissique). Que restera-t-il de son oeuvre, après sa disparition ? Qu'est ce que le public fera de ses oeuvres ? Dans un premier temps, il prend un ou deux exemples d'artistes remarquables, complètement oublié de la postérité (Johann Schobert, que le commun des mortels prend pour une erreur de prononciation de Frantz Schubert). Il y a là un constat brutal sans être amer : la célébrité ne tient pas qu'aux qualités de l'artiste, il y rentre une part de chance ou d'arbitraire qui selon les individus les rendra plus humbles, plus philosophes ou plus aigris.
Ensuite, Campbell expose son point de vue sur les conséquences de la construction d'une vision d'artiste. Effectivement Campbell est un artiste qui a un point de vue idiosyncrasique du monde, qu'il a construit et développé à partir de ses expériences et qu'il a cherché à exprimé de son mieux en raffinant son art, années après années, page après page. De mon expérience, "The years have pants" permet de suivre l'évolution de sa perception du monde, de sa façon d'en rendre compte et de comprendre ses comics si particuliers qu'ils peuvent en devenir hermétiques. Et Campbell invite ici son lecteur à prendre conscience d'à quel point son parcours artistique l'a éloigné des points de vue communs, au point de le rendre incompréhensible par ses proches (Campbell garde toujours cette pointe d'autodérision si discrète et savoureuse). Il se moque de lui-même de manière remarquable en ironisant sur sa tentative avortée de BD consacrée à l'histoire de l'humour. Comble de l'ironie et de l'humilité, il conclut son ouvrage en adaptation "Les confessions d'un humoriste" de O. Henry, c'est-à-dire en s'exprimant par les mots d'un autre.
Et c'est là où la forme hétérogène de cet ouvrage prend tout son sens. Campbell multiplie les formes (pages de texte, comics strip, BD, roman-photo) dans une histoire dont il est absent. Ces formes diverses sont autant de points de vue différents, parfois des mêmes personnages (Hayley qui est aussi bien en photo qu'en comics trip). Les formes variées, les sauts d'une narration à l'autre, les juxtapositions improbables d'un personnage à l'autre finissent par composer une mosaïque révélatrice et signifiante des aspects de la réalité perçus et générés par l'individu Eddie Campbell. Sa prose (les pages de texte) est facilement lisible (11 pages sur 90). Ses bandes dessinées sont rendues dans le style exquis utilisé dans The Playwright. Les 10 pages remplies de photographies d'Hayley produisent un décalage déstabilisant qui amène à s'interroger sur la nature de l'art séquentiel. Voilà une charmante jeune femme qui fait des mines pour illustrer un discours plutôt introspectif sur son père à base d'anecdotes significatives. Est-ce encore une forme d'art séquentiel ? Est-ce plus ou moins valide que des pages de cases occupées uniquement par des dessins de têtes en train de parler au travers de phylactères ? Toujours est-il que cette forme comme les autres nourrit le récit aussi efficacement.
À l'évidence, "Fate of the artist" est à réserver à des lecteurs avertis, ouverts, curieux et familiarisés avec le parcours artistique d'Eddie Campbell. Finalement il invite le lecteur à partager l'intimité de ses actes de créations, de ses angoisses de créateur, de son humanité. Eddie Cambell transcende son medium de choix pour proposer une introspection vivante, critique, drôle et touchante le narcissique de l'auteur créant. Il montre comment son parcours singulier d'auteur peut parfois le rendre étranger à sa propre famille, tout en faisant ressortir l'universalité de son expérience.
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"De l'Enfer" ou un "Un Monde sans franc-maçons" : Alan Moore, avec "From Hell" nous livre, possiblement son oeuvre maîtresse, à plus juste titre en réalité que la bande-dessiné de super-héros américains décadents "Watchmen". En effet, au fil de la lecture on découvre une histoire aux profondeurs insoupçonné : éloge de la folie, tableau de l'époque victorienne en proie aux vicissitudes, secrets d'une élite condescendante à la bienveillance mal placé, décryptage occulte des symboles d'une ville aux mystères antiques, poésie sombre et transcendance de l'être et de l'espace-temps, voilà les thèmes entre autres abordé au travers de ce récit historique.
