(....) être soigné, c’est se laisser saisir, s’abandonner aux
bons soins de celui ou celle qui nous soignera, nous guérira en luttant avec
la maladie… Le patient qui émet des souhaits, voire des exigences, résiste,
questionne, s’interpose entre le soignant et la pathologie, est le « mauvais
patient », la « patate chaude » des professionnels de santé. Il bouleverse
l’ordre des choses et, aux yeux des soignants, cette absence de coopération
peut compromettre l’issue de la bataille avec la maladie.
Tous les patients chroniques, eux aussi, sont amenés à se surveiller de près, pour éviter la déstabilisation de leur état, engendrée par ce qui pourrait être attribué à un « abus » (pour le malade dialysé, prendre trop de poids ; pour le malade diabétique, mal stabiliser ses constantes biologiques ; pour le malade psychiatrique, arrêter ses traitements). À la difficulté d’être malade s’ajoute donc celle de la responsabilité morale dans la stabilisation de son état.