« Copier la nature, qu’est-ce que cela veut dire ? (…) Suivre les maîtres ! Mais pourquoi donc les suivre ? Ils ne sont des maîtres que par ce qu’ils n’ont suivi personne »
Il va reprendre à son compte, en les radicalisant, les recherches du jeune Emile Bernard qui pose les couleurs en à-plats, simplifie les formes, les cloisonne à l'intérieur de cernes sombres, à la manière de vitraux. En plus de cette synthèse du motif, Gauguin préconise de "vêtir l'idée d'une forme sensible" et confiant à l'imagination le soin de donner un sens symbolique à l'image, érige le tout en manifeste avec la vision du sermon.
Il est inutile de chercher dans ce tableau la véritable Teha'amana qui, bien qu'omniprésente dans l'œuvre du premier séjour de l'artiste à Tahiti, reste un personnage mi-réel mi fictif. Gauguin s'intéresse davantage à la musicalité de la toile qu'à la ressemblance photographique avec le modèle.
Il partage son inspiration entre deux types de sujets: les uns tirés de la vie quotidienne, où il observe les hommes et les femmes vaquant à leurs occupations dans un décor paradisiaque, et les autres, imprégnés d"une dimension religieuse et symbolique.
Sa méthode de travail est la même qu'en Bretagne: il accumule les dessins et les études d'après nature avant d'entreprendre de grandes compositions.
Je me suis reculé loin, au-delà des chevaux du Parthénon jusqu'au cheval de bois de mon enfance.
La femme maorie incarne à ses yeux un éternel féminin proche de l'Eve primitive.