Dans cette critique, j'ai décidé d'appuyer sur un point : "Moins d'un dé à coudre d'iode sépare l'intellectuel du crétin congénital. Phénomène dont je vais à présent tenter la démonstration.", par cette citation, Alan Moore désigne la pseudo-élite intellectuelle de ce monde illustré par le cas particulier du chirurgien de la famille royal qu'est William Gull, initié maçonnique des grandes loges, ayant transcendé les mystères et coutumes de l'art maçonnique par une connaissance de l'histoire occulte des plus pointues, et nous livrant ainsi l'architecture interne et externe d'un esprit qui ne saurait laisser un criminologue de marbre. Après une réalisation mystique donnée par une vision digne d'un poème de William Blake, Sir William Gull pense avoir trouvé un sens à sa vie : entreprendre des rites de magie social ayant pour fin définitive de raffermir le pouvoir de l'homme sur la femme dans la société de l'époque, ce qui expliquerait la série de meurtres perpétrés sur une succession de prostitués, et dès lors attribué à "Jack l'Eventreur". Mais en réalité, ce que cherche à démontrer Moore, c'est que William Gull n'est rien de moins qu'un enfant en manque d'attention. Inspiré par l'architecte subtil initiés aux mystères des anciens cultes dionysiaques - Hawk Smoor - Sir Gull a eu accès à une autre vision de la réalité, plus profonde, plus primaire, qui le fait réaliser que la teneur de ce monde s'appuie sur des vérités des plus cruelles. Esprit faible qu'il est, ce personnage va inspirer à William un écart de la norme qui le conduira au domaine des illuminés et des mystiques, jusqu'au point de sublimation qui le poussera à se prendre pour un être supérieur, être ayant réalisé le divin en lui, retournant sur cette basse terre, marchant dans une dimension parallèle aux communs des mortels. C'est en fait le piège dans lequel tombe beaucoup de nos intellectuels de l'élite dans le phénomène de société contemporain connu aujourd'hui sous le nom de "réseaux pédophile d'élite". En réalité Moore nous explique que l'ensemble de nos élites sont des enfants perdus en quête d'attention au travers d'une masturbation intellectuelle assermenté, qui peuvent à tout trébuchements sombrer dans les limbes des sociétés secrètes dont les loges maçonnique représente un terreau de choix pour le recrutement des futurs fidèles des religions secrètes vaudous ou sataniques. Et également, que pour ces derniers, la simple blague qu'est la machination du système révélée avec un petit coup de vernis intellectuel constituent le bagage tout au moins requis pour tomber dans le piège sectaire, tel des enfants en proie aux loups des bois. C'est une psychologie des plus simples, pourtant commune à tant de narcissique pervers des réseaux de corruption des milieux flirtant de près avec le pouvoir.
Oeuvre pointé du doigt par les franc-maçons de notre âge de par son hérésie, ces derniers aimeraient bien haïr Alan Moore pour sa provocation ultime, mais en sont incapables, car il ne peuvent qu'admirer secrètement un esprit qui dégage une telle dose d'intelligence et de génie.
Ainsi sont nos dirigeants, des dirigeants-enfants, les résultats d'un comportement humain modelé par une matrice infernale tendant ses crocs à tout ces simples d'esprits se croyant complexes qui constituent les cultures de nos élites actuelles, dont on pourrait en définitive, se passer.
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La vérité sur Jack L'Eventreur ?
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Qu'est ce que j'ai pu avoir peur d'entreprendre la lecture d'un tel pavé de 600 pages et de surcroît en noir et blanc ! Quelques avis me faisaient frémir d'avance car je suis un lecteur très attaché aux qualités esthétiques d'une oeuvre et plutôt grand public. Oui, cette bd avait alors tous les inconvénients pour me déplaire. Je sais qu'on ne doit pas juger une oeuvre avant de l'avoir lu.
