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Citation de Charybde2


Quand un poète égaré en médecine cherche un second souffle dans la psychiatrie, il lui plaît de devenir un paria aux yeux de ses confrères sérieux – ceux qui enseignent la palpation du foie et la suture des vaisseaux, qui sauvent ou autopsient avec une égale dextérité, et pontifient plus ou moins savamment sur les mystères contre lesquels butte leur art. Psychiatre, donc foncièrement insoumis, il soignera désormais des malades et non des maladies, privilégiera l’écoute sur l’examen, et préfèrera le langage de l’âme à celui des organes : autant dire qu’à son insu il deviendra médecin, c’est-à-dire juge de paix, confident et accompagnateur infatigable des causes perdues. En outre, le futur psychiatre bretonnisant des années trente se piquera de freudisme mal digéré, confondra association libre et écriture automatique, et bricolera de ses gros doigts la délicate horlogerie de la pulsion créatrice. Voilà notre jeune marié à Paris, plus près du Dieu qui hante encore les couloirs de Sainte-Anne et vient d’éventrer le professeur Claude d’une griffe insolente. Ferdière atterrit d’abord à Villejuif. C’est là qu’il rencontre le verbe déstructuré, grandiose et hermétique des fous : la source même de toute poésie, l’endroit rêvé pour étancher enfin sa soif d’inouï et se lancer vraiment.
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