Elisabeth Foch-Eyssette - On ne peut pas toujours voyager... (Arléa)
En librairie le 8 mars 2018.
Vidéo réalisée par Valérie Jourdan / titusprod.fr
Autre vol, autre ciel : steppes d'Asie centrale. Vers Oulan Bator, l'avion est escorté par une procession de cumulus humilis, à l'image d'une cane et de sa couvée : "Solitaire, je parcours des milliers de kilomètres et demande mon chemin aux nuages blancs", Bouddha.
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Ensuite, la descente. Bousculé comme un gain de sable dans un sablier, on s'enfonce dans le paysage. On dégringole pour rejoindre ces torrents qui d'en haut avaient la brillance et l'immobilité d'un sillage d'escargot.
Et dans cet isolement sauvage, au sens étymologique dérivé de silva, la forêt, l'homme éprouve physiquement le cycle de la vie et se sent appartenir au monde.
La beauté et l'esprit des lieux proviennent de la conception même de ce vaste territoire d'expérimentation de l'âme et du corps, qui vise à favoriser les interactions entre la nature et les êtres.
Si nous savons depuis 1852 quelle est la plus haute montagne du monde -- le pic XV sur le schéma de triangulation, appelé Everest en l'honneur d'un patron du Survey of India --, il revient au capitaine Noël l'honneur d'être le premier à s'en approcher et à le photographier (1913).
Mais le sacré est vénéré différemment selon les latitudes et le regard que portent les Japonais sur la montagne, loin d'être sacrilège, est empreint de vénération.
C'est grâce à un art de vivre qui respecte les liens presque symbiotiques de l'homme avec la nature que les Indiens atteignent une dimension sacrée.
Les hommes choisissent leurs Escales pour ancrer leur vie ou partager, l'espace d'une nuit, l'intimité de l'altitude.
Comme un cadran solaire
Heure après heure, l'ombre de la maison fait sa ronde, veille sur le jardin, la cour, le verger, le coin de la rue. La maison, elle, demeure immobile. Ancrée en terre mais la tête dans les astres, elle offre un modèle ambigu fait de stabilité et de révolutions.
J.M.W. Turner est en effet l'un des plus grands peintres du paysage alpestre -- même si sa gloire est ailleurs. Il donne un nouveau sens à la couleur et au mouvement, marque la réalité par sa vision intérieure et mêle le romantisme à l'impressionnisme.