Une vieille connaissance, grand amateur de bd, qui m'avait jadis initié à des lectures plus adultes que les Tintin et autres Astérix, m'avait lancé une espèce de défi: "tu ne seras jamais un véritable collectionneur de bd si tu ne possèdes pas From Hell !" Bigre !
Qu'avait 'elle de spéciale pour susciter une telle admiration ? Je n'en suis pourtant pas à mes premières lectures ! Voilà que je me précipite pour l'acheter dès le lendemain puis je l'a fais trôner dans ma nouvelle bibliothèque flambante neuve (ou dois-je dire son extension). Les mois passent... Je délivre près de 200 avis sur ce site. Tout est bon pour lire autre chose. Mais je suis blasé par toutes ces lectures qui ne m'apportent que rarement des satisfactions. Les avis négatifs se multiplient à une vitesse grand V.
Un beau jour, car ma bibliothèque d'entreprise étant indisponible pour cause de rénovation, je me lance enfin dans l'aventure Greetings from Hellville. Je commence cette lecture tant redoutée et repoussée... Mais, c'est le coup de foudre immédiat malgré une première partie très difficile dans son approche. Je ressens véritablement la quintessence de ce que la bd peut offrir de meilleur. C'est à la fois sublime et intelligent ! Il faut dire que je désespérais de retrouver une oeuvre culte. Alan Moore devient pour moi l'un de mes meilleurs scénaristes ayant déjà noté Le Culte des Ténèbres son oeuvre Watchmen.
L'histoire est non seulement très originale mais elle est illustrée par un style graphique très intéressant. Je me suis mis à aimer ce dessin car il nous permet de faire preuve d'imagination pour relier toutes les scènes entre elles. Je ne pensais pas que je pouvais atteindre ce stade un jour. J'ai ressenti une véritable fascination visuelle par ce trait d'une extrême délicatesse qui parvient à restituer la beauté ou la laideur naturelle du vivant. Il faut simplement en retirer la substantielle dimension. Ce n'est pas à la portée de tout le monde.
Greetings from Hellville est le passage obligé pour tout lecteur qui aime passionnément un tant soi peu la bande dessinée. Pour moi et c'est purement subjectif (quoique !), il y a eu un avant et il y aura un après Greetings from Hellville. C'est un véritable rite d'initiation pour un lecteur. J'espère pouvoir me relever car une telle qualité scénaristique ne se rencontre pratiquement jamais. C'est un véritable chef d'oeuvre qui m'a transporté dans un univers au-delà des limites. C'est terriblement jubilatoire!
La trame imaginée par l'auteur est réellement captivante. Les décors sont habilement suggérés par des variations d'ambiance. Ce récit regorge de trouvailles intelligentes.
Greetings from Hellville apporte une nouvelle résonance aux règles de base qui bâtit les fondements mêmes du genre policier. Etant titulaire entre autre d'un DEA de sciences criminelles, j'ai pu grandement apprécier cette enquête difficile, les fausses pistes qui se sont multipliées, l'autopsie de la vie de ce tueur intemporel.
Un seul mot réussit finalement à bien résumer mon état d'esprit à la fermeture de cet album : culte !
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La plus importante tentative de fiction historique de l'histoire de la BD ? Oui sans conteste tant ce récit de 500 pages en noir et blanc se révèle effrayant, appliqué, captivant, détaillé. L'enquête d'Alan Moore est vaste ; elle ne se borne pas simplement à l'intrigue (l'une des plus complexes de l'histoire criminelle). On est ici au coeur d'événements sordides qui nous transportent dans l'imaginaire victorien. Eddie Campbell excelle dans la description de cette violence, de cette folie. Son trait est franc, acéré, féroce. Attention chef d'oeuvre. A lire et à relire.
