Envoûtée ! Voici l'effet procuré par la lecture de ce roman. L'auteure nous offre une magnifique, et triste, histoire d'amour, qui laisse en suspend la question du destin amoureux, des âmes soeurs. La forme donnée au roman, un retour dans le passé du héros, permet de donner de la force et de l'émotion sous couvert de fantastique, "d'impossible". Une partie de la magie opérée à la lecture de ce livre vient probablement de la manière dont le lecteur va se laisser emporter par l'histoire, va s'évader et vivre avec le héros.
Cet homme, d'une cinquantaine d'année, décide de retourner sur les lieux de sa jeunesse. Il n'y a plus mis les pieds depuis qu'il y est tombé fou amoureux. C'était un amour impossible, celui pour une femme qui aurait pu être sa mère, meurtrie par le souvenir d'un amour de jeunesse. Alors l'incroyable survient...
Pourtant, toute cette beauté juvénile n'était qu'une annonce, une simple ébauche de ce que j'avais connu vingt-cinq ans auparavant, et bien que son corps fût lisse et ferme, ses seins durs, chaque fois que je l'embrassais, chaque fois que, dans une grange déserte des environs où nous avions trouvé refuge, j'entrais en elle, celle avec qui je faisais l'amour, c'était toujours l'autre Célia, celle qui m'avait appris à aimer de nombreuses années plus tard, dans un lit aux montants de fer, la femme marquée, vieillie et mystérieuse qui m'avait à jamais fait sien.
Je ne sais pas combien de temps nous trestâmes là à nous embrasser devant la porte fermée,dans l'obscurité.Un moment qu'aucune horloge ne saurait mesurer parce qu'il ne s'écoulait pas en ce monde.
Ici, le temps file comme une flèche,en ligne droite,toujours en avant;il ne s'attarde pas en cabrioles,en boucles et en pirouettes.Ici,il n'est pas possible de retourner en arrière.
Les souvenirs accourent furieusement, rivalisent pour s'imposer à mon esprit confus et se confondent en un amas vitreux qui laisse à peine entrevoir les contours de ce qui fut.
Célia m'avait arraché ce à quoi je n'ai jamais pu donner de nom et qui était cependant indispensable,je ne le savais que trop bien,pour être un homme à part entière.
Le temps changerait de cap comme une goélette frappée par une rafale de vent et nous aurions tous une nouvelle chance,un nouveau chemin à suivre.