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Citation de Charybde2


Voilà Ferdière, jeune remarié mais seul dans la tourmente, plus que jamais rivé à son poste pendant que ses conscrits tapent le carton sur la ligne Maginot. Sa petite colonie commence à danser devant le buffet, on s’énerve ici plus vite qu’ailleurs et la pulsion picturale s’épuiserait à moins. Un confrère portugais, Egas-Moniz, vient de proposer une technique radicale pour calmer les excités. Simone joue peut-être les Homais, l’ancienne envie d’ouvrir des crânes fait le reste, en tout cas Ferdière, tout heureux de réaliser une première française, entreprend de lobotomiser un de ses malades. Il en rendra compte sans trop de tact à ses pairs, et s’attirera une réputation de sadique. On oubliera qu’au printemps quarante il organise un hôpital de fortune pour les blessés de l’exode, et que dès le début de la grande famine asilaire il trafique comme il peut pour éviter à ses patients la mort par dénutrition. On oubliera aussi qu’en quarante-neuf, Egas-Moniz recevra le prix Nobel pour son indéfendable trouvaille, entrée dans les mœurs alors que Ferdière n’a jamais récidivé. On oubliera enfin qu’en quarante et un, il a dénoncé le scandale des restrictions alimentaires dans les hôpitaux psychiatriques, et qu’il a été peu après condamné pour avoir fait du marché noir au profit de ses agonisants. Si rien n’est littéraire, rien n’est pour autant simple au pays où la vie vaut plus que la mort.
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