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En 1888, une série de meurtres atroces souleva l'opinion publique britannique jusqu'à mettre en péril l'équilibre politique du pays, la légende de "Jack l'éventreur" venait de naitre.
Cette affaire fit grand bruit dans le monde entier et inspira nombre d'oeuvres de fiction.
Mais des auteurs se penchèrent sérieusement sur le cas et tentèrent de donner une réponse au mystère de l'identité du tueur.
Ainsi, à simple titre d'exemples, l'américaine Patricia Cornwell et la française Sophie Herfort,publièrent des livres où le coupable était identifié.
Mais si les hypothèses -différentes- sont argumentées et vraisemblables, il semble bien que l'identité réelle du tueur reste un mystère.
Le graphic novel de Moore et Campbell propose une autre version de l'affaire où la politique tient une place non négligeable (je n'insiste pas pour ne pas trop en divulguer !)
A sa parution en 2000 j'avais été rebuté par le pavé, non par son épaisseur, mais par le graphisme d'Eddie Campbell, plus de 20 ans plus tard, je ne suis guère plus séduit, mais j'ai voulu tout de même tenter la lecture.
From Hell est une oeuvre monumentale, le travail d'Alan Moore est impressionnant, la société britannique de la fin du dix-neuvième siècle est étudiée et représentée avec détails, on comprend qu'une affaire comme celle de Jack l'éventreur a pu mettre en évidence la misère d'une partie des londonniens et montrer les failles et carences de la police et de la justice et même du gouvernement de Sa Majesté.
Je sors de cette lecture un peu mitigé, certes l'auteur de "Jerusalem" a produit une oeuvre dense et aboutie, mais je persiste à dire que le graphisme de ce roman graphique ne me plait pas beaucoup.
Mon impression et ma note auraient été meilleures si From Hell avait été un roman écrit.
PS : From Hell a fait l'objet d'une adaptation au cinéma, avec Johnny Depp et les regrettés Ian Holm et Robbie Coltrane, maintenant que j'ai lu le livre, je peux confirmer qu'il édulcore le propos de Moore qui n'a décidemment guère de chance avec les films tirés de ses oeuvres !
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J'ai abandonné l'idée de continuer ce livre car les dessins ne me satisfaisait pas du tout et j'ai trouvé l'introduction hors sujet et le début trop lent, j'ai été déçue car j'adore les histoires sur jack l'éventreur et ses éventuelles identités et là je suis restée sur ma faim et je déteste me forcer à terminer un livre quand ça ne me plaît ou même quand c'est trop lent...
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une revisite graphique du mythe de Jack l'éventreur. Devenu presque un incontournable, c'est un vrai roman noir dans le dessin et dans l'histoire. Un récit passionnant de bout en bout, où l'on est aspiré dans la finesse et la noirceur du trait (qui se retrouve dans le scénario).
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"From Hell" est un abime de noirceur, dont le titre est inspiré d'une lettre, reçue en 1888 par George Lusk, président du Whitechapel Vigilance Committee, et dont on ne sait toujours pas aujourd'hui si l'on peut l'attribuer à Jack l'Eventreur, ou pas.
Véritable mythe moderne, l'histoire de Jack l'Eventreur demeure toujours un mystère à ce jour, le meurtrier des cinq prostituées vivant dans le quartier de Whitechapel, à Londres, n'ayant jamais été identifié. Ce qui a évidemment contribué à ce que maintes hypothèses prospèrent jusqu'à aujourd'hui, ainsi que le fait que Jack est sans doute la première figure médiatisée du "tueur en série", tel que nous le concevons aujourd'hui.
Cette matière est donc du pain béni pour un auteur comme Alan Moore, qui tout en mettant en scène l'enquête de l'inspecteur Aberline, en profite aussi pour brosser un tableau des plus sombres du Londres victorien. Il reprend à son compte la théorie de Stephen Knight, dont je ne dirai rien pour ne pas déflorer l'intrigue.
