Après les recueils Dieu est à l'arrêt du tram et Polonaise, je reviens avec plaisir et curiosité vers la poésie d'Emmanuel Moses au travers de Quatuor, ouvrage publié en 2020 chez le Bruit du Temps éditions.
Le court recueil est divisé en quatre parties, quatre longs poèmes, comme autant de mouvements d'un quatuor musical avec des variations sur des thèmes qui reviennent souvent dans la poésie de l'auteur : l'amour, la rencontre, la mémoire habitée par les êtres, le temps passé et les lieux qui lui sont chers. Dans une flux d'écriture, sans recherche de forme, la pensée se répand, s'articule et parle de l'espoir, de l'altérité, de l'amitié, de l'amour, du mystère de toute vie, de cette banalité du quotidien qui porte en elle quelque chose d'ultime et de précieux.
« […]
La liberté du vent qui siffle à la tombée du soir
Qui a traversé prairies et champs, fleuves et jardins en fleur
Qui a franchi des routes bitumées
Et s'est joué des lignes de haute-tension et leurs pylônes
Le vent au doux parfum de l'heure évanescente
Le vent qui rappelle l'angélus parce qu'il est comme une prière à la
mémoire du jour
À la gloire du jour
Et aussi une célébration de la nuit imminente
Tu l'inspires et l'expires
Tu es heureux comme le merle qui sautille à tes pieds sur la pelouse
Tu emplis tes poumons libres de joie, de tristesse
Il te faudra boire un verre de vin aussi sombre que la vague noire
déferlée à tes pieds
Encore un instant de lumière
Le vent poursuit sa course comme la liberté balaie l'existence
Tu as compris le sens de l'existence, un certain sens, du moins
Et la compréhension n'est jamais définitive, elle ne prend pas racine
Elle va et vient, tel le vent dans ta figure, sous les paupières et au fond
des narines
[…] »
Élégante, l'écriture d'Emmanuel Moses semble se répandre sans effort, épousant sa matière. La vérité de l'instant lui importe plus que la perfection de la forme, laissant le lecteur puiser à son goût une mélodie, un propos recueilli.
Quelques confidences, un fond de douce mélancolie imprègnent les pages. le livre traverse les tonalités pour décrire la vie (la nôtre), cette existence où l'être, tel un acteur, est délivré de toute nécessité, de rôle, de texte, d'indications de jeu, l'homme est donc libre, d'une liberté née du hasard, qui ne résout rien : car elle peut être « décision ou résignation, agissante ou passive, et le refus d'agir est lui-même agissant… »
Errance d'une pensée, saisissant la circonstance pour se déployer dans l'écriture et le temps, chez Emmanuel Moses, l'interrogation existentielle si elle ne s'affranchit jamais de l'histoire et du passé, reste profondément attachée au monde sensible et au présent. Un éloignement autant qu'une présence au monde.
« Je rêve dans ma contemplation à ce qui est proche et lointain
au fait que la distance peut étrangement rapprocher et la proximité
éloigner »
.
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique sans trop savoir à quoi m'attendre, puisque le 4ème de couverture me semblait plutôt flou...
Après lecture du livre, je suis toujours autant dans le flou !
On a là une succession d'histoires de vie sans rapport entre elles. Il y a probablement une espèce de fil conducteur plus ou mois métaphysique je pense, mais il ne m'a pas sauté aux yeux ! Moralité, en terminant ce bouquin, je me suis demandé ce que j'en avais retenu : rien.
Ce n'est pas mal écrit du tout, bien au contraire. Très poétique et très bien tourné. Le souci, selon moi, ne réside pas dans la forme, mais plutôt dans le fond. Parce que je suis persuadée qu'il y a une sorte de morale à tout ce déballage littéraire, mais je ne sais pas laquelle, et je trouve ça trop déroutant pour reconnaître avoir apprécié cette lecture...
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Un roman d'un auteur israélien, que j'avais voulu découvrir il y a bien longtemps mais pour lequel je ne garde pas un souvenir extraordinaire. Je l'ai sous-titré roman surréaliste, tellement il m'a semblé complexe et étrange. Je crois tout de même qu'il a marqué la littérature de l'époque...
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Un soir d'été, on suit un homme qui semble avoir un travail à accomplir. On comprend petit à petit qu'il s'agit d'éliminer un autre homme, mais les choses ne se passent pas exactement comme prévu...
Livre très court que j'ai cependant mis un certain temps à lire, peinant à adhérer au style et à l'histoire et ne parvenant pas à ressentir quelque émotion.
En somme, je suis passée à côté, mais d'autres apprécieront peut-être l'atmosphère un peu particulière qui s'en dégage ainsi que le portrait d'anti-héros.
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J'avais un projet de lecture poétique, je voulais lire le pendant hébraïque de l'anthologie de la poésie palestinienne, pour voir si quelque chose pouvait se mettre à résonner entre les deux...
Je ne m'y suis pas retrouvé, c'est normal, je suis étranger à ces histoires, à cette terre, à cette langue.
Je crois que c'est la période qui ne correspond pas avant tout. Ce livre est publié dans les années 90, et les auteurs présentés sont plutôt contemporains des années 60, donc plus très contemporains finalement.
Tout ça pour dire que pour que des paroles poétiques entre en résonance, il est préférable qu'elles soient de la même époque, la géographie ne suffit pas.
