La Conscience , dont je veux parler ici, n’est pas cette faculté interne à laquelle, témérairement peut-être, on attribue une vertu de discernement entre le bien et le mal, entre « le vice et la vertu », comme on disait solennellement jadis, avec le classique apologue d’Hercule hésitant au carrefour des deux chemins auquel on n’échappait jamais.
Ce n’est pas l’instrument de Morale qui, non sans vacillations, nous conseille et nous juge, avec accompagnement habituel de contentement de soi ou de remords.
Aucune école, — sauf celle du « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles», celle du docteur Pangloss, si prodigieusement et si définitivement ridiculisée par Voltaire dans son roman charmant et désormais si peu lu Candide, — ne croit à l’existence présente du Bonheur parfait sur la Terre pour « les mortels lamentables » que nous sommes et que qualifiaient ainsi les Grecs très observateurs de la réalité ambiante laquelle, comme dosage de bien et de mal, n’a guère changé depuis eux.
Durant la jeunesse on va surtout aux détails, à ce qu’on peut qualifier l’aspect anecdotique du Monde. L’âge introduit en notre cérébralité des besoins de généralisation automnale mélancolique et à coloris intense, la vision terminale et d'ensemble de la multitude des faits rencontrés et observés.
Le premier, le plus doux des biens, c'est la Paix, si aimable, si nécessaire au bonheur, que le meilleur, le plus grand des maîtres bornait toutes ses instructions, toutes ses récompenses terrestres à ces consolantes paroles : Que la Paix soit avec vous.