L'œuvre n'est donc pas historique au sens propre, cela reste une fiction (l'auteur a d'ailleurs dit lui-même qu'il ne souscrivait pas plus que ça à la théorie de Knight, mais qu'il la trouvait intéressante d'un point de vue scénaristique), même si l'époque est très bien rendue. Mais il est vrai que cette vision de l'histoire a le mérite de permettre à Alan Moore de se laisser aller à ses penchants ésotériques. Il faut néanmoins mettre à son crédit la rigueur des recherches préparatoires (toutes les sources sont citées et Moore commente et explique ce qui relève des faits et de son imagination).
Une certaine critique sociale n'est pas absente de l'œuvre, dont "noirceur" et "mystère" restent les maitres mots, du début à la fin. Pour finir, je n'oublie pas non plus les superbes dessins, en noir et blanc, d'Eddie Campbell, dans une veine semi réaliste, qui rendent palpable la misère sociale, le fog et le charbon.
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Toujours contrainte d’errer au rayon BD pour faire plaisir à ma progéniture, voici une bande dessinée qui a attiré mon attention, du fait de son titre…qui laisse supposer que le sujet est Jack l’éventreur. Format imposant avec ses quelques 500 pages de vignettes en noir et blanc auxquelles il faut ajouter une cinquantaine de pages d’annexes qui reprennent page par page les évènements narrés. C’est assez intéressant car l’auteur aide à distinguer le vrai du faux et cite ses sources.
J’ai bien apprécié la visite de Londres, toute en symboles maçonniques, avec des dessins précis ; le dessinateur est allé jusqu’à reprendre des plans et croquis de l’époque pour tracer de manière fidèle les lieux et monuments.
Les vignettes sont tantôt bien exécutées avec un trait fin et sûr, tantôt si foncées qu’on ne peut distinguer le dessin. Quand il s’agit de montrer l’horreur des crimes, soit le noir vient remplacer le sang ou la boucherie, soit les détails sont bien clairs. Dans tous les cas, c’est de l’horreur et cela a bien réussi à susciter répulsion et véritable dégoût lors de ma lecture.
A ces dessins s’ajoutent les textes au langage parfois cru, le tout nous laisse bien appréhender la vie des prostituées, de Londres et de Whitechapel plus particulièrement et nous immerge dans cette époque et ses mœurs.
Cette version de l’histoire fait la part belle à la franc maçonnerie, on a donc droit à de nombreuses digressions sur certains rites et croyances de cette confrérie.
Globalement, j’ai trouvé cette lecture un peu trop longue, trop mystique ce qui donne parfois une impression surréaliste, et ce, même si cela a également été instructif. Cependant, je crois que cette BD contribue au fait que ce genre de livres commence à me plaire. On aura tout vu !
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Alan Moore et son dessinateur nous ont pondu ici une histoire très sombre avec des dessins qui sont parfois très oppresseur. Il nous livre sa théorie sur Jack L'éventreur. Il réussi en même temps à nous faire la critique de la société de l'époque où il a écrit cette histoire.
Cette BD pourrait être très difficile à lire pour des gens qui ne sont pas habitué au style de Moore. Les dessins ne sont pas parfait et certaines fois ne sont pas très clairs mais c'est voulu, ça fait partie du style. Le côté mystique peut rebuter certaines personnes mais en sachant d'avance qui est Alan Moore on n'a pas trop de surprise là dessus.
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Nous connaissions tous l'histoire de Jack L'éventreur, et nous connaissons les théories concernant l'identité de ce tueur. Grâce au livre d'Alan Moore et ses dessins, vous replongerez dans le Londres et le Whitchapel de 1888. L'histoire reprend des éléments de l'enquête initiale, et même si les éléments apporter par Alan Moore n'ont pas forcément pour fonction de faire avancer l'enquête le twist final pourrait en surprendre plus d'un.
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