J'ai tout de même apprécié les textes proposés, même si je les ai trouvé très "occidentaux". Ces autrices et auteurs sont avant tout des migrants ou issus de migrants, et n'ont pas l'air de s'attacher particulièrement à leur terre, mais c'est sans doute en réaction à une "ambiance politique" d'après guerre, imprégnée d'idées plus libérales?
Si quelqu'un connait un ouvrage plus récent sur le sujet je suis intéressé.
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Il y a très très longtemps que je n'avais pas lu de poésie, et de poésie moderne de surcroit. Je n'ai pas tout aimé, mais j'aurais du mal à juger n'étant pas assez habituée à cette forme d'écriture
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On sent que l'auteur de ce livre est également un poète qui nous offre grâce à un personnage complexe et très intéressant, sa vision de la noirceur mais aussi de l'espoir du monde.
On suit tout au long de "Ce jour-là" la marche d'un homme, proche du lecteur, mais qui lui permet d'acquérir aussi un recul sur la réalité, parfois même une révélation tantôt déroutante tantôt charmante.
Le dénouement est d'une grande et belle subtilité.
A découvrir !
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Tout d'abord merci aux éditions Galaade et à Babelio de m'avoir permis de découvrir cet auteur. Car il est vrai que ce recueil de nouvelles est merveilleusement bien écrit: à la fois très précis, on a l'impression de se retrouver au milieu des scènes, et très poétique.
Toutefois, il est a noté que le terme "nouvelle" est absent de la quatrième de couverture ce qui est très déroutant car je m'attendais à retrouver les personnages de la première nouvelle dans la suite de l'écrit.
D'une façon générale c'est le problème avec les nouvelles: on entre à peine dans l'histoire qu'elle est déjà finie. C'est donc le seul point négatif que je me permets de poser sur ce livre mais c'est plus un problème personnel avec ce genre littéraire.
Emmanuel Moses nous embarque dans cinq récits où les souvenirs, les rêves fantasmés ou réalisés, les désirs secrets sont le fil conducteur.
Dans la première, un homme se rend à la police un soir de réveillon poussé par la culpabilité. Il raconte aux inspecteurs médusés comment il a été complice dans le meurtre d'un homme.
Dans la deuxième, Marie attend son homme au bord d'une plage au Mexique et se remémore leurs aventures en Turquie et en Bulgarie.
Dans la troisième, Philippe se rend au travail comme chaque matin. Mais une fois arrivé sur place, on lui annonce que la scierie sera fermée aujourd'hui. C'est l'occasion pour Philippe de se balader sur son vélo et de rêver à une vie plus agréable loin de sa femme qui ne l'aime plus.
Dans la quatrième, Gébé s'accroche à ses quelques rêves et souvenirs pour ne pas sombrer dans l'alcool.
Enfin, dans la cinquième, il nous est raconté l'histoire de Mathilde qui démissionne de son travail pour vivre son rêve consistant à partir sur la mer. C'est la seule, dans ce recueil, qui vit son rêve. Mais cela se termine très mal pour elle.
Pour conclure, le Compagnon des Chacals est un livre poétique, facile à lire, facile à s'immerger dans les histoires quelque peu vaporeuses. Mais c'est dommage que chaque histoire n'est pas plus développée en particulier la première.
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Le Compagnon des chacals est un recueil de cinq nouvelles mêlant poésie et fiction :
- Le compagnon des chacals : la nuit du Nouvel An, Arden, commissaire attend que son collègue prenne la relève. Il est attendu pour un dîner important. Seulement, un imprévu va bousculer ses plans. Un homme arrive pour avouer un crime vieux de plusieurs années...
- Lettre de nuit : Marie part rejoindre son amant Juan au Mexique. Ils se retrouvent amoureusement avant de se rendre en Turquie. Là, Marie accouche de leur premier enfant. Les jours passent, Juan gagne sa vie en tant que photographe jusqu'à ce qu'il devienne malgré lui le témoin d'une situation gênante. La fuite commence. ..
- Philippe, ouvrier et paysan : un matin qu'il se rend au travail à vélo, Philippe apprend que son usine est fermée exceptionnellement. Commence alors une journée faite de découvertes, de rencontres et de réflexion. Il sort de la routine ou il s'est emprisonné sans s'en rendre compte..
- Toute une vie : Gébé survit. Entre la relation toxique avec sa mère, les moments passés avec son meilleur ami Job, la rencontre avec l'amie de ce dernier, Lucile, Gébé s'agrippe à tout ce qu'il peut pour ne pas sombrer encore plus dans l'alcool, devenu obsession.
-Psaume 130 : Mathilde décide de tout quitter pour réaliser son rêve, embarquer sur un bateau et faire le tour du monde. Elle en achète un sur les conseils de son amant rencontré sur place, Pascal. Après une fête de départ avec ses amis et son compagnon, Mathilde embarque avec Pascal et Raoul, un ami de ce dernier. Cependant, elle va vite se rendre compte, à ses dépends, que ce n'est pas elle qui garde le contrôle...
Cet ouvrage de plus de 200 pages nous parle donc de la vie de plusieurs personnes, avec leurs rêves et leurs désillusions. L'auteur, Emmanuel Moses, jongle avec les mots en poésie. On aura droit à énormément de descriptions de paysages, à noter le clin d’œil au ciel qu'on retrouve dans chacune des nouvelles.
C'est un style littéraire qui ne m'attire pas spécialement, cependant maîtrisé par l'écrivain. Ce livre ravira les amoureux de poésie, sans aucun doute.
Je laisse ma place aux doux rêveurs !
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