Je songe souvent à un pays plein de lumière, à son joli ciel bleu, à ses collines parfumées de thym et de lavande.
Là fleurissent les lauriers-roses et murit la grenade saignante.
L'hiver y est doux comme un printemps.Au gai soleil de janvier, les oranges et les mandarines se dorent, tandis que les mimosas deviennent de magnifiques bouquets jaunes.
Ce pays délicieux, c'est la Provence où je suis né.
Il dort maintenant, Pierre-François, du paisible sommeil dont on ne s'éveille plus. Il dort dans le petit cimetière, à l’abri des cyprès verts et noirs que le vent berce éternellement , et dont la lente et souple ondulation a la douceur d'une prière. Il dort à côté de Germaine, son épouse, qui l'attendait là... Les deux pierres blanches, toutes pareilles, se touchent presque.
Il dort... Son existence simple, faite de travail, d'affection, de bonté, de tant de fatigues et d'un peu de joie, s'est terminée si tôt ! Lui qui bravait la souffrance et le mal, lui qui riait, un rien l'a terrassé... Ceux qu'il avait mission d'élever, de protéger, de chérir n'auront plus de lui, désormais, qu'un souvenir et qu'une image.
" Oh ! il va pleuvoir, s'était écrié Marcel.
- Pas nécessairement, avait répondu Oncle Paul. Ce ciel-là est celui que tu verras, durant des semaines et des mois, jusqu'au printemps prochain.
- Est-ce possible ?
- Oui ; mais tu t'habitueras vite aux journées sans soleil. Tu arriveras vite, même, à en aimer la délicate poésie. "
Quant aux nuages, ce sont des êtres plus mystérieux encore. On ne sait pas d’où ils viennent, ni où ils vont. Mais il est certain que les blancs sont doux et pacifiques, que les rouges sont plein de violence et de fureur, et que les gris et les noirs portent le deuil d’une infinie tristesse.
Et tout ces êtres se connaissent et se parlent. Ils se parlent en une langue que Marcel ne comprend pas, mais qu’il imagine.
Maman n'avait qu'une instruction assez courte. mais elle était douce et patiente.
Chers enfants, plus d’une fois le soir, votre journée d’écolier achevée, vous rouvrirez « La Maison des flots jolis », non pour en étudier le texte, comme en classe, mais pour le seul plaisir de lire. Ce sera pour moi une joie. Si mon livre est votre ami, mon application n’aura pas été vaine.
Maintenant qu’il est terminé et que je vous l’offre, les personnages dont je l’ai animé souvent me parlent. Tout à l’heure, Léa me répétait, après le marinier de la Marie-Jeanne : « Il n’est pas de ciel plus beau que celui qu’on a aimé quand on été petit. » Et les voix que Marcel percevait dans la nuit vingt fois ont murmuré à mon oreille : « C’est bien ainsi, Marcel. Tu le vois : après les deuils et les souffrances, les jours doux et bons sont venus, parce que vous avez su vous aimer… Aimez-vous toujours. Ne vous abandonnez jamais. »
Peut-être ces paroles, d’autres encore, reviendront-elles aussi en votre mémoire, ramenant avec elles comme un cortège de souvenirs chers, alors même que vous aurez grandi et que vous aurez quitté l’école. Ce sera ma meilleure récompense.
[ extrait du texte de présentation se trouvant en préface, texte signé par Édouard Jauffret, auteur de ce roman scolaire.]
Bien des manuels de lectures, ces dernières années, se présentaient à vous comme des romans et cherchaient, en réalité, à vous enseigner le maximum de connaissances de tout ordre. L’intention des auteurs pouvait être bonne, mais votre plaisir était souvent gâté.
« La Maison des flots jolis » ne se propose que de se faire aimer.
[ extrait du texte de présentation se trouvant en préface, texte signé par Édouard Jauffret, auteur de ce roman scolaire.]
La chanson passe dans l'ombre, douce comme une caresse, et moi, immobile, je voudrais que cet instant ne finisse jamais.