La plupart des tyrans ont été d'abord capitaines et généraux pour les peuples, sous prétexte de venger ou de défendre leur liberté. Comme l'a dit Tacite "Pour renverser le gouvernement présent, ils prennent prétexte la liberté du peuple et, lorsque le gouvernement est renversé, ils oppriment eux-mêmes alors cette liberté pour laquelle ils avaient combattu."
Sans aucun doute, quand la populace entend dire que le protecteur devait être tué, elle en conclut, sans plus y songer, qu'un homme allait être assassiné et non pas qu’un malfaiteur allait être puni. C'est qu’en sa naïveté elle croit volontiers que les formes des choses sont les choses elles-mêmes, que ce sont le juge et l’huissier qui attestent la justice et que c'est la prison qui prouve la culpabilité du criminel.
Un tyran, dit Platon, doit exterminer toutes les personnes de vertu, ou il ne peut être en sûreté; tellement qu'il est réduit à cette malheureuse nécessité: ou de vivre parmi des lâches et des infâmes, ou de ne vivre point du tout.
Et certainement, les peuples ont raison de ne combattre que faiblement quand ils ne gagnent que des victoires contre eux-mêmes, quand chaque succès doit être la confirmation de leur servitude et un nouvel anneau de leur chaîne.
Il lui plaît d'aveugler nos entendements et d'abaisser nos esprits jusques à souffrir que nous fassions la cour à notre servitude.
Je vous supplie de songer à votre serment et à vos actes, et de ne pas donner lieu à la postérité et à vos descendants eux-mêmes de déplorer votre abject abaissement ou de maudire votre courage malheureux et vos victoires, qui nous ont servi, par l'usage que vous en faites, qu’à nuire au bonheur public.